Bonjour à toutes
Je ne sais plus trop où poster maintenant que mon IMG à eu lieu (le 1er Mars), ici ça me paraît bien. J'ai besoin d'écrire aujourd'hui.
C'est un jour particulier, il y a presque 1 mois que j'ai accouché de ma bébé décédée (à 32SA). Et il y a pile un an jour pour jour je subissais ma 1ère IMG par aspiration (à 14SA), si on m'avait dit qu'un plus tard, je ferais le deuil d'un second bébé...
Chaque jour est différent, j'ai l'impression d'un trou dans le coeur qui me fait mal quand j'y pense, je pleure mais moins que je ne l'aurais pensé. Mais quand ça arrive j'ai l'impression que je ne m'en remettrai jamais. Ensuite ça passe et ça va mieux. J'ai un immense vide devant moi. Que faire de ces belles journées de printemps qui arrive, lorsqu'on avait prévu de les passer à pouponner ?
La 1ère IMG l'année dernière était un tel choc à la T1, on ne s'y attendait tellement pas, ça a été très dur. Mais on a tenu bon, on s'est relevé avec mon conjoint. Notre 1ère fille va bien, c'était pas de chance, rien au niveau génétique. Et on a recommencé les essais rapidement plein d'espoir.
La grossesse suivante je l'ai appréhendée différemment, plus stressée, même si je me suis assez vite dit que la foudre ne tombait pas 2 fois au même endroit, la T1 était OK. Mais non tout a recommencé encore, mais en tellement différent. L'attente pour savoir ce qu'on faisait, IMG ou non, a été interminable, plus de 3 mois. pour finalement accouché au début du 8ème mois d'un bébé presque à terme, palpable, visible, quant la fois d'avant il n'était "qu'un embryon".
Comme quoi tout est relatif, l'année dernière je pleurais mon 2ème bébé, et aujourd'hui que je pleure le 3ème j'ai l'impression de minimiser ce qui est arrivé au 2ème...
Quelle fois est la pire ? Je ne sais pas. Est-ce-qu'il faut hiérarchiser ? Je ne crois pas.
Tout ce que je sais c'est qu'aujourd'hui 27 Mars 2025, je suis tellement en colère contre la vie. C'est tellement injuste. Je suis dévastée, avoir perdu 2 bébés en moins d'un an me paraît irréel, impossible. Ça ne peut pas m'être arrivé. J'ai été enceinte 8 mois sur 12 en 2024...
Et maintenant ? J'ai tellement envie d'un 2ème bébé en vie... Mais est ce que je vais avoir la force. Est ce que je vais avoir cette chance un jour ? Pourquoi 2 bébés malformés alors que la 1ère est bien là elle ? J'attend le rdv post accouchement début Mai, avec les résultats d'autopsie.
Merci à celles qui m'auront lu, c'est un peu décousu, je suis désolée.
Et maintenant ?
Et maintenant ?
E. née en Avril 2022
IMG le 27/03/24 (à 14 SA par aspiration)
IMG (K.) le 01/03/25 (à 32 SA)
IMG le 27/03/24 (à 14 SA par aspiration)
IMG (K.) le 01/03/25 (à 32 SA)
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- Enregistré le : 09 août 2024, 23:27
Re: Et maintenant ?
Chère Awb,
Je suis profondément désolée de lire le calvaire que tu es en train de traverser.
Je m’y reconnais beaucoup car j’ai moi aussi dû dire adieu à mon bébé arc-en-ciel il y a maintenant 8 mois.
Le cœur de ma petite fille a cessé de battre du jour au lendemain alors que j’étais déjà à la moitié de ma grossesse. C’était aussi ma grossesse arc-en-ciel, une grossesse si stressante, si éprouvante, et l’impensable s’est à nouveau produit. C’est juste inhumain.
Un an auparavant j’avais perdu mon petit Gwennili (hirondelle en breton) d’une fausse-couche tardive et silencieuse, un petit garçon-oisillon de 50 minuscules petits grammes mais qui pesait déjà tellement plus pour mon cœur de maman. J’étais déjà à 18 sa quand on m’a annoncé que son cœur s’était arrêté environ 4 semaines avant. A la T1 tout allait pourtant très bien, et je pensais naïvement que plus rien ne pouvait nous arriver.
Ce jour-là, le 3 août 2023, mon cœur s’est arrêté lui aussi, pendant plusieurs secondes, et je l’ai senti se briser. Une part de moi est partie avec eux, à chaque fois, à chaque annonce c’est comme si on m’avait lâchée dans le vide et qu’en dessous je savais qu’il n’y avait que des rochers tranchants, et je me dis parfois que j’aurais préféré perdre une jambe ou même un bras dans cette chute. Oui j’ai des pensées étranges et absurdes, et aujourd’hui encore je pense sans cesse à ça, à cette histoire si terrible que j’ai du mal à croire que c’est bel et bien la mienne.
