Soizic, ma fille, notre histoire

[Blu53]

Merci Nyfa.
L’echographie S’est bien passé et tout va bien. Je suis contente mais toujours en attente de la suite... je ne peux m’empêcher De me dire : « oui mais pour Soizic à ce stade aussi tout allait bien mais ça c’est mal fini quand même! »

[Nyfa]

Je te comprend, ton ressenti est plus que compréhensible, nous savons toutes à quel point une grossesse peut être fragile et savons que rien n est acquis.
Je souhaite de tout coeur que tout se passe à merveille pour vous.

[Ann312]

C'est gentil Lucy. Le moral est très fluctuant en ce moment aussi... même si comme tu dis les hormones y sont peut être un peu pour quelque chose.. Hier matin j'ai fondu en larmes et impossible de m'arrêter. Mais aujourd'hui ça va mieux. Il suffit de pas grand chose : un beau soleil et un long déjeuner avec une de mes meilleures amies que je ne vois que trop rarement depuis qu'elle a déménagé.. Et après le boulot, elle va me faire une séance de sophrologie. Elle s'est reconvertie il y a peu et me l'a proposé en me disant que ça me ferait sans doute du bien en ce moment. Il me tarde ce soir!

Quelle bonne nouvelle pour ton echo!
On continue toutes à croiser les doigts. Je comprend tellement ton angoisse, je vis la même.. Mais j'ai décidé de "tenter" de ne pas me gâcher la vie et de profiter de chaque petite chose positive.
En gros, on prend un jour après l'autre, un rdv après l'autre.
Et même si rien n'est gagné (on n'est plus chez les bisounours et on a arrêté de croire les personnes qui nous disent "il n'y a pas de raison", parce que si justement nous avons toutes les raisons de ne pas être sereines...), nous devons nous réjouir de ces petits moments de bonheur quand ils se présentent.
J'espère que ton rdv avec la gyneco se passera aussi bien.
Je pense bien à toi et à toutes nos petites étoiles..

[Blu53]

C'est tellement ça : nous savons a quel point la vie est fragile et qu'à tout moment tout peut s'arrêter. Pour le moment, je ne pense pas trop au fait d'avoir un bébé en avril 2019 ... pour le moment, j'ai une petite graine qui pousse et on avance un jour après l'autre.

le rdv avec la gynéco n'a pas été top, elle m'a dit d'entrée de jeu : "déjà! j'aurais peut-être du vous dire d'attendre un peu avant de reprendre les essais!" C'est elle qui nous avait donné le feu vert en juin dernier, du coup ça m'a scotché et j'ai même pas demandé pourquoi!!!
Je n'ai pas été mise en confiance et je suis déçu de l'entretien ...

Oh la sophrologie c'est top, ça! Ca fait une éternité que j'en ai pas fait, mais ça m'avait bien aidé pour le stress des examens il y a quelques années ... j'espère que ça te fera du bien.

[simone]

Bonjour Lucy,

As-tu revu le /l a gynéco qui te suivait auparavant ?
Je comprends que tu ressentes un manque de confiance vis à vis de ce(tte) praticien(ne) : pourrais-tu en changer ? J'ai l'impression qu'après un événement traumatique comme nous avons pu le vivre, avoir confiance dans le corps médical qui nous suit est essentiel.

[Blu53]

Bah en faite pour ma grossesse précédente j'étais suivi par une sage-femme libérale, je n'ai plus de gynéco "ordinaire de suivi" ... j'avais une gynéco qui me suivait juste pour la PMA et quand la grossesse a été évolutive, elle m'a dit d'être suivi par une sage-femme.
Lorsque le problème a été détecté, j'ai été envoyé en mater niveau 3 ... prise en charge par tous le monde ... en fonction de qui était de garde!! Puis nous avions choisi cette gynéco parmi ceux que nous avions rencontré car nous avions un bon contact avec elle. Je l'ai vu pour le rdv post-natal et ça c'était bien passé. Du coup, je comprend pas trop son attitude d'hier ...

