Notre histoire, notre Chloé
Posté : 15 décembre 2015, 11:42
Chers parents,
j'ai découvert aujourd'hui ce forum lors de l'émission Les Maternelles. Je souhaitais partager avec vous mon histoire et peut-être trouver un peu de réconfort auprès de mamans (ou papas) ayant vécu le même drame que nous.
Le samedi 17 octobre 2015, enceinte de 8 mois, je me réveille tranquillement et je suis surprise de ne plus sentir ma fille bouger dans mon ventre. A ce stade, il est à priori "normal" de sentir moins bébé gigoter dans le ventre de maman. J'ai donc dans un premier temps essayé de me rassurer.
Je suis partie dès 9h à une braderie pour acheter quelques vêtements supplémentaires pour ma petite puce qui ne va pas tarder à arriver.
En rentrant à la maison, toujours rien. Bizarre. Je reçois soudain un sms d'un ami proche m’annonçant que sa femme, mon amie, est sur le point d'accoucher ! Génial ! Nous qui avons tant partagé pendant nos grossesses respectives ! Enfin, le premier de "nos bébés" va arriver ! Je suis très émue.
Les heures passent, je suis avec attention le déroulement de l'accouchement de mon amie. Et toujours aucun mouvement de bébé.
Je décide d'aller m'allonger un peu, pour me reposer ? non pas du tout... pour essayer de la sentir, car elle aime se manifester quand maman est bien installée dans son lit. Papa est parti faire des courses car nous recevons du monde ce soir à la maison. Je reçois alors le message tant attendu ! Gabriel est né, enfin ! Je pleure, pleure, pleure de joie mais aussi de douleur car je sais... je sais qu'elle est partie... je sais que les mouvements que je ressens dans mon ventre ne correspondent pas à des coups mais bien à un corps inanimé qui se déplace suite à mes massages insistants.
Comment ? Comment la nature peut décider de me retirer mon bébé le jour où mon amie donne la vie au sien ??? c'est IMPOSSIBLE, IMPENSABLE.
Je rentre donc dans un état bizarre. Je sais au fond de moi que c'est fini, mais je ne crois pas que cela puisse être possible, encore moins aujourd'hui.
Je décide donc de ne rien faire. Papa rentre à la maison, me voit pleurer, ne comprend pas trop ce qui se passe. Me rassure. Et est tellement content pour Gabriel !!
La nuit est tombée. Nos amis arrivent. Tout le monde voit que j'ai un problème, que je suis stressée. Tout le monde me rassure, de nouveau. La nature décide de me donner des contractions, non douloureuses, qui font bouger mon ventre ! Une fois de plus, mes amies et papa me rassurent encore ! "Je l'ai vu bouger ! Tu vois, ne t'inquiète pas !". Le papa de Gabriel arrive, il revient tout juste de la maternité. Nous célébrons la merveilleuse nouvelle ! Je me couche, stressée, mal, la main sur mon ventre.
A l'aube, je réveille papa. Nous devons aller à la maternité. Il faut que je sache (confirme), je n'en peux plus... Papa grogne ! "Tu stresses pour rien ! Il est trop tôt !" Nous partons. Une sage-femme nous accueille tout de suite et me pose un Doppler sur le ventre pour me rassurer. Elle cherche, elle cherche, elle cherche encore, elle ne trouve rien. Le silence complet. Papa commence à stresser, commence à s'énerver. Moi je sais. La sage-femme décide alors d'aller chercher une de ses collègues pour faire une écho. Elle ne dit rien mais son visage en dit long. La nouvelle sage-femme arrive, me fait passer un écho et tout d'un coup coupe le son. Elle ne dit rien non plus à part "je ne trouve pas". J'entends alors sa collègue donner comme instruction de ne faire rentrer personne dans la salle d'examen. La chef du service arrive, regarde l écho et confirme qu'il n'y a plus de battement cardiaque.
