Bonjour à toutes,
J'ai subi une IMG le 8 mars dernier à presque 20SA, ma fille était porteuse d'une T21.(libre et homogène)
J'ai déjà deux fils en pleine forme d'une première union (13 et 10 ans) et cette petite fille était notre premier enfant à mon nouveau conjoint et moi.
Je n'ai pas besoin de vous raconter le tsunami qui s'est abattu sur nous, vous savez bien de quoi je parle...
J'ai 37 ans, mon conjoint 39 et nous avons décidé de laisser faire le destin en quelque sorte en reprenant les essais tout de suite.
Je précise que je n'ai pas encore eu mon RDC et que mon rêve le plus fou serait de ne pas en avoir du tout.
Je sais que certains gynécos préconisent une attente partliculière avant de "retenter l'aventure" mais à vrai dire, on a besoin de sortir de cet univers médical en nous écoutant nous, et rien que nous...
Oui, peut-être que nous prenons le risque de FC précoce mais tant pis, j'écoute mon petit doigt et il m'a dit "si tu es prête fais le".
(J'ai rv le 12 avril chez le gyné qui m'a suivie pour l'IMG, j'ai déjà peur de me faire enguirlander... )
Je ne suis pas dans le déni de ce qui est arrivé, je ne cherche pas à combler le vide dans mon ventre (qui n'est pas si vide que ça puisqu'il s'est encombré de quelques kilos et de beaucoup de chocolats de Pâques

).
Mais nous souhaitons avoir un enfant ensemble, nous le désirons de toutes nos forces.
Cette grossesse nous n'avons pas pu la mener à terme, nous en mènerons une autre jusqu'au bout, je crois en l'avenir.
Si on arrêtait d'y croire, il ne nous resterait plus qu'à nous mettre en boule au fond de notre lit en laissant les volets fermés pour toujours...
Alors nous ne sommes pas du tout dans une réflexion du type "est ce que ce que l'on fait est une bonne chose ou pas ?" on le fait tout simplement parce que c'est comme ça qu'on sent les choses, tous les deux.
Nous avons la chance d'avoir été sur la même longueur d'onde depuis le début de cette grossesse.
Nous n'avons pas donné de prénom à cette enfant, pas d'obsèques, pas de stèle au milieu du jardin... bref, on garde le souvenir de l'existence de cette grossesse et du bébé qui n'est pas venu, mais ça n'existe plus désormais.
Je ne suis plus enceinte, je n'aurai pas de bébé à pouponner cet été, c'est un fait.
Je n'abandonne pas l'idée d'un nouveau bébé bientôt, c'est même ce qui m'aide à rester debout.
Ce bébé que nous avons perdu, on ne l'oubliera jamais (on a d'ailleurs tous les deux un tout petit ange accroché à notre cou sur une chaîne avec d'autres grigris) mais par choix, nous avons décidé de regarder devant en évitant de se retourner le plus possible.
Je ne consulte pas de psy, je ne prends pas d'anti dépresseur, je ne pleure plus tous les jours, ça n'en fait pas de moi quelqu'un d'insensible mais nous avons je crois tous une manière très personnelle de gérer notre chagrin.
J'utilise quelques moyens que je me suis inventé et qui m'aident à aller mieux.
1) Je fuis toute situation qui peut me coller le cafard (ex : je suis invitée à déjeuner avec des copines de l'IUFM, une d'entre elle a un bébé de 3 mois, et bien je n'y vais pas, même si j'aurais été ravie de les voir, je sais que ça ne va pas me faire du bien alors j'évite ).
2) Quand je pense à la fille que j'aurais du avoir, j'ai immédiatement l'image d'un bébé trisomique que j'avais vu sur le net et qui m'avait un peu secouée... et à chaque fois je me dis "non ça n'aurait pas été possible, on ne voulait pas d'un bébé malade ou handicapé" et ça fonctionne plutôt pas mal.
3) Je mange des chocolats de Pâques ...
4) Je me raccroche à une phrase de mon homme, quelques jours après l'IMG. Je regardais dehors, les yeux remplis de larmes et il m'a dit
"tu les vois là bas ?" "non quoi ?" "tous les beaux jours qui nous attendent..."
Finalement, nous on a le sentiment de faire le deuil d'une projection que nous nous étions tous faite.
Nous n'avons pas eu le temps de connaître cette petite fille, on l'aimait déjà bien sur mais je ne peux pas dire "ma fille me manque" comme certains parents qui ont traversé le même drame.
Ce n'est aucunement une critique je reste persuadée qu'il n'y pas de mode d'emploi pour deuil périnatal, le deuil en général.
Chacun doit s'écouter et faire les choses que son moi intérieur lui murmure...
J'ai été bavarde mais que c'est libérateur d'en parler !
J'ai lu avec attention les 11 pages précédentes.
Je ne vous connais pas mais je ne vous souhaite que le meilleur. (parce qu'on le vaut bien !)
Lauriane