première grossesse et IMG

[Anne2017]

Mariem,

Je sais que l'envie (le besoin?) de tomber enceinte peut bloquer les choses.
Mais quand j'ai arrêté la pilule à 29 ans, ce n'était pas du tout une obsession. Pourtant ça n'a pas marché.

Des examens en PMA un an et demi plus tard ont montré que rien ne clochait vraiment, même si certaines valeurs était dans la moyenne basse. Mais pourtant j'ai mis 2 ans et demi à avoir mon petit garçon. Aujourd'hui ça fait 3 ans. Effectivement aujourd'hui cela m'obsede plus qu'au début. On m'avait dit qu'une durée moyenne pour concevoir était d'une année. Je m'étais dis, si des femmes tombent enceinte du premier coup, alors pour faire une moyenne il y a bien des femmes qui doivent mettre deux ans... J'en suis à trois. Difficile de se dire qu'il n'y a rien d'anormal là dedans, difficile d'y croire encore quand en plus de cette attente, j'ai du laissé s'en aller mon unique petit, ce bébé de la chance (comme je l'appelais) puisque nous devions attaquer les inséminations quelques mois après sa conception. Finalement ce n'était pas lui qui mettrait fin à notre attente, et il ne nous épargnera peut être pas non plus le recours à la PMA.

Je voudrais y croire encore. Mais c'est plus facile de se dire que ça ne marchera pas. C'est intimement ce que je ressent. La seule fois où j'y ai vraiment cru, j'ai été terriblement déçue quand mon cycle s'est finalement achevé normalement. Alors effectivement, je vis les moments les uns après les autres. Je ne suis pas vraiment dans l'attente, je suis juste dans le présent. Il y a encore le souvenir tenace de ce petit garçon qui m'habitue. Peut être est ce cela qui coince ?

Je crois qu'il n'y a juste pas de raison. Mon petit était malade et personne n'a su me dire pourquoi. En PMA ils nous ont dis qu'une fois sur 10 ils n'arrivaient pas à identifier le problème du couple précisément. Je crois que je tombe à chaque fois dans ce creux. Pas vraiment de raison que ça arrive mais... Ça arrive.

Cela dis je ne me plains pas, aujourd'hui après cette perte je vis beaucoup plus dans le présent que jadis. Cela aide à supporter cette situation. Je ne sais pas comment j'aurais pu faire si j'étais toujours la même qu'avant, toujours dans la projection et la colère. Aujourd'hui je suis très détachée de tout, à part peut être de tour ce qui a trait à la maternité. Je ne me fait plus d'obligations pour tout. Cela a des inconvénients, l'avenir me semble si lointain et je ne fais que des projets à très court terme. Mais c'est plutôt confortable en fait.

Bref désolée pour le pavé. Mais ça fait du bien de parler.

[PoissonAnge]

Bonjour les filles,
Une fois de plus, je me retrouve dans vos textes, ma DPA est le 26/07, moi non plus, à la base, je ne fais pas trop attention aux dates, puis on ne dort pas très bien, on est irritable, on a envie de rien et là bien sûr, ça fait tilt...
Bref, tout cela coincide avec ma reprise du boulot qui a lieu lundi, bref beaucoup d'étapes en peu de temps...
Je me sens dépassée tout d'un coup!
Nous commençons à reparler d'une prochaine grossesse, j'ai même recommencé à reprendre l'acide folique, mais j'ai tellement peur que ça prenne du temps...
Je m'accroche à l'idée que c'était un accident et que cela ne peut pas arriver deux fois... ça se voit que je n'y crois qu'à moitié??!!!
Bref, on envisage cela après nos vacances en octobre, cela nous donne un objectif pour être plus serein d'ici là...
Je vous envoie plein d'ondes positives et j'ai déjà hâte d'être au weekend prochain!!!

[Anne2017]

Bon courage pour ta reprise lundi, c'est une étape importante....

