michele81 a écrit : ↑03 avril 2021, 09:54
Bonjour,
Enfermée dans ma coquille depuis hier soir 19h à mon retour du boulot, je voulais partager ce matin pour essayer de repartir du bon pied et peut-être avoir quelques retours d’expérience similaires.
Je me sentais prête à la reprise de mon travail depuis quelques jours. Le soleil, une petite marche quotidienne, le temps que j’ai passé au jardin du souvenir auprès de mon bébé, un soin offert par la seule collègue qui était au courant que j’étais enceinte et qui m’a rendue une petite visite à la maison.
En fait je n’avais pas eu le temps de faire l’annonce de ma grossesse, je partais en congés début février, et donc seul mon directeur et cette collègue étaient au courant. Je craignais une fuite avec l’envoi de mon arrêt maladie mais bon, le fait de ne pas avoir annoncé moi-même me mettait à l’aise vis à vis des collègues. Rien à expliquer, pas de regard de compassion à subir (car c’est comme ça que je le ressentais).
Il est indiqué dans l’arrêt maladie que le motif est en lien avec une grossesse, ça m’avait contrarié d’apprendre que cette case devait être cochée par le médecin, mais finalement je me suis apaisée avec ça en me disant même si ça finit par se savoir, personne n’osera me dire « au fait ta grossesse?..).
Bref. Beaucoup d indicateurs encourageants et le dernier était la visite à la maternité avec la Gynéco intervenue après mon IMG, j’avais perdu beaucoup de sang. Tout l’opposé de ma gyneco en libéral : elle était en retard dans ses rdv et elle a pris le temps d’être présente, d’écouter, répondre, expliquer.
Une reprise le vendredi veille du week-end de Pâques en plus, donc je pourrai me reposer après.
Pourtant ce retour au travail a été un désastre intérieurement : je me suis sentie « lente », mon cerveau comme au ralenti, ou alors c’est les autres qui allaient trop vite? Des centaines de mails que je n’ai pas réussi à trier efficacement.
j’étais attendue c’est bien... mais attendue pour la résolution de tensions, problèmes qui m’ont paru insignifiants (forcément y a plus grave!), s’est ajoutée l’organisation du télétravail (je suis en poste de direction, une centaine de salariés...).
Je suis partie à 8h et je suis rentrée à 19h. Lessivée. J’étais décidée à faire une petite journée mais je ne me suis pas ménagée, et forcément personne ne m’a ménagée. Je suis la responsable donc je suis là pour ménager les autres et non l’inverse. En plus personne ne sait ce que j’ai réellement traversé ces dernières semaines, ce cauchemar, ce déchirement.. alors pourquoi me ménager ! C’est moi-même qui était soulagée que personne ne sache.
Mon directeur en week-end prolongé, et qui sait, lui, m a juste laissé un mail pour me demander de me pencher sur un dossier brûlant.. et m a souhaité une bonne reprise.
C’est à partir de 15 h que j’ai commencé à avoir envie de pleurer mais évidemment pas seule au bureau, j’ai enchaîné les rendez vous pour reprendre le train en marche, reconnecter mes neurones..
la collègue qui elle savait pour mon IMG, est évidemment cas contact et est donc restée chez elle. On pensait prendre un moment thé toutes les 2 pour la reprise.
À 19h une fois à la maison mon mari m’a demandé joyeusement « apéro? », sauf que là bin non, je n’avais pas eu de temps suffisant comme habituellement pour « gérer » ma douleur, prendre soin de moi pour me détendre, avant que tout le monde rentre, alors il fallait que je m’effondre un bon coup visiblement. Je dis visiblement parce que je n’ai rien maîtrisé... je me suis juste sentie envahie d’émotions au fur et à mesure de la journée, à 15h je me suis dis que dans ce bureau j’étais enceinte la dernière fois que j’y ai mis les pieds. Mon doux secret. et là retour au mode « survie », faire bonne figure.. je ne sais pas, une bascule. C’était « trop » pour moi.
Un désastre intérieur qui ne s’est pas vu je crois bien.
A 19h j’ai pu lâcher mais sans me libérer.
Je suis déçue car je me sentais prête. Je n’arrête pas de me répéter ça. J’ai beaucoup avancé je le sentais.
Pas assez peut-être pour affronter ce moment.
C’est terrible à dire mais finalement le télétravail à temps partiel va m’arranger. Je vais pouvoir alterner bureau et maison, et à la maison c’est plus facile de reprendre mon souffle, faire une pause, bien déjeuner aussi.. et ne pas voir des gens aussi. En fait c’est ça, être à moitié en vie et voir des gens totalement en vie ça créée un décalage immense.
Hier soir je me suis couchée en me disant je n’y retourne pas mardi prochain. Mais là ce matin, je me dis je vais peut-être essayer, en espérant que le télétravail aidera (je n’aurai jamais cru dire ça du télétravail!!!!). Mettre aussi plus de limites dans les horaires et contraintes.
C’était le premier jour après tout... peut-être que ça ira de mieux en mieux.
Le week-end va peut-être me porter conseil.
Beaucoup de peut-être en fait...
Peut-être aussi que c’est le moment pour moi d’aller échanger avec un psy. Je ne le sentais pas avant, totalement à vif, mais là l’envie et le besoin se manifestent.
Je ne suis pas habituée aux psys mais là je crois que c’était avant. Aujourd’hui je vois bien que je suis « différente ».
Je suis preneuse d’expériences de retour au travail. Vos ressentis et les « petits trucs » qui vous ont aidé à faire face à tout ce qui se passe à l’intérieur de vous.
Vraiment désolée de ce long récit, pas relu, que je lance comme une bouteille à la mer.