Re: Soizic, ma fille, notre histoire
Posté : 21 juin 2018, 17:42
Voici la suite de mon texte pour ma fille :
Les jours passent et se ressemblent, je goute aux joies d’être enceinte : les nausées … c’est terrible, elles sont là tous les matins, à croire que je leur ai donné rendez-vous ! Je commence le travail à 7h30, mais impossible d’avaler quelques choses avant 10h voir 11h. Du coup, c’est difficile le matin, je suis fatigué et travail à jeun. En plus je dors mal la nuit, je fais des insomnies, malgré ma fatigue. On m’en avait parlé de ces désagréments, eh bien, je peux dire que je ne suis pas épargné … Les nausées s’invitent aussi parfois le soir, sans prévenir elles arrivent… Je n’ai plus beaucoup d’appétit. On m’avait beaucoup parlé des envies de femmes enceintes mais très peu des dégouts alimentaires que l’on pouvait avoir … presque tout me dégoutent, une odeur de steack en train de cuire à la poêle et j’ai la nausée … J’en arrive par moment à ne réussir à manger que des féculents… Sinon, souvent je me fais des croque-monsieur, c’est ce qui passe le mieux, mais je n’en mange que la moitié puis je suis écœuré … J’ai dû changer de dentifrice, celui à la menthe me faisait vomir, j’utilise le dentifrice à la fraise pour les enfants, il passe mieux ! Je ne saurais te dire combien de fois j’ai vomis le matin, parfois après avoir essayé de prendre un petit déjeuner, mais la plupart du temps, je vomissais à jeun dès le réveil cette bile jaune au goût amer ! C’était « dégeulasse » !!! On m’a dit qu’une fois les 3 premiers mois passés, ça s’arrêterait … je l’espère !
En parallèle, à mon travail, ça ne se passe pas très bien. Tu sais, Soizic, maman travail dans le socioprofessionnel, elle accompagne des personnes en difficultés sociales et professionnelles. Ce n’est pas tous les jours facile, dans l’association, je suis la seule sur ce poste pour 60 salariés à accompagner et je gère également l’administratif RH. Il y a suffisamment de travail pour 2 personnes mais ma direction ne veut pas embaucher alors je fais des heures en plus pour essayer que tout soit fait dans les temps. Mais ça devient difficile car je suis fatigué, j’ai des nausées, des sautes d’humeur, je prends la mouche à la moindre réflexion … je n’arrive plus à prendre du recul dans mon travail.
Au vue que je n’étais pas au mieux de ma forme tous les matins, j’ai parlé de ta présence à ma directrice. Elle m’a félicité et promis de tenir sa langue jusqu’au 3 mois avant que je l’annonce aux collègues. Elle me dit que les nausées vont passer et au passage me dit que je suis une petite nature si je suis déjà fatigué à seulement 2 mois de grossesse … Clairement ma grossesse ne dérange pas à condition que je puisse continuer ce rythme de travail. D’autant plus que la fin d’année est chargé, je dois boucler les budgets formation de 2017, préparer le prévisionnel de 2018, m’assurer que les tableaux de suivi administratifs sont à jour car en janvier je devrais préparer le dialogue de gestion, mon grand oral devant la DIRECCTE pour rendre compte de mon travail sur 2017, tout en continuant à être disponible pour aider les salariés à résoudre leurs difficultés.
Il y a en plus ce salarié avec qui la relation est difficile, il est en colère contre le système social français et je le représente à ses yeux ce système alors il s’en prend à moi verbalement. Je n’arrive pas à gérer la situation et il prend le dessus sur moi, il me fait peur, me terrifie … ce jour de Décembre où il a déboulé dans mon bureau pour gueuler à propos de la CAF qui a réduit son APL, heureusement que j’avais ma stagiaire dans le bureau, je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie, durant un instant j’ai cru qu’il allait être violent physiquement. Ce ne fut pas le cas mais j’ai ressenti une peur viscérale, peur de recevoir un coup et surtout peur des conséquences possibles sur toi …
Les vacances de noël arrive enfin … j’en ai besoin ! Je me pose beaucoup de question par rapport à mon travail, cette politique de « marche ou crève » ne me convient pas. Je me demande comment je vais pouvoir continuer ce rythme de travail, tout en m’occupant de toi. Ma directrice me faisait déjà vivre un petit enfer avant la grossesse, comme elle fait aussi à mes collègues, mais là, je n’arrive plus à prendre ce recul qui m’a fait tenir jusqu’à présent. Je songe à chercher un autre emploi quand je serai en congé maternité, mais doit pouvoir tenir jusqu’à celui-ci qui est en Juin.
