Page 1 sur 1

La culpabilité, jusqu'à quand?

Posté : 18 décembre 2017, 15:07
par nounousy
Bonjour,
Cela fait à peine une semaine qu'on a été confronté à la perte de notre petit. Depuis qu'on a su les problemes trisomiques, on a cogité tellement moi et mon mari, qu'est ce qu'on doit faire? notre plus grand crainte c'était de délaisser notre ainé si on poursuivait la grossesse vu son jeune age (20mois actuellement). On s'est renseigné enormement sur la trisomie 21, au début on s'est dit qu'on y allait quand meme, on l'aime ce petit qui nous donnait des coups en pleine nuit ... Mais au bout de quelques visites et echanges au-près des specialistes en la matière, on s'est dit que ce serait vraiment sacrifié l'epanouissement de Joy notre ainé. On a pas dormi durant des jours et des jours en pensant. Et il y a de ca quelques jours j'ai eu de forte contraction, une menace de fausse couche du aux stress. Arrivé à l'hopital, le gyneco qui a déjà echangé avec nous concernant l'IMG nous a pris en charge. Vu la situation, il demandé dans quel sens on veut aller. Si on intervenait pour garder ou pour interrompre. Meme si on a déjà eu quelques semaines de rel=flexions, cela nous semblait quand meme trop précipité. On nous a laissé moi et mon conjoint seul un petit moment. Cela a été très sombre comme moment, on n'arrivait pas à se regarder ni prononcer un seul mot. Puis au bout d'une demi-heure de silence, j'ai pris la parole. "Tu sais que j'aime ce bébé. Tu sais que je t'aime. Tu sais que j'aime Joy. Je serai capable de tout pour toi et pour eux. Mais apres tout ce qu'on a pu voir, les choses que les doc nous ont dit au sujet des suivis et tout le reste, si on decide d'interrompre maintenant, cela ne veut pas dire qu'on l'aime pas..."
Il m'a regardé d'un regard que je n'oublirai jamais, un regard qui me culpabilisait et qui me culpabilisera à jamais. Il a repondu d'un ton tres martirisé et il était au bout des larmes "Je sais tout ca. Mais s'il te plait arretons de nous convaincre que c'est pour le bien de Joy qu'on va le faire. On le fait parce qu'on le décide" Je ne savais plus quoi repondre et je pensais la meme chose enfaite. J'ai pleuré et il d'un coup sec, il a demandé "Je previens le doc alors"
Sincerement, je sens qu'il m'en veut d'avoir penser en premier à ca. Et moi aussi je ne me pardonnerai jamais.
Quand j'était au bloc ca a été le summum du summum, ils ont commencé à faire des tas d'injections. Quand j'ai accouché, normalement, j'aurai du etre inconsciente mais cela n'a pas été efficace. Bien fait pour moi qui voulais me souvenir le moins possible du moment. J'ai tout vu du debut à la fin. Ca été horrible et jusqu'à aujourd'hui, dès que je ferme les yeux, je revois tout ca. Je suis super en colère contre moi-meme et je regrette...
Moi et mon mari, on se regarde plus depuis. Quand je vois Joy, j'ai tout le temps envie de pleurer. Je ne veux pas me reposer ou prendre les congés car je ne me sens pas digne... Je ne sais plus quoi penser de moi et j'ai reelement peur pour ma vie de famille

Re: La culpabilité, jusqu'à quand?

Posté : 18 décembre 2017, 16:40
par zorra84
Bonjour nounousy.
Je suis dsl de t accueillir parmi nous .
Nous aussi on a du prendre la lourde décision de dire au-revoir à notre bb , parcequ elle était atteinte de la trisomie 21.
On a pris cette décision pour elle en priorité ,pour ne pas lui infliger une vie de souffrance ,mais aussi pour nous et comme toi pour ne pas imposer ce bb différent à nos autres enfants.
Tu ne dois pas culpabiliser , ç est le seul moment où l on peu choisir pour les nôtres la vie ou la mort ....
Tu as fait ce choix selon tes convictions , Joy est tout petit , il a besoin de vous ,et vous l auriez forcément délaissé pour ce bb qui vous aurez pris tout votre temps.
Ç est la décision la plus difficile à prendre,il faut un courage énorme , une force exponentielle et un amour inconditionnel ...
Tu aimeras ton bb de l intérieur toute ta vie ,j espère que ta culpabilité fera place à beaucoup d amour et que vous allez vous retrouver avec ton amoureux ❤️

Il faut vous parler,vous avez besoin l un de l autre pour affronter toute cette peine .

On est là si tu as besoin de te lâcher.

Re: La culpabilité, jusqu'à quand?

Posté : 18 décembre 2017, 17:10
par Natange
Bonjour nounousy,

je suis triste de te lire et de t'accueillir sur le forum.
Nous avons pris la même décision que toi, mon conjoint et moi. Notre bébé était aussi porteur de trisomie 21. Nous avons pris cette décision pour épargner une vie de souffrance à notre bébé. La société actuelle n'est pas prête à accueillir dignement les personnes différentes. Il n'y a pas beaucoup de structures adaptées pour eux. Pour les faire évoluer, il faut leur imposer une prise en charge par divers spécialistes qui laisse peu de place à leur épanouissement personnel. Nous avons également pris cette décision pour nous. Je ne sais pas comment nous aurions pu supporter le fait de ne pas savoir ce que notre fils deviendrait lorsque nous ne serions plus là pour nous occuper de lui. Nous avons finalement pris cette décision pour notre aîné car, même si ça pouvait être enrichissant pour lui de vivre avec un petit frère différent, nous lui aurions imposé des responsabilités qu'il n'a pas à avoir dans le futur.

Alors oui, je l'aimais de tout mon coeur ce bébé et je continue à l'aimer. Oui, j'aurais tout fait pour qu'il grandisse le mieux possible, entouré de tout l'amour nécessaire. Mais je suis profondément convaincue que c'est un réel geste d'amour pour lui que nous avons eu en décidant d'interrompre la grossesse.

J'espère que tu pourras retrouver le dialogue avec ton mari car cette épreuve doit être encore plus difficile à vivre lorsqu'on n'est pas soutenu par son conjoint. Courage!

Re: La culpabilité, jusqu'à quand?

Posté : 22 décembre 2017, 01:44
par Petitprince
Bonsoir nounosy,
Ton message me touche, toute cette culpabilité que tu portes seule en plus de la peine d'avoir perdu ton bébé, et plus de communication avec ton conjoint ça doit être très dur.

Pour nous alléger de ce poids la psychologue nous a dit : vous êtes tous les deux à décider mais il y a aussi les médecins et leur accord, vous n'êtes pas seuls à porter cette décision.
Ça m'a soulagé un peu même si c'est encore très dur.
En tout cas je suis certaine d'une chose, ça fait tellement mal de prendre cette décision, c'est un tel déchirement en tant que parent qu'on ne peut pas considérer l'img comme un acte égoïste ou de fuite. Pour moi c'est au contraire un acte d'amour envers notre enfant, souffrir pour toujours pour éviter que lui ne souffre.

Pour la communication entre vous, je vous conseille le suivi psychologique à deux, c'est ce que nous faisons avec mon conjoint ça nous aide beaucoup.

Ne portes pas tout ça toute seule !
Prends soin de toi !

Liz