Forum de l'association Petite Émilie

Moi je vois bien pourquoi tu t'es persuadée que ça irait après 5 semaines de boulot. On se dit que ça nous aidera à penser à autre chose, '' ça te fera du bien '', on pense qu'on aura des moments où le cerveau va arrêter de ne tourner qu'autour de ce qu'on a vécu, pour certains ça marche et d'autres pas. Et encore, ça marche un temps je pense. On est dans notre bulle, centrées sur soi, ( et c'est nécessaire dans cette période !). On se dit qu'on va retrouver notre vie normale d'avant tout ça, retrouver une routine rassurante, comme si tout avait été un affreux cauchemard...
Sauf que la réalité nous rattrape et elle court bien plus vite que nous !

C'est le deuil qui se fait avec toutes ses étapes, mais c'est pas une jolie petite liste qu'on raye une fois que c'est passé, non, chaque matin c'est plutôt un lancé de dés et on sait pas sur quoi on va tomber : déni, colère, tristesse, ect..? Ah encore le déni ? Et bah allez et avec ça un peu de colere aussi... Oh et puis finalement brassez tout et mettez le paquet !...

Et à mon avis, on a pas le choix, il faut traverser tout ce bordel d'émotions et de souffrance pour éviter que ça nous explose en pleine face plus tard.
Pour ma part ça va faire 2 mois et enfin je me relève, je ne suis plus dans ce tourbillon d'émotions qui rend dingo. J'ai toujours un coup de blues dans la journée bien sur, mais je reprend goût et un peu de confiance en la vie, malgré son horrible trahison.
Et il n'y a que le temps, que le fait d'en parler qui va adoucir les choses, même si on est plus que sceptiques quand on nous dit ça au début, ce moment là arrive un jour. Mais attention chacun son rythme, on est pas tous égaux devant la manière de gérer tout ça.
Mais si tu as besoin de voir une psy fonce, pense à toi, elle mettra des mots sur les maux, il n'y a que ça pour soulager. J'espère que mardi tu retrouveras ta collègue qui est au courant de ce qu'il t'est arrivé, tu auras un soutien mental dans le coin, peut être que cela t'aidera.

Ce que tu écris Julia est très juste (ou en tous cas me parle beaucoup, à moi). Ces émotions imprévisibles qui vont et viennent et qu'il faut traverser pour un jour être apaisée avec cette histoire.

Reprise du boulot pour ma part cette semaine, mardi, un mois après mon IMG.

Mardi et mercredi, au boulot j'ai plutôt géré, arrivée à la maison des larmes de fatigue, de vide (et aussi de "mais qu'est-ce que je fous dans ce job?").
Mercredi, entre deux réunions, j'avais mon RDV post-IMG avec une gynécologue de ville que j'avais vue une fois il y a 2 ans et qui m'avait parue sympa. Elle fait de la PMA, et je n'avais plus envie de revoir la gynécologue qui me suivait auparavant. J'arrive, et alors que j'avais bien pris soin de prendre RDV avec elle et pas avec sa remplaçante, je tombe évidemment sur sa remplaçante. Cette dernière n'était pas du tout désagréable mais je ne sais pas ce qu'il s'est passé en moi, je me suis liquéfiée et j'ai eu envie de prendre mes jambes à mon cou. En plus cette remplaçante ne fait pas de PMA et donc j'ai du reprendre RDV avec la gynécologue avec laquelle j'avais RDV à la base pour pouvoir envisager la reprise des traitements (même si ce n'est pas pour tout de suite).
Jeudi, alors là, le cauchemar. Ca commence par qqn de mon équipe qui me dit "bienvenue et félicitations pour votre petit dernier" (je ne sais même pas qui lui a dit que j'étais enceinte car j'ai quitté le travail à 5 SG pour cause de vomissements intenses) . Je me suis décomposée intérieurement et j'ai répondu qu'il n'y a pas eu de petit dernier. Il s'est évidemment confondu en excuses.

Puis quelques heures après, réunion avec un grand nombre de collègues, et 3 d'entre eux viennent me voir pour me féliciter de ma grossesse. Ils avaient appris que j'étais enceinte mais ne savaient pas pour la suite...
Evidemment, impossible de retenir mes larmes...
Je suis rentrée chez moi décomposée.

