Bonsoir,
J'ai assisté à tous les rdv dès le début de la grossesse, nous désirions tous les deux un enfant, moi depuis plus longtemps qu'elle d'ailleurs...
Lorsqu'on a découvert la fente labio-palatine, pendant 1 ou 2 jours je ne pouvais plus poser ma main sur son ventre, le temps de digérer l'annonce, puis de me dire que mon fils n'y était pour rien et que je pouvais continuer à interagir avec lui.
A l'annonce de l'anomalie génétique et de la possible IMG j'ai eu la même réaction, mais ça a duré moins longtemps. J'ai continué à lui lire des histoires et lui jouer de la musique jusqu'au dernier jour avant l'IMG.
J'ai assisté à l'accouchement. Avant l'injection dans le cordon ombilical, j'étais vraiment très mal, ça devait se voir car les sages-femmes m'ont dit plusieurs fois que je pouvais sortir. Mais ma compagne elle ne pouvait pas sortir, nous avions fait l'enfant ensemble, décidé de l'IMG ensemble, donc on serait ensemble pour l'injection aussi. Je me souviens m'être focalisé sur un écrou nylstop du mécanisme de la table d'accouchement, puis avoir mémorisé les horaires annoncés par la gynécologue.
Une fois l'injection passée, ça allait un peu mieux : la sage-femme a d'ailleurs dit que j'avais repris des couleurs...
Plus tard elle a du me "mettre dehors" en promettant de rester avec ma compagne, pour que j'accepte de sortir prendre un peu l'air et manger. Je ne voulais pas abandonner la future maman par crainte que le bébé n'arrive en mon absence.
On a vu notre bébé pour la 1ère fois ensemble, on est allé plusieurs fois à la morgue ensemble, nous étions tous les deux présents pour la mise en bière.
Dans les semaines qui ont suivis, j'étais blessé quand certaines personnes ne prenaient des nouvelles que d'elle, et quand je disais "Mais pour moi aussi c'est dur", on me répondait "oui mais c'est pas pareil !". Ces personnes (rares) me refusaient le droit de souffrir.
J'ai beaucoup pleuré mon fils, et parfois, je le pleure encore.
Contrairement à ma compagne, j'ai beaucoup plus besoin de m'informer et d'échanger sur le deuil périnatal. Elle n'est par exemple jamais venu sur un forum.
J'ai été plutôt bavard, mais si tu as besoin d'autres précisions n'hésite pas.