[Mariem]

Bonjour Anne, je comprends que tu as déjà bien fait le cheminement du lâcher prise, si c'est le bon mot, merci d'avoir exprimé ton ressenti sur ce point qui est plein de sens.
Je t'avoue ne pas savoir comment je vais réagir dans les semaines à venir.
Je suis allée hier pour les résultats, ils ont confirmé l'étendue des atteintes au cerveau et au coeur ainsi que ... L'accident.
Et comme le dit PoissonAnge, comment digérer cette idée d'accident, comment gagner une sérénité un peu proche de la première grossesse ou tout cela n'existait pas, se dire que ça n'arriverait pas deux fois.
Ce forum réunit des visions de la vie tellement proches face à ces événements je me reconnais beaucoup dans vos confidences et ça me rassure, de ne pas être seule, de ne pas être folle parfois quand des crises me prennent, où des souvenirs trop forts se transforment même en douleur mémoire de mon accouchement, mon conjoint est dépassé, ne comprend pas bien mais souffre de me voir comme cela. En plus il cherche un emploi avec difficulté et n'est pas prêt pour être disponible auprès de moi pour une nouvelle grossesse. enfin, je me repose, et me laisse le temps que ces jours ci programmes en moi comme devant être les plus beaux de ma vie avec l'arrivée de mon bébé passent... je suis épuisée mais apaisée de traverser cela accompagnée de vos confidences, courage les filles nous allons trouver de meilleurs jours

[Clémence]

Bonjour,

Je vous écris aujourd'hui car mercredi nous allons avoir les obsèques de notre petite Anna, le 26 Juillet le jour même de la St Anna, et le lendemain cela fera 1 mois qu'elle nous a quitté.

Je suis très en colère car ma fille étant partie à bordeaux pour une autopsie, l'hôpital nous avait dit qu'il nous appèlerai dès son retour pour que l'on puisse procéder aux obsèques.
Hier Matin n'ayant pas de nouvelles, j'ai appelé pour savoir si l'hôpital avait des infos et la on m'annonce qu'Anna est revenue depuis le 13 Juillet et que personne ne nous a prévenue ... !
Incompréhension de la chambre mortuaire qui me dit qu'elle ne comprend pas pourquoi personne ne nous a appelé, normalement ce sont les sages femmes qui doivent le faire ...

Je trouve cela inadmissible, inhumain et cela me rend coupable, je me dis que ma petite fille est restée seule 1 semaine. Je me sens responsable, alors que pourtant ce n'est pas ma faute.

De plus ça y est, les obsèques vont pouvoir avoir lieu, j'ai très peur, je redoute ce moment qui va être un déchirement, j'ai peur de voir la peine de ma famille, je n'ai jamais vraiment assisté à des obsèques, une crémation.

En ce moment beaucoup de gens me demandent si j'ai repris le travail alors que je suis en congés maternité, j'ai l'impression que les gens ne comprennent pas que nous sommes des mamans comme les autres, que nous avons portés nos bébés, que non seulement nous devons nous remettre physiquement mais aussi mentalement.
Comme si le fait de ne pas avoir de bébé avec nous nous enlevais tous nos droits ...

[Anne2017]

Bonjour Clémence,

Le moment des obsèques est un moment particulier, il replonge dans la peine, l'aspect physique de ce deuil, la disparition du petit corps que nous avons créé....

Cela va être un moment de peine, pour toi, pour la famille. Mais c'est important de le vivre, ce moment, cela fait partie des étapes importantes du chemin....

Je comprends ce que tu dis au sujet des proches, et du congé maternité. Personnellement je n'ai pas eu droit à un tel congé (avant 22 semaines ce n'est pas un droit) mais j'ai été arrêtée 1 mois et demi après mon accouchement (et 10 jours avant l'IMG). Je me souviens d'avoir ressenti clairement que mon chef était convaincu que j'avais vraiment abusé, en ayant cette durée d'arrêt. Dans ses réflexions et ses remarques, je l'ai bien senti, quand je lui ai demandé de reprendre en douceur sur les aspects relationnels de mes fonctions (quand je lui ai dis que je voulais bien prendre toute la paperasse et les tâches ingrates mais que j'avais besoin de temps pour le contact client parfois difficile). J'ai du lui dire qu'on m'avait proposé 3 semaines de plus et que c'était moi qui avait voulu reprendre.

Pour les gens qui ne l'ont pas vécu, ils ne comprennent pas la peine et le traumatisme que c'est. C'est ainsi, c'est un deuil singulier et un peu tabou.

Courage à toi dans ces moments.

