Forum de l'association Petite Émilie

Se reconstruire sans grossesse d'après ??????

Voilà un sujet qui me touche particulièrement et je vois que je ne suis pas la seule. Petit retour sur mon histoire : mon fils est né comme un bonheur en 2005. Derrière, une fausse couche. Et ensuite Daria, qu'on a été obligé de me retirer à cause d'une rupture spontanée de l'utérus. C'était ou elle ou toutes les deux... Je suis passée à deux doigts de la mort. Bref, dans mon cas les médecins sont incapables d'évaluer les risques d'une nouvelle grossesse pour mon utérus pourri. La conclusion : pas de nouvelle grossesse car trop dangereux.

Nous avons donc dans les faits un fils unique. A mon grand désespoir. J'aurai tellement voulu une famille "nombreuse". Effectivement, c'est viscéral, ça fait mal à l'intérieur, tellement... Mais les risques sont trop grands et je veux voir grandir mon fils car j'ai la chance immense de pouvoir le faire. Je serai bien incapable de revivre une IMG. Maintenant, c'est ma propre santé que je risque, donc ce n'est quand même pas la même chose mais après tout chaque histoire est différente...

Avoir un autre enfant sera un manque qui me restera toujours. J'aurai beau faire, câliner tous les bébés que je croise... Il me manquera toujours ma tripotée d'enfants. J'ai du faire le deuil de Daria, et celui de mes enfants à suivre..

Pour ton cas propre, je crois que personne ne peut décider pour toi, pour vous... Courage en tous cas.

Bonjour,

Val, comme dit ma psy, là on fait de la dentelle ou de la haute-couture ! comme quoi les cheminements intérieurs sont vraiment uniques !
Je suis passée par "je n'ai plus le choix, recommencer n'est pas possible et je n'ai plus la force". D'être face à ce mur m'a amenée à m'ouvrir à d'autres choses et à mon désir de vivre, et à un moment j'en suis arrivée à "maintenant je n'ai plus ni l'envie ni la possibilité ni le désir d'enfant". Et maintenant je suis dans autre chose, comme pour toi une non-envie et une impossibilité, et je réalise que ce désir d'enfant est encore là.
Reconnaître que je ne suis pas obligée d'être courageuse, de réessayer a aussi été un grand pas. Que réessayer revenait à me faire du mal, à ne pas me respecter.

Carolanne, le manque sera toujours là, mais pas forcément toujours de la même manière. En tout cas je l'espère, et je vois combien cela a déjà changé, évolué. Comme toi c’est ma propre santé que je risque et j'ai choisi la vie pour moi. et si aujourd’hui je le vois comme légitime, cela n'a pas été toujours si évident.

Bises

Lili

Bonjour,

LiLi: D'être face à ce mur m'a amenée à m'ouvrir à d'autres choses et à mon désir de vivre: exactement pareil pour moi. Et c'est peu de le dire ...... quel désir de vivre dans ces conditions là ........

de réessayer a aussi été un grand pas: pour moi aussi, ça m'a ouvert les yeux sur ce désir d'enfant à ce moment là ....... je le juge aujourd'hui malsain. Malsain dans le sens qu'il était vraiment présent (c'est peu de le dire) mais les raisons étaient mauvaises, très mauvaises pour moi et surtout pour cet enfant.

Aujourd'hui, c'est peut-être bizarre ce que je vais dire mais oui je désire toujours un enfant et je suis convaincue que je saurai l'aimer et même je suis convaincue que je saurai mieux l'aimer que je n'aurais pu l'aimer si j'étais tombée enceinte juste après la naissance de mes enfants. Je le voudrais juste pour lui. Mais pour autant, je n'ai plus cette envie aujourd'hui.

Carolanne: je me reconstruis juste sur un modèle qui n'était pas celui dont j'avais rêvé. De là à dire que j'en suis ravie NON. S'il m'était donné de changer un ou deux trucs je le ferai! Il y a des paramètres dans la vie que l'on ne maitrise pas.....


Bises à vous

Valérie

Salut les filles,
Petit moral. Je crois avoir peur de m'avouer que je n'ai plus vraiment envie. Ces deux drames dans nos vies auront fait bien des dégâts, entre les pertes des bébés et les conséquences sur le reste. Mon fils, bientôt 7 ans, m'a écrit un magnifique poème en ce jour de fête des mères alors j'ai de la chance. Maison jours-ci je pense fort a mes 2 petits.
La colère revient, alors que je pensais en avoir fini avec ce sentiment.
Désolée pour cette déprime passagère, ça ira mieux demain ! Je. Sais aussi que ces drames m'ont apporté de la force ...
Bises à vous toutes les mamans.

Gaëlle, ce n'est pas facile de s'avouer que l'on n'a pas vraiment envie. Cela implique un renoncement à une image de soi qu'on s'était construite, un renoncement à la famille rêvée.
Peux-tu essayer de voir les choses en termes de : j'ai envie de... en balayant tous les domaines de ta vie.
La colère... compagne au long cours, mais toujours indicatrice des souffrances et des conflits intérieurs si on en s'arrête pas juste à elle et que l'on regarde derrière elle.
Courage à toi Gaëlle, et de gros câlins pour ce petit moral.

Val : comme toi je sais que je pourras aimer un enfant s'il arrivait du jour au lendemain chez nous, et que j'ai assez déblayé pour lui faire sa place. Mais ce ne sera pas.
Des choses à changer : plein... mais ce n'est pas en notre pouvoir.