Avec ton papa, nous avons décidé d’annoncer ta présence lors du repas de Noël. C’est l’une des rare fois dans l’année où j’accepte un verre d’apéro, alors si je n’en prends pas, nous savons que ma famille va tout de suite comprendre. Et puis, j’en suis à presque 10SA et la gynécologue a été rassurante … on est optimiste, je ne ferai pas de fausse couche. Nous voulions une manière originale d’annoncer ton arrivée dans la famille, tu es la 8ème des petits enfants de mon côté, alors nous avons opté pour des jeux de grattage spéciaux …
Du côté à ton papa, tu es au moins la 15ème des petits enfants, nous n’avons pas le compte exact … Tu sais bien ma chérie, papa et maman sont de 2 continents différents et la famille à papa vit dans son pays d’origine. Je ne les ai jamais rencontrés en vrai, je ne suis jamais allé au T. et tes grands-parents ne sont jamais venus en France. Ton papa a 3 frères et 5 sœurs en lien direct. Toutes tes tatas sont mariées et ont des enfants, mais ton papa a perdu le compte du nombre de neveux et nièces qu’il a … Dans la famille à ton papa, je connais surtout des cousins, oncles et amis qui vivent en France. Nous avons fait de nos différences, notre force. Mais il faut savoir que culturellement, dans la famille à ton papa, une grossesse ne s’annonce pas, soit la famille le voit de par le ventre qui s’arrondit, ou alors il l’apprenne à la naissance. De ce fait, ton papa souhaite attendre avant de leur parler de toi. Il a dit qu’il annoncerait ta venue prochaine à la famille et amis qui sont en France vers 4-5 mois de grossesse et il en parlera à ses parents vers 8-9 mois, juste avant ta naissance…
Revenons en France, à ce 24 Décembre 2017. Ton papa et moi nous nous préparons pour aller passer le réveillon de Noel chez tes grands-parents à E.. Je suis toute excité et impatiente de leur dire que tu es là. On veut partager notre bonheur avec eux. Peut-être que dans mon ventre, tu as ressenti toutes ces émotions d’impatience, de trac aussi un peu et surtout d’immense bonheur. Nous arrivons donc dans la soirée à E.. Tout le monde est déjà arrivé, tes tatas et tontons et surtout tes 3 cousines et 4 cousins. Ça va en faire du monde autour de la table …
Afin que les plus jeunes puissent ouvrir leur cadeau avant d’aller au lit, le père noël passe très tôt ce jour-là pour faire la distribution. Tes 3 plus jeunes cousins et cousines (12 mois, 13 mois et 2½ ans) le voit pour la première fois, ils hésitent puis ils pleurent … tandis que ceux qui ont 3½ ans et 5½ ans sont ravis, aux anges … alors que les deux pré-ados (13 ans et 16 ans) ne sont pas dupes de la supercherie mais ravie tout de même d’avoir des cadeaux … A ce moment-là, je pense à toi, avec ton papa on s’échange un regard et on se comprend, dans un an, jour pour jour, tu seras avec nous pour Noël. Je t’imagine déjà, du haut de tes 5 mois, regarder ce monsieur bizarre habillé en rouge et avec une barbe blanche. Je te vois te mettre à pleurer devant lui et bien sûr ne pas comprendre que ce sont des cadeaux pour noël, mais jouer tout de même avec le papier cadeau car oui, ça fait du bruit et c’est drôle ça pour les bébés …
Les nausées m’embêtent, je prends sur moi et espère que ça ne se voit pas … Ta tata M. me regarde et me dis : « ça va ? Je te trouve bizarre ? » Je réponds que non tout va bien. Je crois qu’on a bien fait de choisir de l’annoncer ce jour-là, car de toute façon ils vont deviner … Les deux plus jeunes vont aux lits, pendant ce temps, on prépare l’apéro et commence à s’installer. Ta tata E. passe devant moi et me dis : « Lucy, je te sers un verre d’apéro ? » Je lui dis « non merci » … STOP, arrêt sur image, elle se fige et me regarde, surprise et me dis : « bah pourquoi tu n’en veux pas ? » Et plus fort elle dit à tata M. : « Lucy ne veux pas d’apéro ! » Elles me regardent toutes les deux … vite il faut que je trouve quelque chose à dire … ce serait dommage de se faire griller juste quelques minutes avant l’annonce !
