Forum de l'association Petite Émilie

Loea a écrit : ↑05 juin 2021, 09:57 Coucou Claire,

J’ai du mal à trouver les mots qui pourraient répondre à ta détresse si intense. La vie peut être si injuste mais réserve aussi ses miracles. Je sais que c’est impossible d’y croire quand on est au plus bas mais c’est encore possible. D’ailleurs il y a certainement un mini-petit espoir en toi celui qui te pousse à continuer à te battre depuis toutes ces années, cette petite étincelle en a pris pour son grade mais je suis certaine qu’elle est encore là, elle a besoin de temps pour reprendre un peu d’ampleur.
Je ne peux que te lister ce qui m’a aidé quand j’étais au plus sombre dans l’espoir que cela t’aidera peut-être un peu à passer cette période super difficile.
Ce qui m’a beaucoup aidé c’était la fiction, me concentrer sur l’histoire de quelqu’un d’autre plutôt que sur la mienne, entrer dans une autre réalité quelques heures par jours faisait une respiration. J’ai lu beaucoup, mais aussi écouté des podcasts, et regarde pas mal de films (Je les choisissais avec attention, pas trop d’histoire pleine de bonheur et d’enfants)
je me suis même fait tous les harry potter quand j’ai fait ma fausse couche et ça a étrangement aidé à passer ce cap, je crois que j’associerai maintenant toute ma vie Harry potter avec saignements
Le sport (la boxe surtout) a aussi fait des miracles pour la reconnexion avec mon corps et de lâcher toute ma colère.
La nature et l’apaisement que cela peut apporter, (j’ai passé beaucoup beaucoup de temps dans le jardin de ma grand-mère cette année, au fin fond de la campagne) et beaucoup de promenades en forêt, en mer.
Et l’idée que je pouvais toujours tout lâcher et refaire ma vie complètement différente a l’autre bout du monde (travailler dans un hôtel en Thaïlande faire du bénévolat en Afrique où je ne sais...), je n’avais pas besoin de le concrétiser mais cette idée m’a tenu plusieurs fois. quand on a l’impression qu’on est dans l’impasse, que le chemin prévu et construit se bouche on peut en construire un nouveau, on a encore cette liberté d’essayer quelque chose de tout à fait différent avec sa vie, de dire que le contrôle sur sa vie peut-être ailleurs.
J’ai aussi une psy spécialisée dans le deuil périnatal et les pbs d’infertilité qui me suis avec beaucoup d’attention de manière hebdomadaire, les moments ou j’étais au plus bas, j’attendais ce rdv avec impatience même si c’était pour être abattue pendant toute la séance, elle a toujours eu confiance dans notre avenir d’avoir un enfant et c’était apaisant de l’entendre dire quand je n’en avais plus aucune. Es tu suivi par quelqu’un de confiance, qui connaît bien ton parcours ?

Je me suis dit plusieurs fois au plus bas que je ne pouvais plus aller encore plus bas et donc que je ne pouvais que remonter, même si c’est très très lent.

J’espère de tout cœur que ça t’aidera un peu à avancer dans l’obscurité, la lumière est quelque part, c’est sûr.
Nous sommes là aussi.
Bises

rorette67 a écrit : ↑05 juin 2021, 13:07 Bonjour Claiwe,

Tu viens de vivre une série de malheurs et de traumatismes, c'est normal que tu n'ailles pas bien.
Tu ne peux empêcher ton cerveau de penser, c'est normal aussi, le mien est pareil.

Comme toi je m'abrutis devant des séries. Moi qui étais une grande liseuse, je suis incapable de lire 2 pages, mon esprit divague trop. J'en ai parlé à ma psy la semaine dernière qui m'a dit que c'est normal. Et que si passer des heures devant netflix me fait du bien, et bien que je le fasses.

Tu as raison, personne ne peut savoir ce que donnera ta prochaine grossesse. Mais ce que je ressens dans tes propos, c'est que tu veux rententer et y croire, et pour moi, ce petit espoir va t'aider à aller vers le haut.

Je ne suis pas très douée avec les mots. J'espère ne pas avoir été maladroite dans mes propos.

Loea a écrit : ↑05 juin 2021, 14:07 J’imagine bien ton épuisement après 4 ans à puiser au plus profond de toi les ressources pour y croire et garder cette petite flamme allumée. Si la télé aide le temps à passer pour l’instant je pense comme rorette que tu dois te laisser la possibilité de le faire, de t’oublier la dedans pour l’instant. L’envie d’autre chose reviendra à son rythme, petit à petit.

