1 ans après, Témoignage d'une guérison
Posté : 04 janvier 2018, 17:40
Bonjour à toutes,
J'ai eu une IMG à 20 SA le 15 janvier 2017. Les marqueurs sériques avaient permis de détecter un dosage anormalement faible d'une hormone. Puis l'écho morphologique de 18 SA a révélé une trisomie 18 que l'amniocentèse a permis de déclarer "libre", c'est à dire fruit du parfait hasard pour notre plus grand soulagement. Deux semaines après, j'ai mis au ciel un petit fœtus féminin plutôt joli, ce qui m'a surprise, moi qui avais passé trop de temps sur Google à regarder avec morbidité les déformations de la T18. On a décidé mon conjoint et moi-même de ne pas le déclarer mais, pour nous même, on lui a donné le nom qu'on avait choisi depuis bien longtemps pour la petite fille qu'on s'était imaginé: Suzanne. J'ai déjà témoigné de quelques uns de mes moments de deuil sur ce forum. Si je me reconnecte aujourd'hui après quelques mois c'est pour vous donner un genre de fin de l'histoire parce que j'espère que cela pourra aider celles qui traversent les même moments douloureux que j'ai traversé. Pour synthétiser, mon moral a fait les dents de scie pendant cette année. Encore parfois quand je me replonge dans le moment que j'ai vécu les émotions me submergent. Pas seulement des émotions négatives. Vivre ce drame m'a apporté beaucoup de force, m'a aidé à mieux me connaitre et a solidifié mon couple qui a été mon refuge juste après l'évènement. Chacune trouvera en elle ses propres ressources et sera soulagée de manière différente. Pour ma part, j'ai été aidé par l'EMDR (une thérapie psy), la parole encore et encore, sans aucune censure avec les gens qui m'aiment et qui ne me jugent pas, la marche, le retrait en moi-même parfois. J'ai ressenti comme la plupart d'entre vous, l'immense chagrin, la colère sourde, le désespoir aussi, la vulnérabilité face à la vie et l'avenir, beaucoup de peur, résultat de tout ce qui précède. Tout cela m'a cabossée mais plutôt que de m'empêcher d'avancer, avec le recul d'une année cela m'a donnée une certaine conscience de ma singularité, une force face aux autres. Je ne suis plus innocente face à la vie. Suzanne a été le déclencheur qui m'a appris que la chance et la malchance n'existent pas. Il n'y a que la vie, inattendue, belle et terrible, et la manière dont on lui fait face. Je reste modeste bien sûr, il y a bien d'autres drames qui arrivent, sans doute encore plus impitoyables, et je suis heureuse d'en être épargnée. Cela je l'ai aussi appris avec Suzanne. A présent je suis de nouveau enceinte et les résultats médicaux sont encourageants. Etrangement les trois premiers mois, j'ai été assez détendue parce que je n'ai pas du tout investi la grossesse comme la dernière fois. Je m'attendais à chaque instant à ce que la grossesse s'interrompe. La première écho et l'attente des marqueurs sériques ont par contre été des moments très éprouvants, sans doute pas améliorés par le fait que la gynécologue que j'ai (mal)choisie était peu attentive et peu empathique. Depuis peu je commence à vraiment vivre ma grossesse et à retrouver une certaine légèreté. Dans quelques semaines je vais avoir l'écho des 18 SA qu'on m'a proposée pour me rassurer tout à fait. Je sais que rien n'est acquis, tout peut arriver. La dernière fois je le savais aussi mais contrairement à aujourd'hui, je pensais que je ne saurais pas m'en remettre. Tout ce que je peux vous dire c'est de vous laisser aller à votre chagrin, de vivre pleinement votre deuil et de rester dans le mouvement pour continuer de vous construire avec cette fêlure qui vous rend plus précieuse encore. Faites vous confiance et remettez vous en à la vie. Elle a aussi de belles surprises. Avec vous. Julie
J'ai eu une IMG à 20 SA le 15 janvier 2017. Les marqueurs sériques avaient permis de détecter un dosage anormalement faible d'une hormone. Puis l'écho morphologique de 18 SA a révélé une trisomie 18 que l'amniocentèse a permis de déclarer "libre", c'est à dire fruit du parfait hasard pour notre plus grand soulagement. Deux semaines après, j'ai mis au ciel un petit fœtus féminin plutôt joli, ce qui m'a surprise, moi qui avais passé trop de temps sur Google à regarder avec morbidité les déformations de la T18. On a décidé mon conjoint et moi-même de ne pas le déclarer mais, pour nous même, on lui a donné le nom qu'on avait choisi depuis bien longtemps pour la petite fille qu'on s'était imaginé: Suzanne. J'ai déjà témoigné de quelques uns de mes moments de deuil sur ce forum. Si je me reconnecte aujourd'hui après quelques mois c'est pour vous donner un genre de fin de l'histoire parce que j'espère que cela pourra aider celles qui traversent les même moments douloureux que j'ai traversé. Pour synthétiser, mon moral a fait les dents de scie pendant cette année. Encore parfois quand je me replonge dans le moment que j'ai vécu les émotions me submergent. Pas seulement des émotions négatives. Vivre ce drame m'a apporté beaucoup de force, m'a aidé à mieux me connaitre et a solidifié mon couple qui a été mon refuge juste après l'évènement. Chacune trouvera en elle ses propres ressources et sera soulagée de manière différente. Pour ma part, j'ai été aidé par l'EMDR (une thérapie psy), la parole encore et encore, sans aucune censure avec les gens qui m'aiment et qui ne me jugent pas, la marche, le retrait en moi-même parfois. J'ai ressenti comme la plupart d'entre vous, l'immense chagrin, la colère sourde, le désespoir aussi, la vulnérabilité face à la vie et l'avenir, beaucoup de peur, résultat de tout ce qui précède. Tout cela m'a cabossée mais plutôt que de m'empêcher d'avancer, avec le recul d'une année cela m'a donnée une certaine conscience de ma singularité, une force face aux autres. Je ne suis plus innocente face à la vie. Suzanne a été le déclencheur qui m'a appris que la chance et la malchance n'existent pas. Il n'y a que la vie, inattendue, belle et terrible, et la manière dont on lui fait face. Je reste modeste bien sûr, il y a bien d'autres drames qui arrivent, sans doute encore plus impitoyables, et je suis heureuse d'en être épargnée. Cela je l'ai aussi appris avec Suzanne. A présent je suis de nouveau enceinte et les résultats médicaux sont encourageants. Etrangement les trois premiers mois, j'ai été assez détendue parce que je n'ai pas du tout investi la grossesse comme la dernière fois. Je m'attendais à chaque instant à ce que la grossesse s'interrompe. La première écho et l'attente des marqueurs sériques ont par contre été des moments très éprouvants, sans doute pas améliorés par le fait que la gynécologue que j'ai (mal)choisie était peu attentive et peu empathique. Depuis peu je commence à vraiment vivre ma grossesse et à retrouver une certaine légèreté. Dans quelques semaines je vais avoir l'écho des 18 SA qu'on m'a proposée pour me rassurer tout à fait. Je sais que rien n'est acquis, tout peut arriver. La dernière fois je le savais aussi mais contrairement à aujourd'hui, je pensais que je ne saurais pas m'en remettre. Tout ce que je peux vous dire c'est de vous laisser aller à votre chagrin, de vivre pleinement votre deuil et de rester dans le mouvement pour continuer de vous construire avec cette fêlure qui vous rend plus précieuse encore. Faites vous confiance et remettez vous en à la vie. Elle a aussi de belles surprises. Avec vous. Julie