Re: Et maintenant ?
Posté : 19 juin 2025, 09:46
Bonjour Awb,
Je me reconnais beaucoup dans ton parcours et dans tout ce que tu écris. Merci de poser ces mots sincères sur ce que tu vis, c’est une aide de me reconnaître dans ton parcours. On doit se l’approprier, même si on n’en veut pas !
Nous avons beaucoup plus en nous la conscience de la fragilité de la vie puisque nous l’avons vécu à l’intérieur de nous-mêmes, dans notre chair. Les sentiments qui en découlent peuvent véritablement s’avérer difficiles à vivre : de l’angoisse à là négativité, il n’y a qu’un pas. (Voir tout en noir, imaginer le pire…) Et de la négativité à la culpabilité il n’y a aussi qu’un pas (on se reproche d’être inquiète et on s’inquiète des répercussions de cette inquiétude sur nous-mêmes et sur notre entourage) c’est un peu le cercle vicieux dont il nous faut sortir. Mais comment ? En extériorisant (c’est ce que nous faisons) et aussi je pense, en essayant de savourer les toutes petites choses de tous les jours, même si elles n’ont plus complètement la même saveur car nous savons désormais que tout peut nous être arraché du jour au lendemain. Oui le pire peut arriver, c’est certain, mais ce n’est pas parce qu’il peut arriver qu’il va arriver. Et le meilleur aussi peut arriver. La vie est pleine de surprises : bonnes et mauvaises et tout le monde un jour expérimente la douleur de la perte. Notre perte à nous est évidemment une des pires, mais j’ai compris qu’il ne servait à rien de vouloir comparer les douleurs. On ne peut vivre que la sienne, de toutes façons. On ne peut pas se mettre à la place des autres et personne ne peut se mettre à notre place.
La douleur, ça ne se compare pas, m’a dit un jour le psy. Ça m’a fait un déclic.
Je ressens une sorte de confusion à éprouver tout ça en même temps, à ne plus jamais connaître l’insouciance totale la légèreté et l’optimisme serein. Bien sûr que c’est dur, et même très dur. Encore et toujours. Et j’ai aussi cruellement et souvent manqué de patience envers mes deux aînés à qui leurs petits frère et sœur manquent aussi! Et je me suis dit la même chose que toi : dire que j’en veux un autre plus que tout, et eux je n’arrive même pas à être à la hauteur pour eux... qui sont encore bien petits pour vivre une telle déflagration. Mon espace mental est saturé et il me reste trop peu de place en moi pour tout le reste (l’organisation du quotidien, le travail, il faut faire aussi de la place pour les soins que je m’accorde (psy et groupe de parole…)
C’est envahissant de penser et de panser notre deuil. C’est un travail à part entière, que personne ne soupçonne, qui est infiniment intérieur et profond. Je crois qu’il est de ces travails qu’on ne peut faire totalement seule, on a besoin d’être accompagné, soutenu, entendu. Je m’entoure comme je peux de femmes qui sont passées par là et j’ai bien pris conscience que les autres ne peuvent pas totalement comprendre, tout comme je ne comprenais pas avant, moi, ce que ça pouvait représenter en termes de souffrance, de perdre un bébé qui n’est pas encore né. Je me racontais des histoires rassurantes.
Ce travail de reconstruction j’y consacre du temps, de l’énergie et de l’argent. Je n’ai pas le choix.
J’ai aussi réalisé que je serai toujours en deuil maintenant. Quoiqu’il se passe. Jusqu’à la fin de mes jours.
C’est ainsi et cela fait partie de moi, je dois apprivoiser cette réalité. Cette nouvelle personne.
Ma fille Iroise me manque terriblement. Mon petit Gwennili aussi, bien sûr. Même si dans la vie ils n’auraient sans doute pas pu exister tous les deux. Je les aime d’un amour éternel et passionné.
Perdre son arc-en-ciel est absolument inhumain. Le faire vivre en soi est une vraie mission de vie. En faire quelque chose pour soi et pour les autres. Cela me parle de plus en plus, au-delà de ma souffrance, qui parfois s’apaise un peu, mais pas longtemps.
A la fois je me tiens debout, forte, combative, déterminée à survivre et même à revivre un jour, et de l’autre côté je doute de m’en relever complètement un jour. J’ai peur.
Nous devons réapprendre à aimer la vie, et à lui faire confiance, et retrouver confiance aussi dans nos capacités à réapprendre tout cela.
L’écriture est un des moyens, l’art et le savoir aussi, pour ma part.
J’ai réalisé un rêve que j’avais d’avoir chez moi un piano. Je suis très fière qu’il soit là et qu’il ramène de la vie et de la voix chez nous. Les enfants aiment le faire sonner. Un jour peut-être joueront-ils de jolis morceaux émouvants.
Je pense bien à vous, vous qui me faites l’honneur de me lire, et je pense fort à tous nos bébés qui sont dans un monde meilleur et qui voudraient nous voir heureuses.