Je n'ai plus beaucoup de souvenir de tout ce qui a suivi ensuite... on nous a enfermé dans une salle d'accouchement le temps d'avoir mes résultats d'analyse de sang afin de déterminer si je suis en danger ou si je peux rentrer chez moi en attendant l'accouchement...
Je rentre à la maison, je suis comme anesthésiée. Je pense que je me suis mise toute seule dans une bulle de protection. Je n'ai plus jamais touché mon ventre...
Le soir même je perds les eaux, j'accouche le lendemain soir. Le Lundi 19 octobre 2015 à 22h33, notre petite Chloé est née, sans vie. Nous n'avons pas souhaité la voir. Certains vont trouver ça horrible, jme sens coupable mais je sais au fond de moi que pour m'en remettre un jour, pour éviter de crever de douleur il ne faut pas que je la vois. Il ne faut pas que je crée ce lien physique et visuel avec elle.
Me voilà donc à la maison, avec une chambre de bébé vide et en congé "maternité" sans bébé à materner... tout s'est passé si vite... j'ai le sentiment que cette année n'a jamais eu lieu, que je n'étais enceinte que dans mes rêves !
Il nous restait seulement 4 petites semaines d'attente... C'est terrible de se dire que notre fille était tout à fait prête pour affronter le monde extérieur. Je me dis souvent "et si la nature avait décidé de la faire venir un peu plus tôt elle serait là avec nous aujourd'hui...".
En effet, il s'agit d'un "accident". Il y avait beaucoup de sang du bébé dans mon sang. Elle a fait une hémorragie. On nous a dit qu'elle était partie en 10min donc rien à faire, rien à anticiper...J'en saurais plus, je l'espère, le 22 décembre 2015.
Personne ne peut imaginer la douleur et le vide qui est en nous... mais il faut se battre, la vie doit malgré tout continuer. Pour elle. Pour son papa. Pour toutes les personnes qui me sont chères. Et surtout pour le futur bébé qui sera en moi bientôt je l'espère...
Julie
j'ai découvert aujourd'hui ce forum lors de l'émission Les Maternelles. Je souhaitais partager avec vous mon histoire et peut-être trouver un peu de réconfort auprès de mamans (ou papas) ayant vécu le même drame que nous.
Le samedi 17 octobre 2015, enceinte de 8 mois, je me réveille tranquillement et je suis surprise de ne plus sentir ma fille bouger dans mon ventre. A ce stade, il est à priori "normal" de sentir moins bébé gigoter dans le ventre de maman. J'ai donc dans un premier temps essayé de me rassurer.
Je suis partie dès 9h à une braderie pour acheter quelques vêtements supplémentaires pour ma petite puce qui ne va pas tarder à arriver.
En rentrant à la maison, toujours rien. Bizarre. Je reçois soudain un sms d'un ami proche m’annonçant que sa femme, mon amie, est sur le point d'accoucher ! Génial ! Nous qui avons tant partagé pendant nos grossesses respectives ! Enfin, le premier de "nos bébés" va arriver ! Je suis très émue.
Les heures passent, je suis avec attention le déroulement de l'accouchement de mon amie. Et toujours aucun mouvement de bébé.
Je décide d'aller m'allonger un peu, pour me reposer ? non pas du tout... pour essayer de la sentir, car elle aime se manifester quand maman est bien installée dans son lit. Papa est parti faire des courses car nous recevons du monde ce soir à la maison. Je reçois alors le message tant attendu ! Gabriel est né, enfin ! Je pleure, pleure, pleure de joie mais aussi de douleur car je sais... je sais qu'elle est partie... je sais que les mouvements que je ressens dans mon ventre ne correspondent pas à des coups mais bien à un corps inanimé qui se déplace suite à mes massages insistants.
Comment ? Comment la nature peut décider de me retirer mon bébé le jour où mon amie donne la vie au sien ??? c'est IMPOSSIBLE, IMPENSABLE.