Je leur réponds : « oui je veux bien un apéro mais les parents n’ont jamais ce que j’aime … » Ouff la bonne excuse trouvée, et vrai en plus … sauvée … ou pas ! E. me dit alors : « bah si justement je leur ai dit de penser à toi pour l’apéro et ils ont acheté ce qu’il faut ! » Ah merde, je suis coincé. J’accepte alors en me disant que je ne boirai pas dedans et après l’annonce le donnerai à ton papa.
Nous nous installons à table, tata M. s’occupe de son fils. Nous ne l’attendons pas pour trinquer à Noel. Je trempe seulement mes lèvres dans le verre pour faire croire que je bois et le repose. Quand tout le monde est là, je leur dit que nous avons des jeux de grattage, c’est des nouveaux qui viennent de sortir et je les distribue. Dans la famille, nous adorons les jeux de grattage et mamy en offre un a tout le monde à Noel, alors personne n’est surpris qu’on en offre également … C’est un jeu qui s’appelle « Las Vegas », il faut gratter la partie de la roulette qui indique bien sûr 3 symboles identiques. Mamy est la première à dire « j’ai gagné », puis d’autres ensuite dise « moi aussi ». Bien sûr, ils sont tous gagnant … Mamy gratte la première la partie gain et elle s’arrête. Ta cousine lui demande ce qu’elle a gagné et elle dit : « attend, je ne suis pas sûr ! » Elle cache son ticket et regarde celui de tonton JP qui est à côté d’elle et voit le gain identique ! Sur la partie gain s’est écrit : « La famille va s’agrandir !!! Et oui … bébé est en route ! »
Les têtes se lèvent et nous regardent, tout sourire … Mamy me dit « tu es enceinte ? » Je réponds « oui » et alors, à ce moment-là, le bonheur se diffuse dans la pièce … les larmes coulent de partout. Tes grands-parents et tes oncles et tantes sont heureux d’apprendre ta présence. Cet instant est magique, la pièce est remplie d’amour qui se diffuse dans tous les sens, pour rebondir sur les murs et nous revenir en plein cœur … Ils viennent tous pour nous prendre dans les bras et nous embrasser, je pleure, tes tatas aussi ont les larmes aux yeux. Tes grands-parents sont aux anges, ils étaient inquiets du fait que nous n’arrivions pas à t’avoir. Alors, à cet instant, ils sont soulagés et heureux pour nous. Papy a la larme à l’œil, sa petite dernière va devenir maman !
Les questions fusent dans tous les sens : Tu en es à combien de mois ? C’est pour quand ? Vous savez déjà le sexe du bébé ? Tu n’as pas trop de nausée ? Et tant d’autres questions que j’ai oubliées. Je leur raconte que ton arrivée est prévue pour fin Juillet/début Aout et que nous t’avons déjà vu 2 fois. Je leur dit aussi que oui, j’ai beaucoup Beaucoup de nausées, à tel point que j’ai perdu 3kg en 2 mois. Tata M. me dit : « c’est pour ça que tu étais bizarre tout à l’heure, tu étais pâle, on aurait dit que tu étais malade » Eh bien oui, c’est bien ça !