J’y pense continuellement, mais j’arrive à « fonctionner » de plus en plus normalement, en surface tout au moins.
J’ai horriblement souffert dans mon cœur de maman, j’avais tellement rêvé de tenir chacun de mes enfants dans mes bras. La douleur physique me paraît si peu de chose en comparaison. C’est une déflagration qu’on n’imagine pas pouvoir exister. L’imaginer est déjà insupportable, alors le vivre…
La première fois j’ai moi aussi été très déçue par la réaction de ma propre mère qui n’a pas accouru pour venir me soutenir car elle était en vacances en Ardèche, c’était compliqué de faire la route comme ça, au pied levé ! Ben oui, bien sûr ! Elle m’a, de loin, dit des phrases toutes faites très maladroites en évoquant immédiatement que notre couple en sortirait plus fort, que de toutes façons j’étais déjà mère, etc. C’est vrai. J’ai l’immense bonheur d’être maman de mes deux trésors qui ont 7 et 5 ans. Ça n’empêche pas la douleur atroce de perdre un être qui grandissait dans son ventre et qu’on aimait déjà.
Elle ne semblait pas aussi affectée que ça, elle ne paraissait pas prendre la mesure de ma douleur, de mon immense déception, de mon désespoir. J’ai mis du temps à lui pardonner, et cela m’a marquée car elle est psychologue en plus, et a travaillé autrefois auprès de mamans dans mon cas dans une maternité parisienne.
!!! Je crois que quiconque ne l’a pas vécu ne peut pas se représenter l’horreur que c’est. Il y a vraiment un gouffre entre l’imagination et la réalité d’un tel vécu.
Les gens n’ont tout simplement pas les mots.
Effectivement, c’est l’enfer sur terre de perdre son bébé, quelles que soient les circonstances, comme le dit si bien Julie de « À nos étoiles » sur Instagram. C’est vraiment l’enfer sur terre, il n’y a pas d’autres mots. Je ne sais pas si tu es allée sur son compte mais c’est un vrai refuge pour les parents qui vivent l’impensable, ce cauchemar odieux que nous devons bien souvent traverser seuls.
Et maintenant ?
Oui c’est la seule question qui vaille car nous devons apprendre à vivre le moment présent, et à trouver des prises auxquelles s’accrocher pour ne pas sombrer car pour l’instant le moment présent te semble très certainement invivable. J’ai eu ce sentiment moi aussi. Je l’ai encore, parfois.
Mais tu vas survivre, pour la vie, pour ton amoureux, pour ta famille et pour toi, parce que malgré tout il y a et il y aura des moments de lumière, d’apaisement et d’espoir et parce que quand on cherche à donner la vie c’est bien parce qu’on l’aime, malgré tout, bien qu’elle soit parfois si totalement et irréellement cruelle. Alors, oui, au fond on est la seule à savoir de quel courage on doit faire preuve pour réussir à se lever le matin, pour accomplir les plus petits gestes du quotidien, pour communiquer avec les autres, pour ne pas pleurer des jours entiers car nos enfants vivants en souffriraient trop et qu’on ne veut pas en plus leur faire porter notre souffrance, parce qu’on culpabilise, parce qu’on entend et on subit des remarques déplacées, ou alors le silence, comme si tout ça n’avait pas vraiment existé, parce qu’on n’a pas le choix, on DOIT survivre. Oui c’est vraiment l’heure d’être des super-héroïnes dans ces moment-là, ces jours si longs, ce recommencement innommable de chaque matin quand on se réveille et qu’on se souvient : « ah oui c’est vrai, j’ai perdu mon bébé ! Oh non il va falloir quand même se lever et vivre, traverser cette journée qui va être si longue sans lui, sans elle… »
Au début les premières semaines ma seule ambition, mon seul horizon était de tenir jusqu’au moment où je pourrais me coucher, sombrer dans le sommeil et l’oubli, ce qui me permettrait de donner un tout petit répit à mon chagrin, à mon cerveau noyé de chagrin.
Mais l’enjeu aussi c’est de se relever, de retrouver le goût de vivre, de se redonner de l’amour à soi-même et de ne plus faire seulement que survivre, mais de vivre à nouveau, pour de vrai, sans se forcer, sans masque, sans souffrir autant. Le temps passe heureusement et chaque jour est une marche, un pas vers une autre que cette personne que nous ne voulons plus être, que nous ne voudrions pas être, et qui est toujours nous, et qui ne sera plus jamais la même.
