Forum de l'association Petite Émilie

C'est exactement ça.

Quand je repense au bonheur que j'ai ressenti avec cette grossesse, qui était attendue et espérée. Toutes mes pensées, pendant ces quelques mois, étaient tournées vers l'intérieur, vers ce petit qui grandissait en moi. Je n'aurais pas cru cela possible, de ressentir ça. Surtout compte tenu de la peur que j'avais pu ressentir durant toutes ces années, cette peur d'être maman.

J'avais l'impression que la lumière venait de l'intérieur, et non plus de la vie autour de moi.

Je comprends aujourd'hui combien le présent est précieux. J'ai l'impression d'ecrire des banalités, mais je ressent vraiment et pour la première fois le sentiment qu'il faut profiter de tous ce qu'on a, au moment où on l'a. Cesser de mettre tous ces attentes dans l'avenir quand le présent est beau et plein d'amour. Remettre le bonheur à demain "quand ça sera les vacances" quand on aura notre nouvelle maison" quand on aura le temps" quand tu seras là "". Et même si des épreuves sont d'actualité, sentir le soleil, la douceur du soir, la chaleur d'être aimée, la joie d'une réunion pleine de rire entre amis. Être vivante.

Et même la peine. A quoi bon la tenir à distance quand elle monte? Tu me manques mon petit et je ne veux pas faire semblant quand je pense à toi. Je veux tout vivre, la joie ou la peine.

La peine et la tristesse qu'on a pour nos anges partis sont bien légitimes. Il est bon, je pense de les laisser sortir. Pour moi, ce ne sont pas des émotions négatives et il me semble important de leur accorder une place dans notre vie tant qu'on en éprouve le besoin. Il m'arrive de pleurer en pensant à mon ange et d'avoir le sourire en même temps. Ca fait un arc-en-ciel dans mon coeur.

Bonjour Natange,

Quant à pleurer en même temps que sourir, je n'en suis pas là. Depuis mon dernier message, beaucoup de petits moments de larmes. Brèves, imprévisibles, improbable. Une chanson à la radio, une pensée, et les larmes montent. J'ai aussi discuté brièvement par texto avec une amie de notre vécu, elle n'était pas au courant de ma grossesse mais elle faisait partie des rares à savoir que nous étions en essai depuis très longtemps. Et grosses larmes en même temps.

Au final, j'étais contente d'avoir ouvert une autre porte à un proche sur notre peine, et puis je ne supporte pas l'idée que mon petit soit passé sous silence. Tant pis si ça me fait pleurer.

Alors oui, il y a de l'apaisement. Mais l'émotion n'est finalement jamais loin. Je me demande parfois où est passée ma force d'autrefois. Et à d'autres occasions je trouve que c'est bien de restée connectée avec ma peine plutôt que de retrouver une apparence de force qui ne serait pas vrai.

Anne-Sybille,
Es tu toujours avec nous? Comment vas tu?

Ca fait en effet du bien de pouvoir parler de nos enfants. J'ai pu discuter avec des collègues sans aucun tabou. Elles ont posé toutes les questions qu'elles voulaient. Elles ont même souhaité voir des photos. Tout ça dans le respect évidemment. J'aime parler de Michelangelo librement. Ca fait du bien en effet de ne pas devoir toujours les passer sous silence.

Il y a eu un moment où je me suis repliée sur moi et sur ma peine. Aujourd'hui j'ai toujours de la fragilité et des moments de tristesse mais j'ai aussi envie d'ouvrir cette porte sur des gens de confiance. Je ne veux plus garder ça au fond de moi.

C'est super Natange d'avoir rencontrer des personnes avec qui parler dans le respect. Compte tenu de mon terme précoce, j'ai vraiment peur des réactions des gens.

Ce sont des émotions fortes et pas faciles à gérer que nous vivons. Depuis le début de mon "histoire", j'ai expliqué les choses telles qu'elles étaient à ma famille et aux collègues. Je l'ai généralement fait par écrit (mails, sms, etc) à chaque étape. J'avais beaucoup plus facile de leur écrire que de leur parler. je pense que pour eux aussi c'était plus facile à gérer. Certaines personnes sont mal à l'aise face à nous. Dans ces personnes qui sont au courant de tout, j'en ai beaucoup avec qui je sais que je vais pouvoir parler car il n'y aura pas de jugement et elles ont bien compris que je n'ai rien envie de leur cacher, bien au contraire.

C'est beau d'avoir été capable d'exprimer au fil des événements ce que tu éprouvais et vivais. C'est fort d'avoir la capacité de passer outre le trop plein d'émotions, ce tourbillon incompréhensible et pour moi, indicible. Je me suis enfermée, probablement par défense. Je vais devoir faire machine arrière et réussir à communiquer sur cet événement.

Dans la nuit de demain, cela fera un mois, puisque tu es venu au monde avant minuit et demi le 23, mon tout petit.

Une goûte infime de temps dans l'océan d'une vie.

Une éternité quand on aime.

Aujourd'hui c'est dur. Aujourd'hui je pense à toi bien fort. Aujourd'hui je devrais être au coeur de mon 4 ème mois, ça devrait commencer à se voir, les gens devraient me sourir et me demander si je connais le sexe. J'ai l'impression que ma vie a pris le mauvais aiguillage, quand je pense à ce qu'elle devrait être.

Je pense que cette semaine ne va pas être extraordinaire pour ta maman, mais il va falloir s'habituer à ton absence et vivre tous ces moments les uns après les autres. Petit bonhomme qui a fait chavirer mon coeur, je ne pense qu'à toi et à ce que serait ma vie si elle n'était pas ce qu'elle est, c'est à dire bien cruelle parfois.

Il fallait que ça soit ce soir que je me prenne une remarque bien blessante. Mon mari avait un ami au téléphone, l'a mis en haut parleur. Je sais qu'ils en parlait mais n'avais pas trop suivi le début de la conversation. Et à un moment "la nature est bien faite".

Je sais que ça ne partait probablement pas d'un mauvais sentiment, peut être que mon mari n'avait pas été clair sur le fait que c'était une IMG et non une fausse couche.

Mais merci la crise de larme.

Si la nature était bien faite il n'y aurait pas autant de maman sur ce forum. Il n'y aurait pas tout ces choix si déchirants, toute cette peine et ce deuil qui creuse le ventre et déchire le coeur.