Voilà... semaine difficile, nous n'avons toujours pas reçu le caryotype et donc je ne connais toujours pas le sexe de mon bébé, et ça commence à être long...

La semaine qui précédait j'allais plutôt bien, mais j'avoue que cette semaine je me suis sentie comme un vase brisé en mille morceaux, vraiment très vulnérable.

Bon week-end à toutes

Je suis désolé de la violence de l'ignorance de tes collègues. J'espère que suite à cette journée, les gens échangeront entre eux et ne referont pas cette erreur.

J'ai vécu ce genre de chose quelques jours après l'accouchement, je revois un mail du service paie du boulot '' félicitations pour votre accouchement. Vous ne m'avez pas encore envoyé les papiers pour inscrire votre enfant à la mutuelle, je vous rappelle que celle de l'enterprise est obligatoire. '' ma réponse à été assez froide.
Courage l'attende d'examens semble toujours interminable.

Bonjour,

Anne j’espère que tu te ressources ce week-end, que tu reprends ton souffle après ces émotions que je comprends tout à fait, je suis en plein dedans au boulot. On a repris à la même date à un jour près si j’ai bien suivi.
Mardi j’ai senti que mon cerveau suivait mieux que vendredi.
Ça m’a donné du courage.
Mardi fin de journée je devais avoir un temps de visio avec le DRH mais il a été retenu. Donc il m’a fait quelques nouvelles propositions de créneaux : 18h30 le lendemain, 18h30 le surlendemain, et sinon entre midi et 14h. Je n’avais que l’embarras du choix.
J’ai donc répondu que dans la cadre de ma reprise après une longue absence, je préférais me ménager dans un premier temps. J’ai contenu mon agacement mais quand même, il est DRH, mon directeur qui qui est directeur général est le seul au courant, il a quand même dû lui en toucher un mot.
Sauf qu’à priori non, j’ai reçu en retour « oui bien entendu, le plus important est que votre bébé aille bien ».
Là j’ai bloqué une bonne heure devant mon PC, cette phrase tournait, et j’ai commencé à me demander si mon bébé allait bien... là où il est. Très compliqué.
Je remonte dans ma voiture, toujours en pleurs , et je décide de répondre au DRH. C’était vital et je ne me regrette même pas. Bien sur réponse glaçante de ma part, je ne savais pas faire autrement.
Depuis, plus de nouvelles de lui. Et ce n’est pas plus mal.
Mercredi matin j’ai dû me forcer à repartir bosser. Heureusement que je mixe présentiel et télétravail.
Et aussi heureusement que je suis en congé dans une semaine.
Voilà. Les collègues ne savaient pas que j’étais enceinte et c’est à double tranchant. D’un côté je n’ai pas à m’expliquer, sauf avec ce DRH qui a dû voir passer mon arrêt maladie avec la case cochée grossesse pathologique. De l’autre, le fait qu’il ne sache rien m’oblige à faire beaucoup d’efforts pour faire bonne figure et me montrer « à peu près présente ».
En réalité une partie de moi est encore ailleurs, comme suspendue. Je suis dans une sorte de sas, un entre deux bizarre.
Je suis remontée à la surface certes mais c’est le vide sidéral, avec des moments où ça va à peu près et d’autres où tout m’est insupportable.

Pour autant je veux tout de même continuer à bosser, à mon rythme certes mais ne pas m’arrêter, du moins pour l’instant. En fait la reprise du boulot n’est pas le problème, elle n’a fait que révéler la fragilité de mon état même si je me sentais prête et mieux.
Ça m’a aussi permis de sauter le pas et avoir mon premier rendez-vous chez la psy. J’espère que ces temps porteront leurs fruits, avec le temps j’imagine...
Ah le temps...

J’aimerais me réveiller et me dire ça fait 3 ans, ou plus, que notre bébé est parti, que tout à basculé, que je suis devenue différente. Mais ça ne fonctionne pas comme ça. Je n’ai pas d’autre choix que de faire face au contrecoup de cette terrible perte. Ma consolation est de savoir que celles et ceux qui me lisent sur ce forum comprennent tout ça, même si c’est brouillon et décousu !