On me verse un verre d’apéro sans alcool et nous trinquons tous ensemble à ta venue dans la famille ! Après les questions, viens le côté pratique. Tonton JP a dans son garage un lit en bois qu’il gardait pour quand j’aurais mon premier enfant, tu auras donc le petit lit à barreaux de tes cousins. Tata M. et Tata E. qui ont ton cousin et ta cousine d’un an, sont entièrement équipé de matériel dont elles n’auront bientôt plus besoins. Ainsi, à Noel, je sais déjà que nous avons pour toi : le lit à barreaux, le berceau pour les premier mois (à Mamy et dans lequel nous avons tous dormi à la naissance), le parc de jeu réglable en hauteur, la chaise haute, l’ensemble cosy-landeau-poussette, des turbulettes naissance et des vêtements … Je réalise qu’en fait, nous n’aurons pas grand-chose à acheter pour ta venue.
Ils sont tous tout excité, je crois bien qu’ils ont apprécié notre cadeau de noël : un enfant de plus dans la famille ! Le bonheur est immense et total. Je lis la fierté dans les yeux de mes parents. Mamy part en retraite mi-Aout 2018 et toi tu devrais naître début Aout, alors elle me dit qu’elle pourra passer du temps avec toi, te prendre en garde. Elle me dit aussi qu’elle adore la façon originale dont on a annoncé ma grossesse. Et puis, elle a hâte de te voir, la couleur métisse de ta peau fait déjà jaser. Tout le monde se demande qu’elle nuance de chocolat tu auras…
Ainsi, nous passons un merveilleux réveillon de Noel, tous ensembles, en famille. Il y a des discutions dans tous les sens, on rit, on pleure de joie et de rire. On prépare le mariage de tata M. qui est dans 3 mois ½ et en même temps on prépare aussi ta venue. Tu était déjà présente dans mon ventre et notre coeur de parent, mais à compter de ce jour-là, tu as également été présente dans le coeur de chaque membre de la famille. C’était un de ces moments magique en famille qu’on souhaiterait ne jamais voir se terminer.
Les jours passent et se ressemblent, je goute aux joies d’être enceinte : les nausées … c’est terrible, elles sont là tous les matins, à croire que je leur ai donné rendez-vous ! Je commence le travail à 7h30, mais impossible d’avaler quelques choses avant 10h voir 11h. Du coup, c’est difficile le matin, je suis fatigué et travail à jeun. En plus je dors mal la nuit, je fais des insomnies, malgré ma fatigue. On m’en avait parlé de ces désagréments, eh bien, je peux dire que je ne suis pas épargné … Les nausées s’invitent aussi parfois le soir, sans prévenir elles arrivent… Je n’ai plus beaucoup d’appétit. On m’avait beaucoup parlé des envies de femmes enceintes mais très peu des dégouts alimentaires que l’on pouvait avoir … presque tout me dégoutent, une odeur de steack en train de cuire à la poêle et j’ai la nausée … J’en arrive par moment à ne réussir à manger que des féculents… Sinon, souvent je me fais des croque-monsieur, c’est ce qui passe le mieux, mais je n’en mange que la moitié puis je suis écœuré … J’ai dû changer de dentifrice, celui à la menthe me faisait vomir, j’utilise le dentifrice à la fraise pour les enfants, il passe mieux ! Je ne saurais te dire combien de fois j’ai vomis le matin, parfois après avoir essayé de prendre un petit déjeuner, mais la plupart du temps, je vomissais à jeun dès le réveil cette bile jaune au goût amer ! C’était « dégeulasse » !!! On m’a dit qu’une fois les 3 premiers mois passés, ça s’arrêterait … je l’espère !
