première grossesse et IMG

[Anne2017]

Je suis tellement désolée pour toi, ce coup supplémentaire de ce diagnostic... Je suis en attente de résultats donc je me mets à ta place...

C'était également ma première grossesse. C'est pour cela que j'ai initié ce post car il me semblait qu'il y avait quelque chose de particulier à devenir maman dans ces circonstances.

Lorsque j'ai tenu ce petit dans mes bras, et que je l'ai trouvé si magnifique, j'ai été maman si fort, si intensément... Je ne pouvais pas imaginer cela avant de l'avoir vécu.

Mon premier petit. Si beau, j'avais envie de le garder toujours et en même temps je savais que mon mari, qui m'attendais dehors, se rongeait les sangs à de demander si c'était une bonne idée de me laisser seule à ce moment. Cece44, ça fait un mois et quelques jours. Oui je vois la vie autour de moi et je me sens à nouveau vivante. Je vois la beauté et je suis reconnaissante des belles choses autour de moi, qui me tirent vers le haut.

Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à ce petit. A mon magnifique bébé.

[fan]

ho oui je te souhaite cece44 de vraiment trouver du courage pour surmonter cette nouvelle et espère que tu retrouveras le sourire

[Anne2017]

Bon,

Comme évoqué il y a quelque temps avec Anne-Sybille (petite appartée, Anne-Sybille, si tu passes dans le coin, donnes nous de quelques nouvelles), j'avais le projet de retourner au service des grossesses pathologiques, et au service des naissances, pour apporter une boîte de chocolats et un petit mot pour remercier les équipes de leur gentillesse et de leur humanité avec nous.
A l'occasion d'un passage à l'hôpital aujourd'hui (rdv chez la psycologue) je me suis dis que j'avais peut être enfin la force de le faire. (j'avais acheté les chocolats depuis longtemps).

Je pense que c'était clairement trop tôt. J'ai l'impression d'une forme d'échec, d'avoir raté ce moment. Je me suis effondrée au bureau des sages femmes. Incapable de sortir trois mots, submergée par les larmes. Du coup j'ai confié le ballontin pour l'equipe accouchement au service des grossesses pathologiques, je n'ai même pas eu la force d'y aller. Je n'avais pas imaginé que cela serait si fort, si difficile.

J'ai l'impression d'être une accidentée de la route. Avant j'avais de la force, j'etais capable de beaucoup de choses. Aujourd'hui je ne suis plus bonne à grand chose et je suis souvent submergée. Je ne me reconnais plus. La psycologue dis que c'est très tôt. Que cela ne fait qu'un mois et une semaine. J'ai l'impression pourtant qu'une vie entière me sépare de celle que j'étais avant.

[Anne-Sibylle]

Bonsoir,
Je n'écris plus beaucoup sur le forum...je continue néanmoins à vous lire ^^
J'ai des hauts des bas...souvent la sensation que tout ce qui est arrivé n'est pas réel...et puis je suis parfois -souvent- en boucle : et si je l'avais gardée, si j'étais allée jusqu'au bout sans intervenir , pour lui laisser une chance d'accéder pleinement à notre humanité, et si et si...Bref vous imaginez sûrement très bien dans quel genre de réflexion je m'égare...tout cela se termine la plupart du temps par une migraine ...
Le reste du temps ça peut aller (sauf quand j'ai la mauvaise idée d'aller sur internet lire des témoignages de femmes qui ont décidé d'accompagner leur tout petit jusqu'au bout...(mon bébé n'était pas viable, monosomie 45X avec cardiopathie d'une particulière gravité : ventricule unique par atrésie mitrale avec hypoplasie ventricule gauche et hypoplasie de l'aorte)
Je ne pense pas me débarrasser un jour de cette idée , de cette question "et si je n'avais pas fait comme cela..." alors il ne me reste plus qu'à accepter , seulement accepter ce que j'ai "choisi" si on peut parler de choix...j'en doute...
C'est courageux Anne ce que tu as fait de retourner à l'hôpital pour un acte généreux envers l'équipe médicale qui a du être touchée j'en suis sûre!
Je n'écris pas trop sur le forum car je me sens incapable de consoler , et incapable d'être constructive et aidante dans mes propos...je suis dans le doute de ce que j'ai fait.... et vous lire me fait du bien ! Heureusement que vous ne vous retenez pas d'écrire comme moi, sinon il n'y aurait rien à lire...je deviens peut-être un peu égoïste, j'espère que ça me passera
Bonne et douce soirée à vous mamans formidables et bienveillantes qui connaissez la valeur si précieuse de la vie. Nous avons toutes posé un acte d'amour en acceptant cette IMG, mais il est dur de se le dire quand le doute vient envahir le vide laissé par notre chagrin...