[simone]

Bon, si vous aviez eu un bon contact précédent; peut-être qu'il faut rester avec elle.
Ton conjoint a eu quel ressenti ?

[Blu53]

Je verrais bien comment elle est au prochain rdv et si elle est pareil qu'hier, alors je verrais pour en changer!
Mon conjoint n'avait pas pu venir avec moi au rdv

[Blu53]

Ta naissance :

"Allongé sur ce lit, dans cette salle d’accouchement, je me demande si c’est pour bientôt ta naissance ou si c’est une fausse alerte. Il était prévu que tu naisses mercredi … j’ai prévu des préparatifs de ton arrivé à faire demain … je vais faire comment si finalement tu arrives plus tôt … je ne sais pas si je suis prête … je n’ai pas encore de vêtements pour toi … Mais en même temps, je ne me vois pas encore passer 24h avec ces contractions … et puis c’est la nature qui reprend ses droits … si mon corps décide que c’est le moment, alors il faut y aller … Ton papa est là, il s’inquiète, il voit que les contractions me font mal, il a le visage fermé, sa tristesse et sa peur sont visibles sur les traits de son visage …

Une aide-soignante et une sage-femme viennent se présenter. Je ne me souviens que de la sage-femme, une jeune femme d’une petite 20aine d’année, brune avec des lunettes … elle s’appelle Eve. Elle nous explique que ce sont elles deux qui vont s’occuper de nous cette nuit … elles savent que ce n’est pas un moment facile pour nous et elles feront tout pour que ce moment soit le plus doux possible … Eve me dit : « on ne peut pas vous enlever la douleur psychologique de ce qui vous arrive, mais nous pouvons vous aider à apaiser la douleur physique. ». Elle me dit que j’aurai donc la péridurale tôt pour ne pas me rajouter de la souffrance physique. Eve m’examine, je suis bien ouverte qu’à 1 … pourtant j’ai des contractions toutes les 5 minutes … la nuit va être longue !

Elle nous conseille d’essayer de nous reposer un peu … essayer de dormir, le temps que mon col s’ouvre… Elle a posé la question à l’anesthésiste pour me mettre la péridurale et il a dit « pas tout de suite », c’est quand même un peu trop tôt. Ton papa s’installe dans le fauteuil dans le coin de la pièce, avec une couverture, il essai de dormir. Moi je suis allongé dans le lit, j’essaie de me reposer malgré les contractions … Je les gère avec ma respiration, j’y arrive grâce au cours de sophrologie que j’ai pris il y a bien longtemps … je n’ai pu faire qu’une seule séance de préparation à l’accouchement, durant laquelle nous n’avons abordé que le périnée… Je ne sais même pas comment poussé lorsque le moment sera venu …

Les heures passes … ton papa somnole dans le fauteuil … je somnole entre deux contractions qui me réveillent … elles sont plus ou moins régulière … La sage-femme et l’aide-soignante passent me voir toutes les 30 à 45 minutes … Je suis fatigué, dans un état second, j’ai envie que ce cauchemar se termine … A minuit, je suis toujours ouverte qu’à 1, je me dis qu’il ne va jamais s’ouvrir ce col !! Eve me propose de prendre un bain chaud pour me détendre et soulager les contractions … Elle me fait couler l’eau, ton papa apporte son fauteuil à côté de la baignoire afin d’être proche de moi … Je m’installe dans cette eau chaude, c’est agréable effectivement et ça me détend … mais ça ne rend pas moins douloureuse les contractions … J’y resterai une bonne heure.