En parallèle, à mon travail, ça ne se passe pas très bien. Tu sais, Soizic, maman travail dans le socioprofessionnel, elle accompagne des personnes en difficultés sociales et professionnelles. Ce n’est pas tous les jours facile, dans l’association, je suis la seule sur ce poste pour 60 salariés à accompagner et je gère également l’administratif RH. Il y a suffisamment de travail pour 2 personnes mais ma direction ne veut pas embaucher alors je fais des heures en plus pour essayer que tout soit fait dans les temps. Mais ça devient difficile car je suis fatigué, j’ai des nausées, des sautes d’humeur, je prends la mouche à la moindre réflexion … je n’arrive plus à prendre du recul dans mon travail.
Au vue que je n’étais pas au mieux de ma forme tous les matins, j’ai parlé de ta présence à ma directrice. Elle m’a félicité et promis de tenir sa langue jusqu’au 3 mois avant que je l’annonce aux collègues. Elle me dit que les nausées vont passer et au passage me dit que je suis une petite nature si je suis déjà fatigué à seulement 2 mois de grossesse … Clairement ma grossesse ne dérange pas à condition que je puisse continuer ce rythme de travail. D’autant plus que la fin d’année est chargé, je dois boucler les budgets formation de 2017, préparer le prévisionnel de 2018, m’assurer que les tableaux de suivi administratifs sont à jour car en janvier je devrais préparer le dialogue de gestion, mon grand oral devant la DIRECCTE pour rendre compte de mon travail sur 2017, tout en continuant à être disponible pour aider les salariés à résoudre leurs difficultés.
Il y a en plus ce salarié avec qui la relation est difficile, il est en colère contre le système social français et je le représente à ses yeux ce système alors il s’en prend à moi verbalement. Je n’arrive pas à gérer la situation et il prend le dessus sur moi, il me fait peur, me terrifie … ce jour de Décembre où il a déboulé dans mon bureau pour gueuler à propos de la CAF qui a réduit son APL, heureusement que j’avais ma stagiaire dans le bureau, je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie, durant un instant j’ai cru qu’il allait être violent physiquement. Ce ne fut pas le cas mais j’ai ressenti une peur viscérale, peur de recevoir un coup et surtout peur des conséquences possibles sur toi …
Les vacances de noël arrive enfin … j’en ai besoin ! Je me pose beaucoup de question par rapport à mon travail, cette politique de « marche ou crève » ne me convient pas. Je me demande comment je vais pouvoir continuer ce rythme de travail, tout en m’occupant de toi. Ma directrice me faisait déjà vivre un petit enfer avant la grossesse, comme elle fait aussi à mes collègues, mais là, je n’arrive plus à prendre ce recul qui m’a fait tenir jusqu’à présent. Je songe à chercher un autre emploi quand je serai en congé maternité, mais doit pouvoir tenir jusqu’à celui-ci qui est en Juin.
Avec ton papa, nous avons décidé d’annoncer ta présence lors du repas de Noël. C’est l’une des rare fois dans l’année où j’accepte un verre d’apéro, alors si je n’en prends pas, nous savons que ma famille va tout de suite comprendre. Et puis, j’en suis à presque 10SA et la gynécologue a été rassurante … on est optimiste, je ne ferai pas de fausse couche. Nous voulions une manière originale d’annoncer ton arrivée dans la famille, tu es la 8ème des petits enfants de mon côté, alors nous avons opté pour des jeux de grattage spéciaux …