Je rentre donc dans un état bizarre. Je sais au fond de moi que c'est fini, mais je ne crois pas que cela puisse être possible, encore moins aujourd'hui.
Je décide donc de ne rien faire. Papa rentre à la maison, me voit pleurer, ne comprend pas trop ce qui se passe. Me rassure. Et est tellement content pour Gabriel !!
La nuit est tombée. Nos amis arrivent. Tout le monde voit que j'ai un problème, que je suis stressée. Tout le monde me rassure, de nouveau. La nature décide de me donner des contractions, non douloureuses, qui font bouger mon ventre ! Une fois de plus, mes amies et papa me rassurent encore ! "Je l'ai vu bouger ! Tu vois, ne t'inquiète pas !". Le papa de Gabriel arrive, il revient tout juste de la maternité. Nous célébrons la merveilleuse nouvelle ! Je me couche, stressée, mal, la main sur mon ventre.
A l'aube, je réveille papa. Nous devons aller à la maternité. Il faut que je sache (confirme), je n'en peux plus... Papa grogne ! "Tu stresses pour rien ! Il est trop tôt !" Nous partons. Une sage-femme nous accueille tout de suite et me pose un Doppler sur le ventre pour me rassurer. Elle cherche, elle cherche, elle cherche encore, elle ne trouve rien. Le silence complet. Papa commence à stresser, commence à s'énerver. Moi je sais. La sage-femme décide alors d'aller chercher une de ses collègues pour faire une écho. Elle ne dit rien mais son visage en dit long. La nouvelle sage-femme arrive, me fait passer un écho et tout d'un coup coupe le son. Elle ne dit rien non plus à part "je ne trouve pas". J'entends alors sa collègue donner comme instruction de ne faire rentrer personne dans la salle d'examen. La chef du service arrive, regarde l écho et confirme qu'il n'y a plus de battement cardiaque.
Je n'ai plus beaucoup de souvenir de tout ce qui a suivi ensuite... on nous a enfermé dans une salle d'accouchement le temps d'avoir mes résultats d'analyse de sang afin de déterminer si je suis en danger ou si je peux rentrer chez moi en attendant l'accouchement...
Je rentre à la maison, je suis comme anesthésiée. Je pense que je me suis mise toute seule dans une bulle de protection. Je n'ai plus jamais touché mon ventre...
Le soir même je perds les eaux, j'accouche le lendemain soir. Le Lundi 19 octobre 2015 à 22h33, notre petite Chloé est née, sans vie. Nous n'avons pas souhaité la voir. Certains vont trouver ça horrible, jme sens coupable mais je sais au fond de moi que pour m'en remettre un jour, pour éviter de crever de douleur il ne faut pas que je la vois. Il ne faut pas que je crée ce lien physique et visuel avec elle.
Me voilà donc à la maison, avec une chambre de bébé vide et en congé "maternité" sans bébé à materner... tout s'est passé si vite... j'ai le sentiment que cette année n'a jamais eu lieu, que je n'étais enceinte que dans mes rêves !
Il nous restait seulement 4 petites semaines d'attente... C'est terrible de se dire que notre fille était tout à fait prête pour affronter le monde extérieur. Je me dis souvent "et si la nature avait décidé de la faire venir un peu plus tôt elle serait là avec nous aujourd'hui...".
En effet, il s'agit d'un "accident". Il y avait beaucoup de sang du bébé dans mon sang. Elle a fait une hémorragie. On nous a dit qu'elle était partie en 10min donc rien à faire, rien à anticiper...J'en saurais plus, je l'espère, le 22 décembre 2015.
Personne ne peut imaginer la douleur et le vide qui est en nous... mais il faut se battre, la vie doit malgré tout continuer. Pour elle. Pour son papa. Pour toutes les personnes qui me sont chères. Et surtout pour le futur bébé qui sera en moi bientôt je l'espère...
Julie