Merci de m’avoir lue et je suis preneuse du partage d’expérience sur « l’après ».
Bon courage Anne 75 et toutes les autres qui reprennent le chemin du travail, qui fait partie du chemin de la reconstruction.

Bonjour à toutes,

Je suis censée reprendre le travail lundi en 8, après presque 3 semaines d’arrêt. Je sens qu'à la fois j’ai besoin de reprendre une activité, pour penser à autre chose, d’autant plus qu’en cette période de confinement nous n’avons pas grand chose à disposition pour ce faire ; mais j’appréhende énormément cette éventuelle reprise. Je ne sais pas si je vais réussir à passer une journée entière sans m’effondrer à un moment. Mes collègues n’étaient pas au courant de ma grossesse, en tous cas pas officiellement, mais ça se voyait. Alors comment ferais-je pour réagir sans trop souffrir si des questions ou remarques arrivent ? Et vais-je réussir à encaisser la méchanceté des clients (pour ne rien arranger dans mon métier les clients sont souvent véhéments) ?
Je suis vraiment partagée. Au début, la date de reprise me semblait très lointaine. Maintenant je ne suis pas certaine d’être prête. Et puis je me sens aussi anxieuse de laisser mes collègues gérer pour moi. Je me demande si à ma reprise j’aurai une charge de travail excessive, du fait du retard qui aura forcément été accumulé. Je me demande si j’arriverai à gérer cette énorme masse de travail qui m’attend forcément alors que je suis fatiguée dès que je sors 2h de chez moi. Et je me dis que plus je retarde mon retour, plus je me trouverai dans une situation impossible.
Bref, je suis encore perdue, je sais que je suis fragile et je crois que je n’en prends pas tout à fait la mesure. Si nous n'étions pas confinés ou si mon métier ne requérait pas de supporter tant de bêtise humaine, ce serait peut-être différent. Tout de même, le télétravail pourra sans doute être une petite soupape. Je vous raconterai la suite. Bon courage à vous toutes, douces pensées à nos bébés

Bonsoir Audrey

Ta reprise de travail est dans une semaine donc tu as encore un peu de temps pour continuer à te relever, te ressourcer, et être sure que veux toujours reprendre et que tu te sens capable aussi. Chacune de nous a son rythme et tu es la seule à savoir si tu peux te lancer ou non.
Après, rien n’est irréversible. Si tu reprends et que tu réalises que tu n’y arrives pas, tu pourras te tourner vers ton médecin et il devrait comprendre. La gynécologue de la maternité m’avait ouvert cette porte et c’est vrai que c’est rassurant. On sent qu’on a un filet au cas où.

Pour moi, même 5 semaines après l IMG je me trouve encore fragilisée, mais comme tu écris le télétravail aide pas mal, surtout pour un poste exposé, aux clients par exemple comme dans ton cas.
Moi aussi mes collègues n’étaient pas au courant de ma grossesse et comme tu pourras lire dans mes précédents postes, ça a des avantages et des inconvénients.

Plein de courage à toi Audrey, essaye de mettre à profit cette semaine qui arrive. Un jour après l’autre comme on dit.

Bonsoir les travailleuses,

Je lis encore une fois vos posts, ce qui vous arrive, les indélicatesses, les maladresses et quelquefois l’insensibilité de vos collègues. Je n’ose pas imaginer la difficulté de faire face à ces paroles trop lourdes, alors qu’on vient de subir une perte si indicible. Vous êtes courageuses, je me dis qu’on peut être fières de nos pas de chaque jour.

Hier mon patron m’a appelée pour prendre des nouvelles. Je sentais qu’il était surtout anxieux de savoir si j’allais bien revenir lundi, que mon absence lui génère une grosse part de travail supplémentaire, ainsi qu’à mon assistante qui a beau être dévouée, elle ne s’en épuise pas moins. Je lui ai dit que j’avais un rdv à l'hôpital aujourd'hui et que je lui confirmerai ma reprise suite à ce rendez-vous. Personne ne sait que j’étais enceinte, au moins je m’épargne quelques maux.