Du côté à ton papa, tu es au moins la 15ème des petits enfants, nous n’avons pas le compte exact … Tu sais bien ma chérie, papa et maman sont de 2 continents différents et la famille à papa vit dans son pays d’origine. Je ne les ai jamais rencontrés en vrai, je ne suis jamais allé au T. et tes grands-parents ne sont jamais venus en France. Ton papa a 3 frères et 5 sœurs en lien direct. Toutes tes tatas sont mariées et ont des enfants, mais ton papa a perdu le compte du nombre de neveux et nièces qu’il a … Dans la famille à ton papa, je connais surtout des cousins, oncles et amis qui vivent en France. Nous avons fait de nos différences, notre force. Mais il faut savoir que culturellement, dans la famille à ton papa, une grossesse ne s’annonce pas, soit la famille le voit de par le ventre qui s’arrondit, ou alors il l’apprenne à la naissance. De ce fait, ton papa souhaite attendre avant de leur parler de toi. Il a dit qu’il annoncerait ta venue prochaine à la famille et amis qui sont en France vers 4-5 mois de grossesse et il en parlera à ses parents vers 8-9 mois, juste avant ta naissance…
Revenons en France, à ce 24 Décembre 2017. Ton papa et moi nous nous préparons pour aller passer le réveillon de Noel chez tes grands-parents à E.. Je suis toute excité et impatiente de leur dire que tu es là. On veut partager notre bonheur avec eux. Peut-être que dans mon ventre, tu as ressenti toutes ces émotions d’impatience, de trac aussi un peu et surtout d’immense bonheur. Nous arrivons donc dans la soirée à E.. Tout le monde est déjà arrivé, tes tatas et tontons et surtout tes 3 cousines et 4 cousins. Ça va en faire du monde autour de la table …
Afin que les plus jeunes puissent ouvrir leur cadeau avant d’aller au lit, le père noël passe très tôt ce jour-là pour faire la distribution. Tes 3 plus jeunes cousins et cousines (12 mois, 13 mois et 2½ ans) le voit pour la première fois, ils hésitent puis ils pleurent … tandis que ceux qui ont 3½ ans et 5½ ans sont ravis, aux anges … alors que les deux pré-ados (13 ans et 16 ans) ne sont pas dupes de la supercherie mais ravie tout de même d’avoir des cadeaux … A ce moment-là, je pense à toi, avec ton papa on s’échange un regard et on se comprend, dans un an, jour pour jour, tu seras avec nous pour Noël. Je t’imagine déjà, du haut de tes 5 mois, regarder ce monsieur bizarre habillé en rouge et avec une barbe blanche. Je te vois te mettre à pleurer devant lui et bien sûr ne pas comprendre que ce sont des cadeaux pour noël, mais jouer tout de même avec le papier cadeau car oui, ça fait du bruit et c’est drôle ça pour les bébés …
Les nausées m’embêtent, je prends sur moi et espère que ça ne se voit pas … Ta tata M. me regarde et me dis : « ça va ? Je te trouve bizarre ? » Je réponds que non tout va bien. Je crois qu’on a bien fait de choisir de l’annoncer ce jour-là, car de toute façon ils vont deviner … Les deux plus jeunes vont aux lits, pendant ce temps, on prépare l’apéro et commence à s’installer. Ta tata E. passe devant moi et me dis : « Lucy, je te sers un verre d’apéro ? » Je lui dis « non merci » … STOP, arrêt sur image, elle se fige et me regarde, surprise et me dis : « bah pourquoi tu n’en veux pas ? » Et plus fort elle dit à tata M. : « Lucy ne veux pas d’apéro ! » Elles me regardent toutes les deux … vite il faut que je trouve quelque chose à dire … ce serait dommage de se faire griller juste quelques minutes avant l’annonce !
Je leur réponds : « oui je veux bien un apéro mais les parents n’ont jamais ce que j’aime … » Ouff la bonne excuse trouvée, et vrai en plus … sauvée … ou pas ! E. me dit alors : « bah si justement je leur ai dit de penser à toi pour l’apéro et ils ont acheté ce qu’il faut ! » Ah merde, je suis coincé. J’accepte alors en me disant que je ne boirai pas dedans et après l’annonce le donnerai à ton papa.