Eve me demande de mesuré ma douleur sur une échelle de 0 à 10 … Je réponds 7, elle me demande si je suis sûr … selon elle, quand les femmes ont des contractions douloureuse à 7/10, elles crient, alors que moi je ne crie pas … Pourtant j’ai mal, tellement mal … je ne crie pas de douleur mais j’ai mal … si je crie, je ne pourrais pas contrôler ma respiration pour gérer la douleur … Je suis perdue, peut-être que je n’ai pas si mal que ça alors … peut-être que c’est surtout intérieurement que j’ai mal … la douleur physique n’est que peu de chose par rapport à ma douleur psychologique ? Je révise la note de ma douleur à 5-6, mais en fait je ne sais pas … je me sens perdu dans ma douleur …

Vers 3h du matin, on m’examine de nouveau et mon col a enfin bougé … il est ouvert à 3 !! Le chemin me semble encore long. Mais Eve me dit qu’on n’attendra pas la dilatation totale pour te faire sortir…Vu que tu es toute petite, elle estime que je pourrais accouchement en étant ouverte à 6 … j’en suis donc à la moitié du chemin … Et puis elle va voir l’anesthésiste … ça y est, il accepte de me mettre la péridurale … il va bientôt venir ! Eve me demande si je la veux toujours, je dis oui … et en même temps ton papa dit non … je répète que si je la veux … Elle sort. Ton papa me dit : « tu es sûr que tu la veux ? Avec ce qui nous arrive, on ne va peut-être pas tenter le diable ! » Il a peur enfaite … on t’a perdu et à présent, il a peur de me perdre à mon tour … il a peur que la péridurale se passe mal … qu’il me rate et me retrouve paralysé ou que je fasse une réaction au produit … Je le rassure comme je peux, ça va aller, il n’y a pas de raison que ça se passe mal …

L’anesthésiste arrive avec son interne vers 4h30 du matin, Eve est là aussi. Il me pose quelques questions de routine, puis on demande à ton papa de sortir de la chambre le temps de la pose de la péridurale. C’est l’interne qui va me la poser, l’anesthésiste m’explique la procédure. Je m’assois puis recule sur le lit afin de m’assoir juste sur le bord, je plie mes jambes … j’écoute et applique toutes les consignes de l’anesthésiste, il m’encourage … il me dit que c’est bien … je fais le dos rond … encore un peu plus si possible Madame …
J’en ai entendu des histoires d’anesthésiste pas aimable avec des femmes enceintes lors de la pause de la péridurale … je suis chanceuse, lui, il est bien … il me parle calmement, m’explique, m’encourage et me félicite … Pendant ce temps, son interne prends ses repères dans mon dos … Eve s’est installé sur le lit à ma droite, elle m’a pris la main et me demande de la regarder … Elle me demande qu’elle est mon métier, je lui dit que je suis travailleuse sociale … Eve me répond : « Vous et moi, on fait un peu le même travail en fait, on aide les autres. Eh bien aujourd’hui, c’est à moi de vous aider ! » Je me sens entouré, ma chérie, nous sommes dans un cadre bienveillant et rassurant. On attend qu’une grosse contraction passe, je fais bien le dos rond … et l’interne pique.

Ca y est, j’ai la péridurale … on me donne la pompe, c’est moi qui gère en fonction de la douleur. Ton papa revient dans la salle, il me demande comment je vais … je le rassure. Je vois bien qu’il est inquiet, il est assez silencieux … son visage est marqué par la tristesse et la peur …

Mes jambes s’engourdissent petit à petit … l’anesthésiste m’a dit qu’il était important que je puisse toujours les bouger un minimum et m’a dit de plier légèrement les genoux de temps en temps … Les contractions sont toujours là … et de même intensité … Eve me dit qu’elles devraient être moins douloureuse … mais c’est pareil … l’anesthésiste revient … il me rajoute du produit d’un coup … du fait que je suis corpulente, il pense qu’il n’a pas mis assez au niveau des doses … Rien n’y fait … les contractions sont toujours douloureuses … il fera plusieurs aller/retour dans ma chambre les heures suivantes … Petit à petit, ma jambe droite s’efface … comme si elle n’existait plus … je ne la sens plus du tout et ne peut plus du tout la bouger … Cette sensation m’angoisse … et renforce le sentiment de ton papa que je n’aurais pas dû prendre le risque de la faire …