Pour le cerveau, je crois que c’est tout à fait normal après un traumatisme comme celui que tu vis qu’il y ait des dysfonctionnements et dés protection mises en place. Moi j’ai souvent des absences depuis un an, et des difficultés de concentration dû au stress post-traumatique. Pas facile à gérer devant des élèves d’ailleurs
Ma psy m’avait plusieurs fois proposé de prendre des anti-depresseurs aussi pour m’aider à aller mieux, mais j’ai finalement opté pour la version naturelle : des capsules de safran, ça marche bien pour réguler l’humeur et être un peu plus apte à voir le positif.

Pour la peur d’être seule, étant arrêtée du travail depuis longtemps, je l’ai aussi ressentie, c’était compliqué car comme toi je ne voulais voir personne mais paradoxalement j’avais du mal à être seule, du coup ça pesait bcp sur mon compagnon. On a adopté un chat d’un refuge en janvier, ça faisait longtemps que c’était dans notre idée mais comme on attendait notre fille on avait préféré attendre. La présence de notre chat auprès de moi en plus du fait qu’elle vienne aussi d’un refuge et qu’elle soit aussi un peu cabossée par la vie m’a bien aidée. Tout dépend de la personnalité de l’animal mais la notre me suit souvent partout, elle n’est pas mega affectueuse mais beaucoup dans la présence et dans le jeu, exactement ce qu’il me fallait. Ça a beaucoup apaisé mon copain lorsqu’il partait bosser de savoir que le chat était avec moi. Et ça a créé aussi une nouvelle dynamique dans notre vie à deux, en interaction avec un autre être vivant à la maison. Ça n’est pas un enfant évidemment et peut-être un peu cliché de prendre un chat ou un chien après la perte d’un enfant mais tant que ça aide et qu’on est sur de pouvoir offrir un bon foyer à l’animal et le garder même si on va mieux et que le bébé tant attendu arrive ça peut aussi être un beau projet qui réussit à coup sûr. Ça fait du bien de réussir quelque chose aussi petit soit-il.

Pour l’attente je ne sais que te dire car je la vis mal aussi, nous sommes dans un parcours fiv-dpi à la suite de la découverte d’une maladie très rare dont nous sommes tous les deux porteurs et la seule chose que nous pouvons faire depuis un an c’est attendre et garder espoir. ils prennent du retard, les délais s’allongent et l’attente est insupportable mais j’ose espérer que notre miracle arrivera un jour. Lorsque tu n’y crois plus, toutes les femmes de ce forum y croient encore pour toi.

Poupy62 a écrit : ↑06 juin 2021, 11:31 Bonjour rorette
Je viens prendre des nouvelles de ta grossesse ?

rorette67 a écrit : ↑06 juin 2021, 11:21 Claiwe,

Je ne suis pas du tout manuelle, je vais avoir du mal à te conseiller ou t'orienter vers des activités.

Je m'étais mise au Mandala, c'est vrai que ça détend, mais au bout d'un mois je me suis lassée.

Ce qui m'a aidée lorsque l'on essayait de concevoir notre fils, avec mes problèmes d'infertilite et mes fausses couches, c'était d'organiser des vacances. Avec mon conjoint, nous sommes partis à madère, au Japon et en Thaïlande, j'ai tout organisé de A à Z. J'avais besoin de m'investir dans d'autres projets pour avoir l'impression d'aller de l'avant. Avec la crise sanitaire, c'est certainement + délicat. Mais peut-être organiser un petit séjour avec ton conjoint ?

Après mon IMG, je me suis mise à la pâtisserie vegan. Mon fils était allergique aux protéines de lait de vache et aux œufs, ça me donne un petit challenge. Ce n'est pas grand chose, mais simplement faire le projet de trouver une recette, d'aller acheter les ingrédients, puis de pâtisser me donne un objectif.

Malgré ça depuis 10 jours, j'ai du mal. Netflix me permet une déconnexion totale, alors je prends ça pour le moment.

Pour ce qui est de garder cet espoir qui te fait mal, je pense que je te comprends. J'ai eu les mêmes sentiments "est-ce que je ne m'acharne pas pour rien?". Encore parfois, cette question me revient en tête...

J'aime beaucoup la citation de l'écrivain Georges Bernanos : "L'espérance est un risque à courir". Je la trouve très vraie. Personnellement, je choisis de prendre le risque. Je refuse de vivre avec ce regret de "et si j'avais réessayé ?".