J’ai en effet réfléchi à nouveau à la question et je m’entendais me dire, dans la même seconde, « j’y vais lundi/je n’y vais pas lundi ». Bref, je suis incapable de savoir comment ça ira lundi, d’autant plus que depuis hier je suis à nouveau effondrée. Toujours est-il que mon boss m’a rappelée ce soir et que, comme une gourde qui ne sait rien refuser, j’ai dit que je revenais lundi.

Du coup j’espère vraiment réussir à mettre à profit les quelques jours qui me restent. Et puis en effet, comme tu le suggères Michele, si je me rends compte que je n’y arrive pas, je reprendrai un arrêt. Je n’aime pas trop ça car c’est compliqué d’organiser la vie de l’entreprise de cette manière. D’autant plus que notre métier est toujours à flux tendu, mais tant pis.

Peut-être qu’après tout avoir une activité me fera du bien, même si ça ne me fera pas guérir plus vite.
L’une de vous disait à quelle point elle avait été présomptueuse de penser qu’elle aurait pu reprendre rapidement le travail : je suis dans le même cas ! Je pensais que 15 jours suffiraient, je me demandais même ce que j’allais faire de tout ce temps ; je réalise de plus en plus qu’un mois ne serait pas de trop. Quelle idiote, quand j’ai entendu le gynéco parler d’un mois ou deux d’arrêt, je croyais qu’il plaisantait... Mais j’ai envie, par moments, d’avoir des tâches à accomplir. Ça me permet, un peu, de reprendre contact avec la vie.

Tout de même, j’ai pris la précaution de dire que j’étais très fatiguée et que je comptais profiter du télétravail pour reprendre en douceur. Je vous raconterai ma reprise...

Nuit sereine à vous toutes, un nuit de plus, un jour de plus, nous nous rapprochons pas à pas de la vie.

Bonsoir Audrey,

Je comprends tout ce que tu dis.
L’arrêt maladie n’est pas un choix, il est fait parce que le corps et l’esprit ont besoin de se remettre du choc et de la douleur.
J’espère que tout se passera bien lundi, essaye de partir gagnante

.

Pour ma part ça fait 2 semaines maintenant, je suis en congé semaine prochaine, oui déjà.. mais j’en ai déjà besoin, alors j’ai maintenu une semaine qui était déjà programmée.

En même temps, si ça peut te donner du courage, plus les jours passent, moins c’est difficile. Le télétravail m’aide beaucoup à me réfugier dans des bulles où je reprends des forces. J’alterne entre les deux et j’arrive à trouver un équilibre certains jours, d’autres moins.. c’est ainsi pour l’instant.
C’est affronter les autres qui me coûtent, les autres qui sont totalement en vie et qui se préoccupent de ce qui me semble futile, forcément, tout est futile après la perte de son bébé et l’effondrement du plus précieux des projets.

Même si je rame certains jours, je sens que je tiens le bon bout. J’ai envie d’y arriver, pas à tout prix mais je voudrais m’accrocher et passer le cap.

N’oublie pas de t’écouter même si ton patron t’attend ainsi que ta collègue. Vas y tranquillement.
S’ils ne savent pas et que tu ne souhaite pas le dire, tu éviteras effectivement de faire face à leur maladresse.
Ça a été mon choix également même si la case grossesse était cochée sur mon arrêt, donc certains comme le DRH ont vu et pensait que j’étais « toujours » enceinte.

Allez priorité au week-end, ressource toi, tout se passera bien lundi

. Et même si ça se passe moyennement bien, le jour suivant sera plus clément.