On ne sait pas si la poche des eaux est rompus, Eve veut la percer … Elle introduit une sorte d’aiguille à tricoter … mais ne trouve pas de poche des eaux à rompre … elle suppose qu’elle est déjà rompue … certainement en même temps que quand j’ai eu les saignements …

Ainsi, je me retrouve immobile dans un lit, avec des contractions douloureuses et une péridurale qui ne fonctionne pas vraiment … Elle a été posé trop bas et trop à droite … tout va dans ma jambe droite … on m’installe sur le côté gauche pour faire basculer un peu le produit … c’est un peu mieux … Vers 7h30, on me propose de l’enlever et de la refaire … je refuse … j’en ai marre … je veux qu’on me laisse tranquille … Je gère mes angoisses de ne pas sentir ma jambe, la douleur physique des contractions et la douleur psychologique de ta perte … Il est temps que ça se termine !

A 8h, Eve m’informe qu’elle va aller aux transmissions et dans 30 minutes, une nouvelle équipe va venir se présenter à nous … elle me souhaite bon courage pour la suite … Avant de partir, elle m’informe que l’on va me donner un médicament qui va provoquer des contractions plus fortes pour tenter d’accélérer l’ouverture du col. Pour l’instant, je ne suis toujours ouverte qu’à 3. A 8h15, l’aide-soignante m’apporte les comprimés, je les prends …

Je n’en peux plus, je suis à bout, sur les nerfs … Je commence à trembler de partout, je sens que mes nerfs lâchent … je ne contrôle pas mes tremblements … je claque des dents … Je dis à ton papa que je n’en peux plus … je suis fatigué, je veux que ça s’arrête … je prie pour que ça se termine vite …

D’un coup, sans prévenir, les contractions s’enchaînent … une puis deux puis trois à suivre avec seulement quelques secondes de répits … je pensais que ça allait s’arrêter mais non, ça continue de s’enchaîner à toute vitesse … Ton papa s’était à nouveau assis dans le fauteuil … je tente de parler pour l’alerter mais c’est difficile … j’appuie sur la sonnette … Ton papa réagit et comprends que les contractions s’enchaînent … L’aide-soignante vient me voir, elle comprend et va chercher la sage-femme …

Il est aux alentours de 8h40, c’est Eve qui revient dans la salle … pourtant elle est censé avoir fini le travail … Elle soulève les draps et me dit : « Madame votre col a lâché d’un coup, votre bébé est là, je le vois, ne poussez pas, on s’installe ! ». Ca y est, c’est le moment … c’est maintenant … Mon col est passé de 3 à dilatation totale en à peine 30 minutes … Eve et une aide-soignante s’équipe à toute vitesse : blouse, gant, lunette, charlotte … Elles installent mes jambes, sortent des draps ou serviettes … Ton papa est là à mes côtés, il me demande si je veux qu’il reste … je dis oui ! Il prend sur lui pour rester, alors qu’il n’a qu’une envie : sortir ! Moi j’ai mal, je respire comme je peux avec la douleur … je ne réalise pas vraiment ce qui se passe …

Eve me dit de pousser … je prends une grande inspiration et pousse … les yeux fermés … Elle me redit « pousser ». J’ouvre les yeux, je prends conscience que j’ai retenu ma respiration et ma poussée au niveau abdominale … Je recommence à nouveau … cette fois-ci c’est bon j’ai compris comment faire … Puis le silence … j’ai les yeux fermés, je n’entends rien, je pousse à nouveau alors … et j’ouvre les yeux … je vois que Eve et l’aide-soignante sont occupées … Eve fini par relevé la tête et me dis : « je m’occupe de votre fille Madame » …
Ainsi, tu es donc née … tu es sortie de mon ventre… je ne t’ai pas sentie passé, à mon plus grand regret … et je ne t’ai pas entendu non plus … tu es née dans un silence de mort … Ton papa me tient la main, je les vois penché sur toi, mais moi je ne te vois pas … Les larmes coulent sur nos visages, c’est fini … tu n’es plus dans mon ventre … et ce silence … il est terriblement douloureux !

