MariEve a écrit : ↑10 mars 2021, 19:37
Hier la sage femme qu'on voit pour l'haptonomie m'a demandé si j'arrivais à profiter de ma grossesse et... je suis restée sans réponse, car je ne sais pas comment en profiter ! Je suis plus en mode attente que ca passe et sans définition de ce qu'est "en profiter" (en fait je me suis sentie aussi perdue que quand on me disait "prends soin de toi" en plein deuil).
Du coup me vient l'idée de vous demander.. et vous, comment vous diriez qu'on "profite" de sa grossesse ? Histoire de me donner des idées ^^
MariEve a écrit : ↑10 mars 2021, 19:37
Hier la sage femme qu'on voit pour l'haptonomie m'a demandé si j'arrivais à profiter de ma grossesse et... je suis restée sans réponse, car je ne sais pas comment en profiter ! Je suis plus en mode attente que ca passe et sans définition de ce qu'est "en profiter" (en fait je me suis sentie aussi perdue que quand on me disait "prends soin de toi" en plein deuil).
Du coup me vient l'idée de vous demander.. et vous, comment vous diriez qu'on "profite" de sa grossesse ? Histoire de me donner des idées ^^
Bonjour MariEve,
Je trouve que c’est une drôle de question de te demander si tu arrives à « profiter de ta grossesse ». Il y a des femmes qui ont des grossesses sans aucun souci, mais il y a aussi mille raisons d’avoir une grossesse désirée mais pénible, la première étant que c’est quand même un énorme chamboulement corporel, la deuxième que tout ne se passe pas toujours comme dans un rêve, même si l’issue est positive.
Nous avons pris la décision d’interrompre ma première grossesse suite à la détection d’une trisomie 21 avec risque assez fort de malformations. Ça a évidemment été un drame et un traumatisme.
Dès l’annonce du risque d’anomalie chromosomique à l’échographie de 1er trimestre, j’ai demandé de l’aide à un psychiatre-psychothérapeute que j’avais déjà consulté quelques années auparavant. J’ai continué à le voir après l’IMG et il m’a suivie jusqu’à la fin de ma 2e grossesse. Il m’a beaucoup aidée à relativiser les risques sans les minimiser (parce qu’il s’agit tout de même de pourcentages infimes, même s’ils font extrêmement peur après une première expérience traumatique).
Je suis retombée enceinte au début de l’épidémie de Covid, quand on ne savait pas quels étaient les risques pour la mère et pour l’enfant, donc angoisse, mon mari et moi avons pris des tas de précautions, surtout pendant le premier confinement ; j’ai eu un décollement placentaire qui a généré des saignements dès la 8e semaine mais s’est heureusement résorbé ; puis les nausées ont commencé, elles étaient gérables mais franchement désagréables, plus que pour ma première grossesse ; ensuite est venue l’échographie de 1er trimestre avec les tests pour la détection de la trisomie 21, qui ont évidemment réactivé l’angoisse pendant les 2 semaines avant d’avoir le résultat du DPNI (même après une mesure de clarté nucale très bonne) ; ce n’est qu’après avoir obtenu le résultat du DPNI que nous avons annoncé ma grossesse, y compris à nos familles ; au 2e trimestre j’ai été à peu près tranquille, les nausées ont disparu mais il y a beaucoup d’aliments que je ne supportais plus (entre autres la plupart des viandes sauf le poulet, les fromages de tous types y compris ceux autorisés ; j’avais des menus extrêmement variés...) et évidemment pour l’échographie de 2e trimestre l’angoisse était présente également ; au 7e mois, en plein séjour de vacances, j’ai commencé à avoir des séries de contractions : passage aux urgences, utérus contractile, heureusement le col ne se modifiait pas mais ce n’était pas très rassurant ; pas d’alitement strict mais repos en position allongée le plus possible ; la semaine suivante je chute sur le dos, repassage aux urgences, rien à signaler, ouf ; à l’échographie du 3e trimestre, bébé parfait, mais liquide amniotique en limite basse, donc 2e contrôle 15 jours plus tard, même résultat, passage aux urgences pour être bien sûr qu’il n’y a pas de problème ; et pour finir en fin de 8e mois fissure de la poche des eaux, accouchement déclenché, qui s’est fini en césarienne d’urgence après 36h de travail.
Au milieu de tout ça, un peu difficile de « profiter de sa grossesse », même s’il n’y avait pas eu l’antécédent de l’IMG et l’arrière-plan de deuil, non?
On nous avait conseillé l’haptonomie et je pense que c’est peut-être la seule chose qui nous a effectivement permis de « profiter » : se connecter avec son bébé c’est quand même un énorme plaisir. Et puis grâce au soutien de mon psy, j’ai vécu le déroulement de cette grossesse dans l’optique un jour, une semaine, un mois de gagné, une étape de franchie, en me réjouissant de chaque bonne nouvelle. Notre entourage nous a également accompagnés étape par étape, mon cercle d’amies notamment savait quel enjeu représentait cette grossesse et se réjouissait au moins autant que nous de chaque progrès. Je n’ai rien acheté avant qu’on m’annonce que mon col commençait à s’ouvrir, sauf le coussin de grossesse/allaitement qui m’a d’abord servi pour me caler pour dormir. Ça m’angoissait plus qu’autre chose de me dire qu’il faudrait se défaire de tout si jamais la grossesse ne se poursuivait pas jusqu’au bout. Et ce n’est pas très difficile à notre époque de se procurer le nécessaire à la dernière minute, sans pour autant renoncer à se faire plaisir. Effectivement ça a été un peu la panique mais en une semaine j’avais ma valise de maternité complète et l’essentiel pour équiper la maison.
Je ne sais pas si nous aurions pu faire plus, mieux. Je ne sais pas si nous avons vraiment « profité » de cette grossesse, ni même si c’était possible. Nous avons fait comme nous avons pu, nous nous sommes fait aider autant que nous en avions besoin (j’ai moi aussi demandé des échographies supplémentaires, j’ai dû en avoir à peu près 1 par mois) et je crois que nous ne nous en sommes pas si mal sorti, en tout cas je n’ai pas de regret particulier de ne pas avoir davantage « profité » compte tenu de notre histoire.
Je dirais même que c’est surtout maintenant, depuis le 3e mois que nous profitons. Après 2 mois un peu difficiles, notre bébé est devenu une chouette petite fille très éveillée et tout sourire, qui fait la joie de ses parents, de tous ceux qui font sa connaissance et même de tous ceux qui la voient en photo avec son grand sourire. Je pense que c’est la meilleure preuve que ma grossesse n’a pas dû trop mal se passer sur le plan psychologique.
Pardon pour la tartine. Bises à toutes,
Perrine K.