Je me reconnais beaucoup dans ton parcours et dans tout ce que tu écris. Merci de poser ces mots sincères sur ce que tu vis, c’est une aide de me reconnaître dans ton parcours. On doit se l’approprier, même si on n’en veut pas !
Nous avons beaucoup plus en nous la conscience de la fragilité de la vie puisque nous l’avons vécu à l’intérieur de nous-mêmes, dans notre chair. Les sentiments qui en découlent peuvent véritablement s’avérer difficiles à vivre : de l’angoisse à là négativité, il n’y a qu’un pas. (Voir tout en noir, imaginer le pire…) Et de la négativité à la culpabilité il n’y a aussi qu’un pas (on se reproche d’être inquiète et on s’inquiète des répercussions de cette inquiétude sur nous-mêmes et sur notre entourage) c’est un peu le cercle vicieux dont il nous faut sortir. Mais comment ? En extériorisant (c’est ce que nous faisons) et aussi je pense, en essayant de savourer les toutes petites choses de tous les jours, même si elles n’ont plus complètement la même saveur car nous savons désormais que tout peut nous être arraché du jour au lendemain. Oui le pire peut arriver, c’est certain, mais ce n’est pas parce qu’il peut arriver qu’il va arriver. Et le meilleur aussi peut arriver. La vie est pleine de surprises : bonnes et mauvaises et tout le monde un jour expérimente la douleur de la perte. Notre perte à nous est évidemment une des pires, mais j’ai compris qu’il ne servait à rien de vouloir comparer les douleurs. On ne peut vivre que la sienne, de toutes façons. On ne peut pas se mettre à la place des autres et personne ne peut se mettre à notre place.
La douleur, ça ne se compare pas, m’a dit un jour le psy. Ça m’a fait un déclic.
Je ressens une sorte de confusion à éprouver tout ça en même temps, à ne plus jamais connaître l’insouciance totale la légèreté et l’optimisme serein. Bien sûr que c’est dur, et même très dur. Encore et toujours. Et j’ai aussi cruellement et souvent manqué de patience envers mes deux aînés à qui leurs petits frère et sœur manquent aussi! Et je me suis dit la même chose que toi : dire que j’en veux un autre plus que tout, et eux je n’arrive même pas à être à la hauteur pour eux... qui sont encore bien petits pour vivre une telle déflagration. Mon espace mental est saturé et il me reste trop peu de place en moi pour tout le reste (l’organisation du quotidien, le travail, il faut faire aussi de la place pour les soins que je m’accorde (psy et groupe de parole…)
C’est envahissant de penser et de panser notre deuil. C’est un travail à part entière, que personne ne soupçonne, qui est infiniment intérieur et profond. Je crois qu’il est de ces travails qu’on ne peut faire totalement seule, on a besoin d’être accompagné, soutenu, entendu. Je m’entoure comme je peux de femmes qui sont passées par là et j’ai bien pris conscience que les autres ne peuvent pas totalement comprendre, tout comme je ne comprenais pas avant, moi, ce que ça pouvait représenter en termes de souffrance, de perdre un bébé qui n’est pas encore né. Je me racontais des histoires rassurantes.
Ce travail de reconstruction j’y consacre du temps, de l’énergie et de l’argent. Je n’ai pas le choix.
J’ai aussi réalisé que je serai toujours en deuil maintenant. Quoiqu’il se passe. Jusqu’à la fin de mes jours.
C’est ainsi et cela fait partie de moi, je dois apprivoiser cette réalité. Cette nouvelle personne.
Ma fille Iroise me manque terriblement. Mon petit Gwennili aussi, bien sûr. Même si dans la vie ils n’auraient sans doute pas pu exister tous les deux. Je les aime d’un amour éternel et passionné.
Perdre son arc-en-ciel est absolument inhumain. Le faire vivre en soi est une vraie mission de vie. En faire quelque chose pour soi et pour les autres. Cela me parle de plus en plus, au-delà de ma souffrance, qui parfois s’apaise un peu, mais pas longtemps.
A la fois je me tiens debout, forte, combative, déterminée à survivre et même à revivre un jour, et de l’autre côté je doute de m’en relever complètement un jour. J’ai peur.
Nous devons réapprendre à aimer la vie, et à lui faire confiance, et retrouver confiance aussi dans nos capacités à réapprendre tout cela.
L’écriture est un des moyens, l’art et le savoir aussi, pour ma part.
J’ai réalisé un rêve que j’avais d’avoir chez moi un piano. Je suis très fière qu’il soit là et qu’il ramène de la vie et de la voix chez nous. Les enfants aiment le faire sonner. Un jour peut-être joueront-ils de jolis morceaux émouvants.
Je pense bien à vous, vous qui me faites l’honneur de me lire, et je pense fort à tous nos bébés qui sont dans un monde meilleur et qui voudraient nous voir heureuses.