Bonne nuit

Bonjour Michèle,

Je suis désolée que tu fasses également partie de cette communauté...
Je pense que le temps aidera effectivement à ce que tu ailles mieux et que tu te ressentes à ta place au travail. Après ta reprise a été très rapide après la tempête que tu viens tout juste de traverser, ne sois pas trop exigente avec toi-même , que tu sois manager ou non tu restes humaine avant tout.
J'ai repris le travail seulement 8 mois après l'IMG avant c'était pour moi impossible, il fallait que je me reconstruise et que je pense à moi... je ne regrette pas, j'ai pu pendant ce temps travailler sur moi, me faire suivre régulièrement par un psychologue, une sophrologue et j'ai repris confiance peu à peu. A ma reprise j'étais heureuse de le faire, j'en avais vraiment besoin et forcément j'appréhendais car j'arrivais dans une nouvelle agence où les gens ne me connaissaient pas ni moi, ni mon parcours. J'ai fait le choix d'en parler librement sans tabou et j'ai réussi à surpasser un peu la douleur. Fais comme tu le sens, mais si tu as besoin d'en parler à un pro ou à des collègues, tu devrais le faire. La parole libère surtout dans une telle situation.

Courage à toi pour la suite.
Marie-Eve

michele81 a écrit : ↑03 avril 2021, 09:54 Bonjour,

Enfermée dans ma coquille depuis hier soir 19h à mon retour du boulot, je voulais partager ce matin pour essayer de repartir du bon pied et peut-être avoir quelques retours d’expérience similaires.

Je me sentais prête à la reprise de mon travail depuis quelques jours. Le soleil, une petite marche quotidienne, le temps que j’ai passé au jardin du souvenir auprès de mon bébé, un soin offert par la seule collègue qui était au courant que j’étais enceinte et qui m’a rendue une petite visite à la maison.
En fait je n’avais pas eu le temps de faire l’annonce de ma grossesse, je partais en congés début février, et donc seul mon directeur et cette collègue étaient au courant. Je craignais une fuite avec l’envoi de mon arrêt maladie mais bon, le fait de ne pas avoir annoncé moi-même me mettait à l’aise vis à vis des collègues. Rien à expliquer, pas de regard de compassion à subir (car c’est comme ça que je le ressentais).
Il est indiqué dans l’arrêt maladie que le motif est en lien avec une grossesse, ça m’avait contrarié d’apprendre que cette case devait être cochée par le médecin, mais finalement je me suis apaisée avec ça en me disant même si ça finit par se savoir, personne n’osera me dire « au fait ta grossesse?..).
Bref. Beaucoup d indicateurs encourageants et le dernier était la visite à la maternité avec la Gynéco intervenue après mon IMG, j’avais perdu beaucoup de sang. Tout l’opposé de ma gyneco en libéral : elle était en retard dans ses rdv et elle a pris le temps d’être présente, d’écouter, répondre, expliquer.
Une reprise le vendredi veille du week-end de Pâques en plus, donc je pourrai me reposer après.

Pourtant ce retour au travail a été un désastre intérieurement : je me suis sentie « lente », mon cerveau comme au ralenti, ou alors c’est les autres qui allaient trop vite? Des centaines de mails que je n’ai pas réussi à trier efficacement.
j’étais attendue c’est bien... mais attendue pour la résolution de tensions, problèmes qui m’ont paru insignifiants (forcément y a plus grave!), s’est ajoutée l’organisation du télétravail (je suis en poste de direction, une centaine de salariés...).

Je suis partie à 8h et je suis rentrée à 19h. Lessivée. J’étais décidée à faire une petite journée mais je ne me suis pas ménagée, et forcément personne ne m’a ménagée. Je suis la responsable donc je suis là pour ménager les autres et non l’inverse. En plus personne ne sait ce que j’ai réellement traversé ces dernières semaines, ce cauchemar, ce déchirement.. alors pourquoi me ménager ! C’est moi-même qui était soulagée que personne ne sache.
Mon directeur en week-end prolongé, et qui sait, lui, m a juste laissé un mail pour me demander de me pencher sur un dossier brûlant.. et m a souhaité une bonne reprise.
C’est à partir de 15 h que j’ai commencé à avoir envie de pleurer mais évidemment pas seule au bureau, j’ai enchaîné les rendez vous pour reprendre le train en marche, reconnecter mes neurones..
la collègue qui elle savait pour mon IMG, est évidemment cas contact et est donc restée chez elle. On pensait prendre un moment thé toutes les 2 pour la reprise.