Nous sommes le mardi 24 Avril 2018, tu es "née" en silence à 8h46, à 26SA+6."

[Blu53]

Il m'a été difficile d'écrire cette partie, mais il m'étais nécessaire de la mettre par écrit :

"Elles nous demandent si on veut te voir … je ne sais pas … je veux te voir oui, mais là je crois que c’est trop tôt, trop dure … Je regarde ton papa, je le questionne du regard … il me dit « non, pas tout de suite » … alors je réponds « pas tout de suite ». Je vois l’aide-soignante sortir de la salle avec toi, enveloppé dans un drap, dans ses bras … je pleure … mon bébé … pourquoi toi ? Pourquoi nous ? C’est si injuste … J’avais tant rêvé de ce moment de rencontre avec toi, ça aurait dû être un moment de bonheur … Je suis brisé.

Et puis je m’en veux de ne pas pouvoir te voir dans l’immédiat … je sais bien qu’on fait ce qu’on peut …mais je voulais t’accueillir dans de bonnes conditions … je voulais pouvoir te tenir dans mes bras aussitôt après … Je voulais être forte mais c’est si douloureux … Je souhaite pouvoir retenir mes larmes quand tu seras dans mes bras et être capable de te parler …

Eve regarde mes saignements, elle me dit que tu es née dans ton placenta … finalement la poche des eaux n’étaient pas rompus mais il n’y avait tellement plus de liquide amniotique que la poche te collait à la peau … Je me dis que tu devais être bien à l’étroit et ne peux m’empêcher de me demander si tu as souffert …
Avant d’aller vérifier à l’intérieur de moi si tout est évacué, Eve préfère aller vérifier ce qui est venu avec toi … Avant de sortir de la chambre, elle nous demande si tu as un prénom … SOIZIC … notre fille s’appelle Soizic. Elle nous demande également si nous avons prévu une tenue pour toi ou un doudou … nous n’avons pas encore de tenue, il était prévu que l’on voit cela dans la journée … et ton doudou, nous l’avons oublié dans ma chambre … je m’en veux mais la sage-femme me dit que ce n’est pas grave, ils ont des petits vêtements adaptés à te mettre …

Avec ton papa, on se retrouve tous les deux dans la chambre … j’ai le ventre bien vide … quelques contractions se font encore sentir mais elles s’estompent. Ton papa me prends dans ses bras, il est rassuré de voir que je vais bien … mais nous sommes si triste de t’avoir perdu … Je pleure dans les bras de ton papa, il me console, il me dit de ne pas pleurer … que ça va aller … qu’on va se relever.

Eve revient, il semble que tout soit bien sorti en même temps que toi … elle ne veut pas m’infliger un examen de plus en allant fouiller à l’intérieur … Une interne en gynécologie va venir me faire une échographie pour vérifier. Elle nous dit aussi que tu es belle, très belle même … Elle nous annonce que tu pèses 530g … 530g, ce chiffre résonne dans nos têtes … Ton poids était estimé inférieur à 500g, ce qui avait conduit à une non prise en charge active … 530g … et si … nous aurions peut-être dû insister pour une prise en charge active …

Eve nous explique qu’ils vont prendre des photos de toi et les empreintes de tes pieds et mains, ce sera mis dans ton dossier et nous pourrons les récupérer quand on veut … je sais que je les prendrais avant de partir de l’hôpital. Il est 9h30, Eve nous souhaite bon courage pour la suite …elle rentre chez elle … nous l’a remercions d’être resté à nos côtés pour ta naissance.

L’échographie montrera qu’apparemment mon utérus est bien vide, mais ils ont un doute, alors ils vont surveiller si j’ai une montée de température. Pour faire ton bracelet de naissance, on nous demande ton nom de famille, on te donne celui de ton papa … Ton bracelet de naissance et le mien de la maternité sont créés mais ne seront jamais détachés l’un de l’autre … je les récupèrerais ainsi.