Gros bisous en ce jour particulier.

Lili

Merci lili
En fait j'ai peur :
De m'avouer que je n'ai plus envie
De regretter de ne pas refaire un bébé
J'oscille encore. Mais je me rends compte qu'aujourd'hui je ne peux pas. Et je crains ne plus pouvoir, jamais, que c'est au dessus de mes forces. Malgré le fait que je désire un enfant.
Dur à accepter !

Bisous

Gaëlle, je fais souvent des listes pour clarifier. Cela me permet de regarder mes envies, mes peurs, repérer ce qui est cohérent, ce qui est contraire et inconciliable :

Désir d'enfant mais plus l'envie
Peur de tomber enceinte et d'en mourir, ou de devenir folle
Je ne peux plus envisager une grossesse parce que outre le fait que cela me mettrait en danger, je ne pourrais plus supporter de vivre dans l'angoisse ces si longs mois, ni supporter une fausse couche ou un autre décès in utéro.
Je veux vivre et non plus survivre.
Envie de développer mon activité professionnelle
Envie de vivre avec mes filles des moments légers
Envie de me voir sourire
Envie de danser, de refaire des sculptures en céramique de dessiner
Besoin de calme et de ne pas courir
Besoin de me bouger et de faire du sport
...

C'est important de prendre ce temps pour toi pour regarder ce que tu éprouves, pour repérer ce qui est juste pour toi.
C'est très difficile d'accepter de dire stop. C'est peut-être plus facile de prendre le temps de regarder à quel point tu as besoin d'indulgence, de bienveillance et de soutien sans focaliser sur le choix que tu as à faire. D'écouter celle que tu es profondément, avec toutes ces blessures et fragilités, et ne pas te mettre la pression. En étant proche de tes besoins profonds, tu ne seras plus dans une décision oui/non, mais dans un accordage avec là où tu en es.

Gros bisous

Lili

Bonjour à toutes,

Je me permets de m’incruster dans ce sujet qui me parle énormément.
Le fait de savoir si je dis "Stop" ou pas? Cette question, je n'arrive pas à trouver de réponse.
Je suis tiraillée. Un jour, je me sens prête, capable. et un autre jour, la peur prend le dessus et je me rend compte que je suis incapable de prendre le risque car malheureusement j'ai perdu l'insouciance.
J'ai la chance d'avoir un petit garçon qui me fait beaucoup de frayeur ces derniers temps car il a un terrain asthmatique et des allergies. Dès que le médecin souhaite lui faire une écho du thorax ou une prise de sang, c'est la panique et mes angoisses reprennent le dessus. Et là, la réalité refait surface et oui je peux le perdre lui aussi. Alors paniquer pour lui, pour une autre grossesse, je ne suis plus sûre de pouvoir gérer autant d'angoisses et de perte.
Et c'est terrible ce que je vais dire mais les enfants me vont souffrir. L'inquiète pour lui, pour une autre grossesse me fait mal.
Je parle beaucoup avec mon mari de réessayer, de retenter car j'ai cet espoir que toutes les grossesses ne finissent pas par un décès. Ce n'est pas une fatalité. Devant mon mari, je fais la jeune femme sûre d'elle alors qu'en faites, je n'en sais rien du tout. Mon mari est très partagé sur le sujet. Alors en plus, avec les petits soucis de santé de notre fils, cela n'arrange pas les choses sur sa prise de décision et la mienne par ailleurs.
J'ai dû mal à abandonner ce rêve d'être maman de deux enfants bien vivants (on souhaitait avoir deux enfants) car j'ai dû mal à me sentir maman d'enfants morts. Sujet à aborder avec la psy, je pense??
Enfin, je ne sais pas si vous comprenez le fil de ma pensée.

En tout cas, je vais suivre ce sujet avec grand intérêt, on sait jamais si cela peut m'aider à trouver la réponse.
Je vous embrasse toutes bien fort.

Emilie.

Bonjour Emilie
Bienvenue parmi nous.
Oui je comprends très bien ton inquiétude et tes angoisses. Pour ma part, la mmaladie de mes bébés (et la mort récente de mon père) m'apportent plus de crainte, concernant les personnes qui me sont chères. Je pense que c'est normal.... j'essaie de conjuguer cela avec ma joie de vivre et je parviens à me dire que oui, la vie peut être cruelle, les gens meurent, parfois prématurément. Je choisis de profiter de ce que j'ai, de ce que je partage, de ma famille et de mes amis. Les pertes ont finalement aiguisé mon sentiment d'être bien en vie et je refuse de gâcher cela. C'est d'ailleurs pour cela aussi que j'ai du mal à renoncer définitivement à une nouvelle grossesse.
Bises
Gaëlle

Bonsoir,
Je n avais pas reagi à ce post parce que pour moi, ne pas envisager une nouvelle m est impossible.... et pourtant , mon conjoint etait catégorique mais je réussis à le convaincre petit à petit.... nous avons 4 enfants, deux vivants en bonne santé, et deux petits anges , tous les deux nés sans vie car ils avaient la meme malformation cardiaque, dont la cause est probablement génétique (réponses ou non le 7 juin ....) .
Mais moi, je veux croire qu on peut avoir un autre enfant en pleine forme, mon conjoint est beaucoup plus pessimiste...mais comme Émilie, je suis malgré tout inquiète, j évite de lui montrer parce que sinon , ca lui donnera une raison de plus de ne pas retenter... mais pr moi, impensable d en rester là !

Marie-Charlotte