Bonjour petite mamange,MamangedIsaac a écrit : ↑05 juin 2017, 11:30 Bonjour,
Je suis triste de te lire et de te retrouver ici.
J'ai également perdu mon bébé in utéro, son coeur s'est arrêté de battre à 24 SA ce 6 Mai 2017.
J'ai dû subir une IMG...C'est horrible.
Je sais pertinemment ce que tu vis, la colère, la tristesse, la haine, l'injustice, tout ses sentiments s'entremêlent...c'est pas facile.
Défois, j'ai l'impression d'être bipolaire, un moment je suis OK, le moment d'après K.O.
Mais bon, je suis maman déjà de deux enfants de 8 ans et 4 ans, je me dois d'être forte.
J'essaie de leur faire plaisir, sorties, piscine, plage même si mentalement j'aimerais être ailleurs. Je ne leur montre rien, je ne veux pas qu'ils en souffrent et subissent mes etats d'humeur.
Courage à toi, le temps pansera nos blessures, je l'espere...
La vie peut paraître injuste et elle l'est ! Mais restons forte, même si c'est facile à dire.
Ne refoules pas tes sentiment, vides ton sac et dis tout ce que tu as sur ton coeur ça fais du bien. Je t'assure. Mon mari subit tout mes changements d'humeur, le pauvre...c'est mon exutoire mais c'est le seul a qui je peux confier tous mes états d'âmes suite à cette épreuve difficile.
Parles-tu svt avec ton mari de ta tristesse ? De la perte de ton bébé? A t-il une écoute attentive ?
Les hommes ont une facilité de "tourner la page", c'est hallucinant. Ils n'ont pas porté la vie, n'ont pas eu tous les symptômes de grossesse, ne l'ont pas senti bougé, ne l'ont pas accouché... c'est peut-être la raison. Je ne sais pas. Ou ils intériorisent tout....
C'est pas facile ce qui nous arrive, vraiment pas facile. Que Dieu nous aide.
Je suis désolée pour ton petit Isaac , mon petit Jules est également parti le 06 mai.
Tu parles de bipolarité, c'est bien vu , exemple parfait j'arrive a vous répondre présentement a toutes avec un certain recul alors que je sais que je m'effondrerai sous peu, avec une volonté évidente de sauter par le fenêtre et de pleurer tout mon soûl jusqu'au moment ou mon esprit épuisé me laissera de nouveau tranquille.
J'ai toujours eu une peur panique de la mort de mes proches sans imaginer une seconde (mais comment aurais je pu ?) que la premiere fois ou j y serai réellement confrontée, ce serait lorsque le coeur de mon fils s'arrêterait de battre contre ma poitrine. Le 6 mai dernier mon fils est parti en emmenant ce qui restait de mon enfance et de mon insouciance face à cette vie injuste et cruelle.
Il n'y a pas vraiment de mots pour tout ça et pourtant j'arrive a écrire même si ça me tord le coeur et les entrailles.
Le fait que tu tienne bon pour tes enfants est admirable et j'imagine essentiel pour eux car ils ont besoin de toi et pour toi car dans l'epreuve épouvantable que tu vis, cela te permet de focaliser ton esprit sur la vie.
Peu de temps après mon accouchement, j'ai réalisé pleinement ceci, c'est d une banalité extreme et pourtant tellement vrai : comment peut on nous qualifier de sexe faible ?
Ce chagrin de femme, de mère que nous vivons, ce deuil moral et physique, qui a part une autre femme pour le comprendre ?
Tu as perdu ton bébé et malgré tout cela, tu tiens bon, pour tes enfants,pour tes proches et tu survis chaque jour. Tu es courageuse et admirable.
Pour ce qui est des hommes, je pense qu'ils mettent en distance cet evenement car ils ne peuvent être présents auprès de nous qu'en étant forts et inébranlables en apparence, c'est pour ça je pense que parfois nous avons l'impression qu'ils passent a autre chose. Pour nous aider a reprendre le chemin de la vie, du quotidien car ils ont besoin de nous pour survivre et redonner un sens au futur.
Mon mari est très présent , très a l'écoute, je vide mon sac et mes angoisses sur lui et il me tient la main en me parlant du futur et des couleurs qu'on y remettra. Notre amour est notre bouée de sauvetage. Et pourtant parfois je lui en veux terriblement quand il me dit que ça va aller... qu'en sait il ? Il n' a pas porté ce bébé, et ne peut pas comprendre que c'est mon corps entier qui pleure et est traumatisé par la violence de cet accouchement en urgence auquel je n etais pas préparée et la cruauté de l absence de mon petit garçon.
Et pourtant... lui aussi a perdu son fils et aimerait alleger mon chagrin. La mort de Jules nous a fait promettre d'etre toujours dans la bienveillance l'un par rapport a l autre.
Lui reprocher de ne pas comprendre ce chagrin de mère reviendrait a lui reprocher de n'etre qu'un homme et de ne pouvoir enfanter. Oui ils ont du chagrin et non ils ne peuvent pas comprendre. Ils le savent au fond d eux mêmes crois moi et en souffrent.
Que dieu nous vienne en aide meme si je pense que l'apaisement est quelque part en nous, fébrile sous tout ce chagrin et que cette force insoupçonnée nous fera nous relever seules.
Je t embrasse
Marion.