Forum de l'association Petite Émilie

Bonjour
Je suis tout à fait d'accord avec toi . La nature n'est pas bien faites dans notre cas , IMG est un choix difficile pris par des parents pour que leur enfant soit serein et ne souffre pas , c'est un acte d'amour . J'ai subi une IMG le 9 mars à 4 mois et demi car notre ange avait une trisomie 21 libre et homogène; problème lors de la division des cellules . Ma plus grande peur c'est que pour une prochaine grossesse cela recommence .
C'était ma première grossesse et j'ai 32 ans .
La vie continue mais c'est sûr que cela forge un couple et il faut se dire que nos petits anges nous guident et veillent sur nous de la haut. On aura le droit aussi au bonheur très prochainement, j'espère. Si tu as besoin de parler n'hésite pas . Pour ma part, je suis suivi psychologiquement et j'écris sur un petit carnet tout le déroulement de ma grossesse et mon ressenti. Je n'avais pas parlé de ma grossesse aux amis car on nous a détecté le risque à l'écho des 12sa et je sentais intérieurement qu'il y avait un pb. Nos familles étaient au courant et depuis l'IMG j'en parle autour de moi car j'ai l'impression que deuil périnatale et la trisomie sont des sujets tabous.
Bonne journée
Sophie

Bonjour Sophiange,

Merci de tes mots. Longue nuit, ce matin complètement KO.

J'étais à 3 mois et demi et effectivement nous n'avions pas non plus parlé à beaucoup de monde de cette grossesse. J'ai également 32 ans et c'était mon premier bébé.

Je tente également d'ecrire mon ressenti sur cette grossesse et je vois un psycologue. Mais pour l'instant je me sens fragile, alors que j'ai toujours été forte, une force pour les autres.

Il faut du temps. Le premier tabou c'est moi qui ait peur de parler sans pouvoir gérer ce que j'ai à dire.

Les gens ne savent pas trop comment se comporter envers nous. C'est ce que je ressens pour le moment. J'ai choisi d'en parler ouvertement. j'en ai encore fait l'expérience tout à l'heure. Je suis allée voir des collègues avec qui je n'avais plus parlé depuis le jour de mon img. La première approche de leur part est généralement de manifester leur plaisir de me revoir. Ca fait déjà plaisir à entendre. Ensuite,c'est moi qui leur ouvre la porte en parlant librement de ce que j'ai vécu. Une fois qu'elles comprennent que ce n'est pas tabou pour moi, leur naturel revient rapidement. Certaines posent des questions, d'autres écoutent sans rien dire et on en arrive à parler de tout et de rien comme on le faisait avant l'img. La vie reprend son cours petit à petit et pour l'instant je n'ai senti que du respect autour de moi.

J'appréhende le retour au travail, peur de craquer . Pour l'instant , je parle de mon histoire mais au téléphone ou à la maison . Ce matin le boucher m'a demandé comment j'allais . J'ai reussi à retenir mes larmes et je lui ai dit j'ai du interrompre ma grossesse pour trisomie 21. Cela m'a fait bizarre qd j'ai prononcé ces mots, ça y est je suis dans la réalité : ma grossesse est finie. Je suis comme toi les gens comprennent notre choix et ne nous jugent pas .

Quel courage dans ta reponse Sophieange...

Pour l'instant je n'arrive pas à prononcer les mots à voie haute. Ils restent coincés dans ma gorge. Il va bien falloir que ça sorte. Pour l'instant je tente des approches par texto et mail.

Pour ma part, c'était aussi ma 1ère grossesse, j'étais enceinte de 7mois...
J'ai eu la psy du centre au téléphone la semaine derniere ça m à fait du bien mais pas autant qu aujourd'hui quand j,'ai vu la praticienne d'Haptonomie où nous avons bien parlé, elle a eu des contacts aussi avec Chloé et pour moi c'était important de lui parler.
Il y a quelques jours je suis allée à la pharmacie et j ai revu une pharmacienne qui m'avait croisé lorsque j étais à 2-3mois, je ne pensais pas qu'elle se souvenait de moi mais lorsqu elle m a demandé comment ca se passait avec un sourire tout gentil.. Mes larmes ont coulé et je lui ai dit...
Hier je devais avoir mon rdv pour mes 8mois avec une SF elle m a appelé et pareil ... on es face à la réalité .
En ce moment j'écrit le journal de Chloé ainsi que mon conjoint ça nous fait du bien !