[Anne2017]

Bonsoir Anne-Sybille,

Je ne voulais pas te forcer la main, c'est vrai que sur le coup j'étais très contente de voir ton nom s'afficher sur mon écran mais si ce n'est pas ce dont tu as besoin en ce moment, cela se comprend tout à fait !

J'avoue que la proximité de nos expériences, de nos dates d'accouchement, de crémation, de nos termes si proches et même de nos prénoms (j'ai aussi un prénom composé hyper proche du tien ) fait que je me demande souvent comment tu vas, si ce que tu ressens est proche de ce que je ressens, comme cela a pu être le cas régulièrement. Comme si nos vies s'étaient un peu frolées dans la tourmente, sans se connaître mais en se comprenant.

Je disais justement à la psycologue cet après-midi que j'avais un fort sentiment d' irréalité.. Comme si cet événement n'avait tellement aucun sens qu'il en devenait impossible à accepter dans sa réalité... (bien sûr comme j'étais très émue à ce moment là les mots ne sont pas sortis sous cette forme de ma bouche, tu t'en doute).

Par contre j'ai la chance de ne pas remettre en cause notre décision, je ne me pose pas de questions (pour l'instant, restons prudente). Pourtant nous ne savons toujours pas vraiment ce qui s'est passé ( toujours pas de résultats...). Je ne voulais pas offrir de la souffrance à mon bébé, une maman ne peut pas imposer cela à son tout petit. Je comprends que ces idées te poursuivent. Mais tu sais, sur le coup le cerveau fonctionne un peu en mode "automatique", et peut être faut il accepter l'idée que la bonne décision parfois est celle que l'on prend sur le moment, sans avoir pu y accorder autant de réflexion que celle que tu as maintenant. La décision à l'instinct..

Et dis toi aussi que tu aurais peut être eu les même doutes en prenant une autre décision. En effet, si tu avais accompagné ta fille plus avant dans ta grossesse, tu aurais laissé le temps au système nerveux de se mettre en place, qui sait ? A la douleur d'arriver pour elle, ou même à l'angoisse que tu ressentais pour elle de l'atteindre... Tu aurais eu les mêmes interrogations probablement, sur le fait que cela soit ou non le bon choix.

Tu aimais ta fille, et tu as fait pour elle au mieux comme le font toujours les mamans. Aujourd'hui tu doutes à cause de la peine. Mais l'important c'est qu'elle a été chérie par sa mère, cette petite Aimée.

Je t'embrasse bien fort et j'espère à bientôt ou à plus tard si tu en as envie, le moment venu.

[Anne-Sibylle]

Hello Anne, ne t'inquiète pas tu ne m'as pas du tout forcée la main ^^ absolument pas , je suis même plutôt contente d'avoir écrit et surtout j'aime beaucoup ce que tu me dis sur la non remise en question de votre choix, en effet l'idée que le cerveau ait fonctionné en mode automatique me parait tellement réaliste ! en effet on a beaucoup de temps après coup pour cogiter...et chez moi ce n'est pas bénéfique du tout! je pense que tu as vu juste sur la décision à l'instinct ... en y repensant on n'était pas vraiment nous-mêmes en plus ...enceinte , bouleversée, avec une décision à prendre, un instinct protecteur décuplé , une émotion débordante...les avis de l'entourage à gérer...etc etc
Ton raisonnement aussi sur les doutes qu'on aurait eu si on avait fait un autre choix est également très intelligent! Parfois mon raisonnement s'arrête net dans le chagrin et je ne pousse pas plus loin la réflexion alors que oui tu as raison dans le choix de continuer la douleur est autre mais elle est là et elle aurait également peut-être fait l'objet de regrets...tu as parfaitement raison!

ce sentiment d'irréalité me colle aussi en ce moment , je n'arrive pas à m'en défaire ! c'est très...comment dire... bizarre!
Qu'est ce que la psy t'a répondu quand tu lui as fait part de ce sentiment?
Je ne suis pas allée revoir la psy depuis que j'ai récupéré les photos...

As tu du nouveau pour l'autopsie de ton petit?

Sinon j'ai lu un bouquin pas mal : "l'enfant interrompu" j'ai choisi exprès un cas un peu similaire au mien (au nôtre un terme entre 3 et 5 mois et non viabilité de l'enfant...j'ai moyennement accroché au début et finalement j'ai adoré certains passages , je me suis retrouvée dans beaucoup de sentiments vécus par l'auteur...En plus j'ai pensé à toi en lisant le bouquin car son petit est au cimetière à Thiais!