Nous nous installons à table, tata M. s’occupe de son fils. Nous ne l’attendons pas pour trinquer à Noel. Je trempe seulement mes lèvres dans le verre pour faire croire que je bois et le repose. Quand tout le monde est là, je leur dit que nous avons des jeux de grattage, c’est des nouveaux qui viennent de sortir et je les distribue. Dans la famille, nous adorons les jeux de grattage et mamy en offre un a tout le monde à Noel, alors personne n’est surpris qu’on en offre également … C’est un jeu qui s’appelle « Las Vegas », il faut gratter la partie de la roulette qui indique bien sûr 3 symboles identiques. Mamy est la première à dire « j’ai gagné », puis d’autres ensuite dise « moi aussi ». Bien sûr, ils sont tous gagnant … Mamy gratte la première la partie gain et elle s’arrête. Ta cousine lui demande ce qu’elle a gagné et elle dit : « attend, je ne suis pas sûr ! » Elle cache son ticket et regarde celui de tonton JP qui est à côté d’elle et voit le gain identique ! Sur la partie gain s’est écrit : « La famille va s’agrandir !!! Et oui … bébé est en route ! »
Les têtes se lèvent et nous regardent, tout sourire … Mamy me dit « tu es enceinte ? » Je réponds « oui » et alors, à ce moment-là, le bonheur se diffuse dans la pièce … les larmes coulent de partout. Tes grands-parents et tes oncles et tantes sont heureux d’apprendre ta présence. Cet instant est magique, la pièce est remplie d’amour qui se diffuse dans tous les sens, pour rebondir sur les murs et nous revenir en plein cœur … Ils viennent tous pour nous prendre dans les bras et nous embrasser, je pleure, tes tatas aussi ont les larmes aux yeux. Tes grands-parents sont aux anges, ils étaient inquiets du fait que nous n’arrivions pas à t’avoir. Alors, à cet instant, ils sont soulagés et heureux pour nous. Papy a la larme à l’œil, sa petite dernière va devenir maman !
Les questions fusent dans tous les sens : Tu en es à combien de mois ? C’est pour quand ? Vous savez déjà le sexe du bébé ? Tu n’as pas trop de nausée ? Et tant d’autres questions que j’ai oubliées. Je leur raconte que ton arrivée est prévue pour fin Juillet/début Aout et que nous t’avons déjà vu 2 fois. Je leur dit aussi que oui, j’ai beaucoup Beaucoup de nausées, à tel point que j’ai perdu 3kg en 2 mois. Tata M. me dit : « c’est pour ça que tu étais bizarre tout à l’heure, tu étais pâle, on aurait dit que tu étais malade » Eh bien oui, c’est bien ça !
On me verse un verre d’apéro sans alcool et nous trinquons tous ensemble à ta venue dans la famille ! Après les questions, viens le côté pratique. Tonton JP a dans son garage un lit en bois qu’il gardait pour quand j’aurais mon premier enfant, tu auras donc le petit lit à barreaux de tes cousins. Tata M. et Tata E. qui ont ton cousin et ta cousine d’un an, sont entièrement équipé de matériel dont elles n’auront bientôt plus besoins. Ainsi, à Noel, je sais déjà que nous avons pour toi : le lit à barreaux, le berceau pour les premier mois (à Mamy et dans lequel nous avons tous dormi à la naissance), le parc de jeu réglable en hauteur, la chaise haute, l’ensemble cosy-landeau-poussette, des turbulettes naissance et des vêtements … Je réalise qu’en fait, nous n’aurons pas grand-chose à acheter pour ta venue.
Ils sont tous tout excité, je crois bien qu’ils ont apprécié notre cadeau de noël : un enfant de plus dans la famille ! Le bonheur est immense et total. Je lis la fierté dans les yeux de mes parents. Mamy part en retraite mi-Aout 2018 et toi tu devrais naître début Aout, alors elle me dit qu’elle pourra passer du temps avec toi, te prendre en garde. Elle me dit aussi qu’elle adore la façon originale dont on a annoncé ma grossesse. Et puis, elle a hâte de te voir, la couleur métisse de ta peau fait déjà jaser. Tout le monde se demande qu’elle nuance de chocolat tu auras…
Ainsi, nous passons un merveilleux réveillon de Noel, tous ensembles, en famille. Il y a des discutions dans tous les sens, on rit, on pleure de joie et de rire. On prépare le mariage de tata M. qui est dans 3 mois ½ et en même temps on prépare aussi ta venue. Tu était déjà présente dans mon ventre et notre coeur de parent, mais à compter de ce jour-là, tu as également été présente dans le coeur de chaque membre de la famille. C’était un de ces moments magique en famille qu’on souhaiterait ne jamais voir se terminer.