Forum de l'association Petite Émilie

Mon petit garçon,

Aujourd'hui je suis allée au cimetière me recueillir. Je redoutais d'y aller, je ne sais pas pourquoi mais ces derniers mois j'en étais incapable. Comme si j'étais dans une sorte de déni, comme si y aller était me confronter encore plus violemment à ton départ et au vide que tu laisses dans ma vie.

Et puis le soleil était là, les oiseaux jouaient dans les feuilles, et le vent faisait vibrer ces grands arbres qui bordent le jardin de souvenirs dans lequel tu reposes. On aurait en fermant les yeux pu entendre le bruit de la mer. C'était encore une fois très doux. Et en même temps douloureux. Un mélange subtil dans lequel la tendresse côtoie l'amertume. J'ai beaucoup pleuré, je crois que la réalité me transpercera le coeur encore longtemps. Cela fait presque 10 mois que tu n'es plus là, et je ne me resouds pas à accepter ton absence. Je compose avec, mais elle est si présente.

Mon petit garçon chéri, j'essaie d'être forte et je te promets que je ferai tout pour avancer et pour que tu puisses de là où tu es être fière de ta Maman. Je t'aime mon bébé, mon petit Lou.

très joli prénom

Merci

Douces pensées à toi et à ton petit Lou,

Amitiés

Mon petit amour,

C’était une journée comme celle-ci. Ensoleillée, la lumière de septembre est si belle. Septembre est d’ailleurs l’un de mes mois préféré, pour sa lumière, plus orangée, et un peu voilée, un peu sépia. L’air était doux, et je me souviens même exactement des vêtements que je portais. Je ne savais pas encore il y a un an que ma vie allait basculer, incapable d’envisager une seule seconde la violence de ce qui nous attendait.

Je nous revois avec ton papa attendre dans la salle d’attente, nous étions l’un des premiers rendez-vous du matin. Nous étions détendus, j’étais enceinte de plus de 22 semaines, tu bougeais depuis ma 16ème semaine. Tout se passait bien, et mon ventre arrondi et déjà rempli d’amour ne pouvait laisser deviner le drame auquel nous allions être confrontés.

L’échographiste est entrée, je me souviens qu’elle nous a dit, alors que nous précisions que pour ta grande sœur de 2 ans et demi, tout s’était bien passé, que tout allait aller, qu’il n’y avait pas de raison. Après presque une heure d’échographie silencieuse, et une insistance de sa part sur ton cœur et ton cerveau, je lui ai posé la question suivante : « vous n’arrivez pas à voir ce que vous voulez ? ». C’était la perche qu’elle attendait peut être. Elle a tout arrêté net, et gênée, nous a dit : « non, votre bébé ne va pas bien, il y a plusieurs problèmes », problèmes qu’elle a listés, dans lequel les mots cœur, cervelet sont ressortis. Nous : « ah… c’est grave ? ». Elle, encore plus gênée « oui, je suis désolée ». Après je ne sais plus, il y a eu quelques secondes ou minutes de brouillard et puis enfin j’ai compris. J’ai compris que j’allais te perdre. J’ai pleuré dans les bras de ton papa, saisie de douleur et d’effroi. Impuissante face à ce que l’on m’annonçait. J’ai appelé ma maman, en pleurant, puis nous sommes rentrés à la maison et je suis repartie au travail. Je ne sais pas comment j’ai réussi à travailler ce jour-là, enfermée dans mon bureau, à l’abri des regards de mes collègues.

Le soir et la nuit n’ont été qu’insomnie et pleurs, avec une ultime prière, que je puisse te garder, que tout cela ne soit qu’un cauchemar, et que je me réveille. Mais tu étais porteur d’une trisomie 13, et on ne survit pas à une trisomie 13. Alors il a fallu prendre cette décision terrible, celle de l’IMG. Tes malformations étaient telles que tu n’aurais survécu que quelques jours tout au plus, dans des conditions effroyables. J’ai parié sur ma souffrance plutôt que sur la tienne mon bébé. Jamais je n’aurais pu te voir souffrir. Je t’ai porté dans mon ventre 10 jours avant que l’on pratique l’IMG. Je t’ai parlé, j’ai préparé ta naissance, avec ta sœur nous sommes allées acheter un doudou, nous t’avons fabriqué un bracelet. Nous t’avons écrit des mots doux avec papa. Mamina aussi a écrit, et elle a donné un petit mouchoir pour toi, qui m’appartenait enfant. Ensemble nous avons regardé les étoiles dans la douceur de septembre. J’ai essayé de tout te dire mon amour : pardon, que je t’aimais plus que tout, que je m’en voulais de ne pas avoir pu te protéger. Le dernier soir dans mon ventre, ton papa t’a joué de la guitare.

Dans quelques jours nous serons le 14 septembre, et cela fera un an que je suis ta maman, la maman de toi mon petit Lou, ma merveille envolée, mon petit garçon tant aimé. Si tu savais, aucun jour ne passe sans que je ne pense à toi. Tu me manques terriblement, et j’ai souvent souhaité rembobiner le film et revenir avant ce 4 septembre 2018, quand notre vie était simple, insouciante, et que le mot douleur n’avait pas sa résonance actuelle dans mon cœur et dans mon corps. Je n’ai jamais trouvé de verbe ni de mot assez fort pour décrire cette sensation terrible, celle que l’on m’a arraché un bout de moi. Le soir en m’endormant, j’imagine que je te serre dans mes bras, et que nous nous retrouvons tous les deux mon petit cœur.

J’écrirai de nouveau dans ce jardin des souvenirs où je n’ai jamais réussi avant à raconter cette histoire qui est la nôtre. Pour tes 1 an loin de moi et si près pourtant.

Je t’aime mon fils chéri.

Sophie

Ton texte est magnifique...

Mon petit Naël me manque terriblement...

Merci Eleo,

Je comprends ô combien que Nael te manque... c'est si dur d'être privées d'eux.

Plein de douces et maternelles pensées à nos bébés envolés.

C est tellement triste et si joliment raconté. Les larmes coulent en te lisant.. je me reconnais un peu aussi dans ton histoire.
Votre petit Lou est fier de vous j en suis sûre.
Grosses pensées a vous dans ces moments difficile.
Bisous ❤

Merci Audrey pour tes mots ❤

Je suis très émue en te lisant Sophie. Je pense bien à toi tu affrontes de douloureux souvenirs qui remontent avec l'anniverciel de l'envol de Lou. Amitiés