Comment en sortir ?
Posté : 06 mars 2018, 09:26
Bonjour
Après 5 fausses-couches spontanées au premier trimestre, deux avant notre grande de 2 ans et demi et 3 après, nous venons de vivre la naissance de notre deuxième enfant, sans vie, au début du 4ème mois de grossesse, le 21 février.
Nous sommes encore en attente des résultats complets du caryotype pour connaître le sexe. Nous lui avons donné un prénom mixte.
Le bébé avait une trisomie 21 très sévère, et en attendant les résultats complets reste encore l'hypothèse du syndrôme de Bonneville -Ulhrich, soit un X manquant ou altéré. Le bébé s'est gorgé d'eau dans mon ventre, il avait de l'eau partout : dos, cou, abdomen, cerveau, et probablement le coeur.
L'IMG a juste avancé l'échéance de ce qui se serait transformé en fausse-couche tardive. Cela déculpabilise un peu, mais n'enlève pas la douleur.
Cette douleur, cette absence, ce vide dans mon ventre. J'ai 41 ans, et il est probable qu'après tous ces bébés morts dans mon ventre, tous ces deuils, il soit temps d'arrêter d'essayer de mettre au monde un deuxième enfant (en vie et en bonne santé).
Heureusement il y a la grande, nous sommes des parents, et notre fille nous comble de joie et de bonheur. Je mesure bien notre chance à ce niveau-là.
Par contre, ce bébé mort à 15 semaines, après 5 fausses-couches, je trouve ça révoltant, d'une telle injustice et d'une telle cruauté ! Pendant toute cette dernière grossesse, j'étais angoissée à l'idée d'une nouvelle fausse-couche à 6-8 semaines. Les semaines ont passé, tout se passait bien, le bébé grandissait, bougeait... et là, l'échographie à 12 semaines, la clarté nucale de 5 mm, qui s'est encore épaissie au moment de la biopsie du trophoblaste, a atteint 8 mm une semaine plus tard... Quelques jours après, j'avalais les fameux comprimés qui ont tué mon bébé.
C'est moi qui l'ai tué, alors que j'étais si heureuse de cette grossesse qui semblait tenir. Alors que j'aimais tant voir mon ventre s'arrondir, j'imaginais la naissance, le chamboulement, la réorganisation des places de chacun, j'angoissais un peu à l'idée des nuits sans sommeil, de l'organisation avec la reprise du travail, de l'impact financier...je commençais à m'acheter des vêtements de grossesse, les précédents ayant été prêtés et non récupérés. Je me projetais dans des chamailleries entre frère et soeur ou entre soeurs, je commençais à me renseigner sur l'accueil d'un deuxième enfant et comment accompagner le premier là-dedans.. Et là le coup de massue, confirmé 10 jours plus tard par le caryotype-flash sur les trisomies. J'ai vécu 3 semaines dans une espèce de brouillard. J'allais au travail mais ne faisais qu'y pleurer. Là je suis en arrêt mais dois reprendre dans quelques jours, je ne sais pas comment je vais faire...
Pour la prise de comprimés et l'accouchement, l''équipe médicale de l'hôpital a été super, très à l'écoute, bienveillante, c'était un vrai cocon. Hormis un quart d'heure très douloureux physiquement, je n'ai pas eu mal, l'accouchement s'est bien passé. Mon conjoint a pu rester avec moi tout le temps, il a été d'un soutien sans faille et a été mon chêne durant ces deux jours.
Le retour à la maison a été terrible. Les mains vides, le ventre vide.
Nous sommes tous les deux accompagnés. SI mon compagnon semble avoir repris goût à la vie, de mon côté je me sens si triste, si révoltée. J'ai l'impression que mon bébé s'éloigne de plus en plus, et je me sens de plus en plus vide. La nuit, je me réveille avec la main sur le ventre, mais le bébé n'est plus là. Je rêve que mon bébé moisit dans une cave, qu'il respire mais que personne ne vient s'occuper de lui (il est à la morgue actuellement et l'incinération ne se fera que dans 2 mois, avec d'autres bébés morts).
J'essaye de faire un peu de sport, je regarde des séries, j'essaye de lire. Il y a des moments où je suis absente dans la relation avec ma fille, j'ai du mal à me concentrer sur ses jeux. Comment vais-je réussir à me concentrer sur mon travail la semaine prochaine ?
Dans la plupart des articles sur l'IMG, on parle d'une nouvelle grossesse une fois le deuil passé. Mais à 41 ans, après 6 bébés morts, et un risque de trisomie 21 accru !! Je n'ai pas envie de lâcher mon bébé, même si je sais que c'est la seule manière d'avancer. J'ai peur. Je me sens seule et perdue, angoissée, je ne veux pas lâcher la rive, pas trop m'en éloigner, je me sens trop seule et trop perdue.
Hier ma soeur m'a balancé "c'est la vie". Je n'ai même pas réussi à lui répondre, j'avais envie de lui dire : "non, c'est la mort".
Mon entourage commence à s'attendre à ce que je me sente mieux, que je redresse la tête. Mais je n'en suis pas là, et je ne me sens pas comprise. Cela ajoute à mon sentiment de solitude et à une culpabilité de ne pas m'en remettre plus vite que ça.
Merci aux créateurs de ce site, qui m'aide énormément. Et aux personnes qui ont témoigné. Je pleure à chaque fois mais je me sens moins seule.