À 19h une fois à la maison mon mari m’a demandé joyeusement « apéro? », sauf que là bin non, je n’avais pas eu de temps suffisant comme habituellement pour « gérer » ma douleur, prendre soin de moi pour me détendre, avant que tout le monde rentre, alors il fallait que je m’effondre un bon coup visiblement. Je dis visiblement parce que je n’ai rien maîtrisé... je me suis juste sentie envahie d’émotions au fur et à mesure de la journée, à 15h je me suis dis que dans ce bureau j’étais enceinte la dernière fois que j’y ai mis les pieds. Mon doux secret. et là retour au mode « survie », faire bonne figure.. je ne sais pas, une bascule. C’était « trop » pour moi.
Un désastre intérieur qui ne s’est pas vu je crois bien.
A 19h j’ai pu lâcher mais sans me libérer.

Je suis déçue car je me sentais prête. Je n’arrête pas de me répéter ça. J’ai beaucoup avancé je le sentais.
Pas assez peut-être pour affronter ce moment.

C’est terrible à dire mais finalement le télétravail à temps partiel va m’arranger. Je vais pouvoir alterner bureau et maison, et à la maison c’est plus facile de reprendre mon souffle, faire une pause, bien déjeuner aussi.. et ne pas voir des gens aussi. En fait c’est ça, être à moitié en vie et voir des gens totalement en vie ça créée un décalage immense.

Hier soir je me suis couchée en me disant je n’y retourne pas mardi prochain. Mais là ce matin, je me dis je vais peut-être essayer, en espérant que le télétravail aidera (je n’aurai jamais cru dire ça du télétravail!!!!). Mettre aussi plus de limites dans les horaires et contraintes.
C’était le premier jour après tout... peut-être que ça ira de mieux en mieux.

Le week-end va peut-être me porter conseil.
Beaucoup de peut-être en fait...
Peut-être aussi que c’est le moment pour moi d’aller échanger avec un psy. Je ne le sentais pas avant, totalement à vif, mais là l’envie et le besoin se manifestent.
Je ne suis pas habituée aux psys mais là je crois que c’était avant. Aujourd’hui je vois bien que je suis « différente ».

Je suis preneuse d’expériences de retour au travail. Vos ressentis et les « petits trucs » qui vous ont aidé à faire face à tout ce qui se passe à l’intérieur de vous.

Vraiment désolée de ce long récit, pas relu, que je lance comme une bouteille à la mer.

Bonsoir Marie Ève et merci de ton message.

Depuis ce premier message du jour de ma reprise, il y a un mieux. Je ne peux pas dire que je me sente à ma place au boulot mais je trouve ça moins laborieux.
Je savais aussi que j’allais avoir 2 semaines de congés après ma reprise donc ça m’a aidé à tenir bon.
Grâce à cette reprise, j’ai aussi pris conscience qu’il était temps d’engager un rendez-vous avec une psy. Je ne sais pas si j’en serai satisfaite à terme mais rien que d’avoir enclenché cette démarche, d’avoir agit pour reconnaître que j’ai besoin d’aide, ça a contribué à ce petit mieux chaque jour.
Je te crois volontiers pour les 8 mois de ton arrêt qui ne devait pas être de trop pour reprendre pied.
La confiance en soi et en l’avenir sont à reconstruire.

J’ai hésité à la lecture de certains témoignages pour ce qui est de le dire au travail, car je n’avais pas annoncé ma grossesse Sauf à mon directeur. Finalement je ne l’ai pas fait et je pense que c’est ce qui me convient le mieux. Comme je me suis aménagé un autre espace pour libérer la parole sur le sujet, j’ai le sentiment pour le moment que ça sera suffisant et le plus adapté pour moi.

Je mesure qu’il me manque le recul, le temps. Mon IMG ne date pas de 2 mois encore.
Tes propos semblent plus posés, plus apaisés. Et ça fait du bien de lire des réponses de mamanges qui ont avancé avec le temps et du courage donc merci vraiment à toi et à toutes les mamanges qui ont plus de recul de continuer à venir sur le forum pour apporter de l’espoir et partager leur expérience.

Belle soirée à toutes.

Forum de l'association Petite Émilie

Reprise du travail et sentiment d’échec..

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