[Mariem]

Bonjour Clémence,
Je suis de tout cœur avec toi, et je comprends tellement, lorsque mon petit loup etait dans la chambre mortuaire je me sentais mal de l'y savoir, le laisser dans un endroit comme celui ci, et pour me rassurer je me disais qu'il avait été conscient lui dans mon ventre au chaud où il s'y etait endormi. Je n'ai pas eu à attendre si longtemps, j'étais d'ailleurs tres contrariée par l'idée de l'autopsie. Je n'ose pas imaginer ta colère de cette attente supplémentaire que tu as dû subir sans raison. nous avons aussi fait des obsèques, avec un petit moment de cérémonie improvise dans un cimetière paysager proche de chez mes parents, je me sens plus sereine de le savoir là-bas.
J'ai osé dire à ma famille (tantes, grand parents etc) que je ne me sentais pas d'obsèques tels qu'on les connaît, seuls mes parents et ma sœur étaient présents, avec mon conjoint et sa sœur. cest ton ressenti qui compte à ce moment là et uniquement ce que tu te sens de vivre ou non au mieux. Jai improvisé avec ma mère un petit chant et j'ai écrit à mon bébé une lettre que je lui ai lu au cimetière. J'avais donné l'adresse du cimetière pour les proches qui souhaitaient envoyer des fleurs. j'étais terrorisée avant d'y aller et tellement épuisée, à bout, j'avais accouché le même jour une semaine avant. Enfin, comme dit Anne, c'est une étape en plus parmi celles que l'on doit vivre pour avancer petit à petit.
Pour le conge maternité, j'ai vécu la même chose, le statut de congé maternité a ete essentiel ces 2 derniers mois pour être un minimum reconnue comme une maman et comme convalescente, jai de la chance d'avoir un entourage à l'écoute meme si j'ai aussi régulièrement des gens qui me questionnent sur mon retour au travail. C'est vraiment dur Anne de ne pas avoir cette reconnaissance et cest bien normal que tu aies pu souffler un peu. Apres qui sait combien de temps est nécessaire, mon retour est programmé pour le 17 aout alors que je rechute ces jours ci, cette période inconsciemment me tourmente tellement, je reçois des emails commerciaux en disant bienvenue à bebe, le jour est arrivé etc! je les ignore mais nous sommes tellement dans un monde parallèle.

[Anne2017]

Quel beau témoignage Mariem...pour les obsèques de mon bébé, nous avons décider de laisser faire l'hôpital, mais j'ai trouvé beaucoup de réconfort à peindre un tableau représentant un ange dormant sur un nuage, et à l'installer sur ma cheminée,comme un hommage.

Au moment de l'incinération, j'avais demandé à certains proches une pensée pour mon fils, qui quittait ce monde ce jour là.

[Anne2017]

Bon, la date prévue d'accouchement approche. C'est curieux en même temps je suis très en colère de vivre ça, de ne pas être une énorme femme enceinte râlant de la chaleur, et aussi très en colère de ne pas être à nouveau enceinte (déjà 5 mois et demi mon petit chat que tu as quitté mon ventre...). Et en même temps, j'ai du mal à ne pas y voir la fin, la fin réelle de ma grossesse.

Quand je me retourne sur ce temps qui s'est écoulé depuis mon accouchement, je vois que la vie à fait son oeuvre sur moi,je pleure encore beaucoup quand j'y pense, je suis plus sensible, mais j'avance et je reconstruit, non pas la personne que j'étais, mais mon esprit, mon psychisme.

J'ai l'impression de voir dans les familles autour de moi une forme d'agression. Et en même temps, je regarde les enfants des autres, et je joue avec eux, m'occupe d'eux... Ça m'attriste et me nourri en même temps... Trop d'amour à donner...Le premier bénéficiaire de tout cet amour est mon chat. Un peu triste tout cela...

Toujours pas de résultat d'autopsie. Pour que la DPA soit vraiment une page qui se tourne, je voulais aller ce jour là à l'état civil. Mais j'aurais aimé aussi avoir les résultats d'autopsie, que cela soit vraiment la fin. Pas la fin de ma tendresse pour ce premier petit, celle ci sera éternelle. Mais la fin de cette attente que je ressent, la fin d'une période liée à sa disparition.

[Anne2017]

Les résultats d'autopsie ne sont toujours pas là. Apparemment le cerveau, cela est toujours très long. Je n'aurais donc pas ces résultats à ma DPA.

Mon petit garçon, je suis si triste de ne pas t'avoir connu, je suis si triste que tu n'ais pas eu de chance à ce point, malade si tôt dans ta courte vie. Et je suis si triste de songer que cela durera toujours, qu'à jamais mon premier petit aura disparu avant de respirer.

J'espère que tu es en paix et que tu sais à quelle point je pense à toi. Nous espérions le meilleur pour toi, j'espère que, compte tenu de ta maladie, c'est ce que tu as aujourd'hui et que tu es bien.