Il faut se raccrocher à la moindre petite chose qui nous fait du bien. Petit à petit, ces choses-là nous font avancer.

Le problème est la gestion des émotions. Ce qui me fait du bien, c'est la beauté de mon jardin, les oiseaux, les fleurs qui s'épanouissent partout autour de moi. Je pense à mon bébé, à sa beauté, ou parfois à rien.

Il y a des jours où tout semble irréel, et et je ne pense pas vraiment à lui, ou alors je repense à cette joie immense de découvrir que j'allais être maman, cette joie au delà de toute maîtrise ou de toute compréhension. Aux paroles que je murmurait à mon bébé le soir avant de dormir. Ou encore je pense à la possibilité de porter un autre enfant, à l'espoir d'une belle famille pleine de rires et de joies. Je suis parfois juste heureuse de sentir le soleil sur moi, de faire quelque chose de mes mains, et je me sens vivante, avec une simplicité qui ne m'est pas coutumière.

Il y a des jours où, par contre, j'y pense toute la journée. Cette idée que j'ai perdu mon bébé me colle à la peau. La joie que j'ai ressenti en portant ce bébé elle même se transforme en acide dans mon ventre, car cette joie s'est envolée sans que je comprenne vraiment pourquoi. Parce que tout s'est fini d'un coup, sans préavis. Parce que cela n'a aucun sens où si cela en a un, il est cruel. Ces journée sont tristes et froides.

Ces phases sont cycliques. Généralement ça va, ça vient. Deux jours paisible, deux jours affreux.

Hier je suis allée faire un tour de vélo, je me suis senti libre sur mon vélo et je commence à penser à une nouvelle grossesse , je me dis qu'elle est heureuse de voir sa maman essayait d'aller de l'avant .Je sent le besoin de perdre le peu de poids que j'ai pris, de remettre mes vêtements et de tonifier mon ventre , surement pour passer à autre chose le plus rapidement possible Pour ma part c'est la nuit que mes angoisses ressortent dans mes rêves. J'ai rêvé cette nuit qu'on me tirait dessus précisément dans le ventre et j'ai crié arrêtez cela ne sert à rien, elle n'est plus là. J'ai pris rdv lundi avec une dame qui fait de la réflexologie , on verra si cela me permet de me relâcher.
Nous aurons des hauts et des bas ,cela est normal , j'espère que cela s'atténuera qd on redeviendra maman même si nous aurons des angoisses car comme je le dis j'ai trouvé que l'échographe m'a volé mon moment de rencontre avec mon bébé en m'annonçant sans prendre de gants que mon bébé était surement trisomique. Elle a fait son travail mais je pense qu'il a des manières d'expliquer les choses et qu'ils perdent de plus en plus de compassion envers les malades.
Contrairement à toi Anne dès que j'ai su qu'il y avait peut être un problème je n'ai plus pu toucher mon ventre , lui parler , je me suis protégée. Je m'en suis voulue avant d'accoucher car je n'avais rien acheté pas de doudou , de vêtements etc.. Les sages femmes m'ont rassurées et m'ont dit qu'elles étaient là pour prendre le relai et que c'était tout à fait normal que je me protège. Le papa est allé lui acheté un petit doudou le matin de l'accouchement pour l'accompagner vers les étoiles.
Bonne journée à toutes

En fait tu t'es protégée,on ne choisit pas ses mécanismes de survie...

Moi à partir du moment où j'ai su, je n'avais qu'une pensée. Quand je pleurais ou quand on me parlait des examens, du pourquoi cette anomalie, je me disais: mon bébé n'a pas le temps pour ça. Il ne lui reste plus de temps. Et je voulais lui donner ce temps.