Maintenant il faut que je gère : mon envie irrépressible de porter à nouveau la vie ! et ma colère envers certaines personnes de mon entourage qui ne se sont pas manifestées pendant toute cette épreuve ...ça me déçoit tellement !!!!!!!!!!

Dingue pour nos prénoms
Bises !!!! et douce journée !

[Anne2017]

Hello,

Je suis si contente de te lire.. Ça me fait plaisir.

J'ai très mal dormi, fait des rêves étranges, pas trouvé le sommeil. C'est probablement normal vu la journée d'hier.. Du coup c'est un peu dur ce matin, l'emotion monte vite. Je crois que le choc d'hier, ce retour dans le service, m'a replongé un peu dans ma peine.

Je suis contente de savoir que ce que je dis trouve du sens pour toi. Parfois on a du mal à voir à travers nos émotions et c'est bien d'avoir un point de vue un peu extérieur, et en même temps de quelqu'un qui a vécu quelque chose de suffisamment similaire pour comprendre les enjeux et les craintes qu'on peut ressentir.

Quant à ce sentiment d'irrealité, elle m'a dis que c'était quelque chose de normal quand on a eu un gros choc émotionnel, que c'est un mécanisme de protection. Que, en effet, le fait que ça n'ai aucun sens, qu'il n'y ait aucune compréhension possible participe de ce sentiment. Mais qu'il ne fallait pas oublier le dialogue. Je lui disais que cela avait une limite, car je revois maintenant quelques collègues, et j'arrive à parler de tout sauf de ça. Elle m'a dis que c'était tôt encore mais que ça viendrait. Du coup je vois ce sentiment comme un répit temporaire qui va et vient.

Moi je l'analyse comme ça: le cerveau "rationnel" court-circuite un peu le cerveau émotionnel pour retrouver son équilibre. Mais du coup tous ces souvenirs semblent irréels, car ils sont douloureux. Ce court-circuit deconnecte la douleur des images et des souvenirs. On se sent déconnecté de cette douleur et par extension de ces souvenirs, de cet épisode traumatique.

Après en ce qui me concerne, cette irréalité ne résiste parfois pas à une chanson émouvante, à une pensée un peu prolongée sur mes souvenirs ou simplement à un passage à l'hôpital pour aller voir la psy. C'est pour cela que je continue d'y aller, je trouve que ça me fait du bien d'avoir au moins une personne avec qui j'arrive à parler de ça oralement.

Je me renseignerai sur ce livre, ça m'intéresse.. Mais j'ai repris l'écriture de mon expérience, cela m'aide aussi.

Aucune nouvelle, ni de l'ACPA ni de l'autopsie. Je dois aller voir mon gynéco mardi (j'ai décalé, normalement c'était lundi, mais j'ai mon retour de couche depuis hier donc j'espère que ça sera fini pour qu'il puisse m'examiner). Ce n'est pas le gynéco de l'hôpital donc il n'aura rien de plus à me dire, si ce n'est que tout va bien ou non au niveau de mon utérus.
Je rappellerai l'hôpital en début de semaine prochaine mais je veux pas les harceler. Ils ont été super avec nous et je me dis qu'aujourd'hui ils ont besoin d'avoir le temps d'être super avec d'autres.

J'ai cette envie aussi, je me culpabilise un peu, je me dis que c'est tôt pour vouloir un autre enfant. Mais je le me maîtrise pas. Ce retour de couche me déprime un peu.

Je t'embrasse et bonne journée.

[Anne-Sibylle]

Hello Anne , hier je t'ai envoyé 2 MP mais ca n'a pas l'air de fonctionner , je n'ai pas l'habitude des forums , c'était juste pour dire dans un premier temps que javais rencontré dernièrement IRL une femme qui avait vécu une img il y a 8 ans , et c'est vraiment une rencontre super , aujourd'hui elle a 4 enfants en bonne santé . Et avec mon mari nos 2 familles sont en région parisienne et je te proposais eventuellement de te faire signe si un jour on était dans le coin pour aller boire un thé ou café toutes les 2 mais je ne sais pas où tu vis. Ca peut faire trop loin je connais aussi la circulation difficile en région parisienne !
Et puis dans le 2e je disais que javais aussi mon retour de couches et qu'on avait décidément le meme timing
Bises bonne journée!!

[Anne2017]

Je viens de te répondre ! Moi aussi je n'ai pas l'habitude (je n'ai jamais été sur un forum donc je n'ai pas pensé à regarder mes messages privés)

Je me doute que cela doit être fort. Après il faut pouvoir le supporter.

Est ce que cela n'a pas été trop "fort" en émotions ? Probablement que si...

[Anne2017]

(à l'occasion dis moi si tu as eu ma réponse, je suis aussi douée qu'une octogénaire )