Nous sommes toujours dans la salle de naissance, je suis plus calme … je vais retourner dans ma chambre d’ici la fin de matinée. Je suis dans un état second … j’ai dû mal à réaliser que tu n’es plus dans mon ventre. Ton papa, je le sens en colère … en colère parce que la médecine n’a pas pu te sauver … en colère car tu fais plus de 500g et que nous aurions dû faire quelque chose … Il se tient debout les bras croisés et dit que ce n’est pas normal … qu’ils se sont trompés dans l’estimation de ton poids … que nous aurions dû insister pour qu’ils te prennent en charge activement … Je lui demande d’arrêter … de se taire … J’ai bien assez de ma culpabilité, moi aussi je me pose cette question … je n’ai pas besoin que ton papa rajoute le poids de ses doutes au mien …

L’aide-soignante revient nous voir, elle nous demande si on veut te voir à présent … je dis oui ! Ton papa me demande si je suis sûr, si je suis prête … je ne sais pas si je suis prête, mais je suis sûr que je veux te voir …

L’aide-soignante revient avec un petit couffin blanc, souple, qu’elle dépose dans mes bras … elle nous prévient que tu es un peu violette du fait du manque d’oxygène … je te découvre pour la première fois … Effectivement la couleur de ta peau un peu violacé me fait un petit choc, mais je constate surtout que tu as déjà la peau un peu métissé … Que tu es belle ma fille. Je te trouve tellement magnifique … le plus beau de tous les petits cœurs … L’aide-soignante nous précise qu’ils t’ont réinstallé dans la position dans laquelle tu es née, puis nous laisse tous les trois.

Tu as tes deux petites mains positionnées sous ta joue droite, tu parais si paisible … on dirait que tu dors … Tu es toute petite, la peau chocolat au lait … des petits cheveux noirs ondulés collés sur ta peau, le nez de ton papa, mes lèvres et mon menton … A mes yeux, tu es la plus belle des petites filles…
On m’avait parlé de cette sensation qui vous envahit lorsque l’on rencontre son bébé pour la première fois … je ne pouvais pas imaginer à quel point c’était intense … Quand je t’ai vu, une vague est venue me submergée de la tête au pied … une vague d’amour a m’en couper le souffle … la plus belle des émotions … mon amour pour toi ma fille …

Ton papa est là aussi, à mes côtés et ensemble on t’admire … toi, le fruit de notre amour … notre petit bonheur envolé… Je voulais graver dans ma mémoire ton doux visage, alors nous sommes restés là à t’admirer … nous avons caressé tes joues … chatouiller du bout de l’index le creux de tes mains … J’ai voulu te parler, je t’ai dit que je t’aime …
Et puis c’est arrivé … une seconde vague est venue me submergé … par surprise, elle m’a envahie, avec douleur … cette vague de souffrance sans crier gare m’a brisé … les larmes ont commencés à couler … je ne te voyais plus qu’à travers ce rideau de tristesse … j’ai entendu mon cœur se cassé en mille morceau … Tu étais si belle, mais tu étais morte … tu ne respirais pas … ton cœur ne battait pas … et tes yeux clos ne s’ouvrirait jamais …

Quelle triste réalité … Je pleure de plus en plus, je n’arrive pas à me contrôler … j’ai envie de crier … c’est tellement injuste et douloureux … Ton papa me prends dans les bras, il est désemparé face à mon chagrin … il me dit : « chut, ne t’inquiète pas, ça va aller »… puis il appuie sur la sonnette … L’aide-soignante arrive, ton papa lui dit de te reprendre, que ça suffit pour l’instant … il fait ce qu’il pense être le mieux pour moi … je ne dis rien, je redonne ton petit corps à l’aide-soignante et tandis qu’elle t’emmène loin de moi … mon désespoir me submerge et j’éclate en sanglot …"

Soizic, ma princesse, je t'aime