Après 5 fausses-couches spontanées au premier trimestre, deux avant notre grande de 2 ans et demi et 3 après, nous venons de vivre la naissance de notre deuxième enfant, sans vie, au début du 4ème mois de grossesse, le 21 février.
Nous sommes encore en attente des résultats complets du caryotype pour connaître le sexe. Nous lui avons donné un prénom mixte.
Le bébé avait une trisomie 21 très sévère, et en attendant les résultats complets reste encore l'hypothèse du syndrôme de Bonneville -Ulhrich, soit un X manquant ou altéré. Le bébé s'est gorgé d'eau dans mon ventre, il avait de l'eau partout : dos, cou, abdomen, cerveau, et probablement le coeur.
L'IMG a juste avancé l'échéance de ce qui se serait transformé en fausse-couche tardive. Cela déculpabilise un peu, mais n'enlève pas la douleur.
Cette douleur, cette absence, ce vide dans mon ventre. J'ai 41 ans, et il est probable qu'après tous ces bébés morts dans mon ventre, tous ces deuils, il soit temps d'arrêter d'essayer de mettre au monde un deuxième enfant (en vie et en bonne santé).
Heureusement il y a la grande, nous sommes des parents, et notre fille nous comble de joie et de bonheur. Je mesure bien notre chance à ce niveau-là.
Par contre, ce bébé mort à 15 semaines, après 5 fausses-couches, je trouve ça révoltant, d'une telle injustice et d'une telle cruauté ! Pendant toute cette dernière grossesse, j'étais angoissée à l'idée d'une nouvelle fausse-couche à 6-8 semaines. Les semaines ont passé, tout se passait bien, le bébé grandissait, bougeait... et là, l'échographie à 12 semaines, la clarté nucale de 5 mm, qui s'est encore épaissie au moment de la biopsie du trophoblaste, a atteint 8 mm une semaine plus tard... Quelques jours après, j'avalais les fameux comprimés qui ont tué mon bébé.
C'est moi qui l'ai tué, alors que j'étais si heureuse de cette grossesse qui semblait tenir. Alors que j'aimais tant voir mon ventre s'arrondir, j'imaginais la naissance, le chamboulement, la réorganisation des places de chacun, j'angoissais un peu à l'idée des nuits sans sommeil, de l'organisation avec la reprise du travail, de l'impact financier...je commençais à m'acheter des vêtements de grossesse, les précédents ayant été prêtés et non récupérés. Je me projetais dans des chamailleries entre frère et soeur ou entre soeurs, je commençais à me renseigner sur l'accueil d'un deuxième enfant et comment accompagner le premier là-dedans.. Et là le coup de massue, confirmé 10 jours plus tard par le caryotype-flash sur les trisomies. J'ai vécu 3 semaines dans une espèce de brouillard. J'allais au travail mais ne faisais qu'y pleurer. Là je suis en arrêt mais dois reprendre dans quelques jours, je ne sais pas comment je vais faire...
Pour la prise de comprimés et l'accouchement, l''équipe médicale de l'hôpital a été super, très à l'écoute, bienveillante, c'était un vrai cocon. Hormis un quart d'heure très douloureux physiquement, je n'ai pas eu mal, l'accouchement s'est bien passé. Mon conjoint a pu rester avec moi tout le temps, il a été d'un soutien sans faille et a été mon chêne durant ces deux jours.
Le retour à la maison a été terrible. Les mains vides, le ventre vide.
Nous sommes tous les deux accompagnés. SI mon compagnon semble avoir repris goût à la vie, de mon côté je me sens si triste, si révoltée. J'ai l'impression que mon bébé s'éloigne de plus en plus, et je me sens de plus en plus vide. La nuit, je me réveille avec la main sur le ventre, mais le bébé n'est plus là. Je rêve que mon bébé moisit dans une cave, qu'il respire mais que personne ne vient s'occuper de lui (il est à la morgue actuellement et l'incinération ne se fera que dans 2 mois, avec d'autres bébés morts).
J'essaye de faire un peu de sport, je regarde des séries, j'essaye de lire. Il y a des moments où je suis absente dans la relation avec ma fille, j'ai du mal à me concentrer sur ses jeux. Comment vais-je réussir à me concentrer sur mon travail la semaine prochaine ?
Dans la plupart des articles sur l'IMG, on parle d'une nouvelle grossesse une fois le deuil passé. Mais à 41 ans, après 6 bébés morts, et un risque de trisomie 21 accru !! Je n'ai pas envie de lâcher mon bébé, même si je sais que c'est la seule manière d'avancer. J'ai peur. Je me sens seule et perdue, angoissée, je ne veux pas lâcher la rive, pas trop m'en éloigner, je me sens trop seule et trop perdue.
Hier ma soeur m'a balancé "c'est la vie". Je n'ai même pas réussi à lui répondre, j'avais envie de lui dire : "non, c'est la mort".
Mon entourage commence à s'attendre à ce que je me sente mieux, que je redresse la tête. Mais je n'en suis pas là, et je ne me sens pas comprise. Cela ajoute à mon sentiment de solitude et à une culpabilité de ne pas m'en remettre plus vite que ça.
Merci aux créateurs de ce site, qui m'aide énormément. Et aux personnes qui ont témoigné. Je pleure à chaque fois mais je me sens moins seule.