Je te demande pardon si j’ai été trop longue, pour le coup je suis, moi, complètement décousue !
Je dois dire que je ne pensais pas avoir autant à dire, autant besoin d’écrire mais j’ai le cœur si lourd, il est si libérateur de pouvoir un peu l’alléger par les mots, et j’avais aussi envie de te dire qu’aujourd’hui, huit mois après cette seconde claque monumentale, j’ai l’impression d’aller mieux, parfois pas trop mieux, parfois un tout petit peu mieux, mais aujourd’hui par exemple, j’allais vraiment mieux. C’est sûr que je suis une autre personne, devenue différente par la force implacable des choses, mais en train de me reconstruire malgré tout, très lentement certes, et avec des rechutes, parfois, mais des journées où le soleil revient peuvent à nouveau se vivre, et je m’autorise de plus en plus à retrouver le goût de vivre, à sourire et même à rire. Il faut s’autoriser à vivre ces éclaircies et j’ai découvert aussi qu’écouter les oiseaux m’est d’un précieux secours.
Je suis bien entendu de tout cœur avec toi et te soutiens de toutes mes forces dans cette traversée du désert en te disant que toutes les oasis ne sont pas des mirages et que tu as des forces insoupçonnées en toi pour y aller, et pour te réfugier au cœur de tout ce qui pourra te faire du bien car tu es unique et merveilleuse, et plus forte que tu crois, ne l’oublie pas. Et surtout tu n’es pas seule, loin de là.
Je suis profondément désolée de lire le calvaire que tu es en train de traverser.
Je m’y reconnais beaucoup car j’ai moi aussi dû dire adieu à mon bébé arc-en-ciel il y a maintenant 8 mois.
Le cœur de ma petite fille a cessé de battre du jour au lendemain alors que j’étais déjà à la moitié de ma grossesse. C’était aussi ma grossesse arc-en-ciel, une grossesse si stressante, si éprouvante, et l’impensable s’est à nouveau produit. C’est juste inhumain.
Un an auparavant j’avais perdu mon petit Gwennili (hirondelle en breton) d’une fausse-couche tardive et silencieuse, un petit garçon-oisillon de 50 minuscules petits grammes mais qui pesait déjà tellement plus pour mon cœur de maman. J’étais déjà à 18 sa quand on m’a annoncé que son cœur s’était arrêté environ 4 semaines avant. A la T1 tout allait pourtant très bien, et je pensais naïvement que plus rien ne pouvait nous arriver.
Ce jour-là, le 3 août 2023, mon cœur s’est arrêté lui aussi, pendant plusieurs secondes, et je l’ai senti se briser. Une part de moi est partie avec eux, à chaque fois, à chaque annonce c’est comme si on m’avait lâchée dans le vide et qu’en dessous je savais qu’il n’y avait que des rochers tranchants, et je me dis parfois que j’aurais préféré perdre une jambe ou même un bras dans cette chute. Oui j’ai des pensées étranges et absurdes, et aujourd’hui encore je pense sans cesse à ça, à cette histoire si terrible que j’ai du mal à croire que c’est bel et bien la mienne.
J’y pense continuellement, mais j’arrive à « fonctionner » de plus en plus normalement, en surface tout au moins.
J’ai horriblement souffert dans mon cœur de maman, j’avais tellement rêvé de tenir chacun de mes enfants dans mes bras. La douleur physique me paraît si peu de chose en comparaison. C’est une déflagration qu’on n’imagine pas pouvoir exister. L’imaginer est déjà insupportable, alors le vivre…
La première fois j’ai moi aussi été très déçue par la réaction de ma propre mère qui n’a pas accouru pour venir me soutenir car elle était en vacances en Ardèche, c’était compliqué de faire la route comme ça, au pied levé ! Ben oui, bien sûr ! Elle m’a, de loin, dit des phrases toutes faites très maladroites en évoquant immédiatement que notre couple en sortirait plus fort, que de toutes façons j’étais déjà mère, etc. C’est vrai. J’ai l’immense bonheur d’être maman de mes deux trésors qui ont 7 et 5 ans. Ça n’empêche pas la douleur atroce de perdre un être qui grandissait dans son ventre et qu’on aimait déjà.
Elle ne semblait pas aussi affectée que ça, elle ne paraissait pas prendre la mesure de ma douleur, de mon immense déception, de mon désespoir. J’ai mis du temps à lui pardonner, et cela m’a marquée car elle est psychologue en plus, et a travaillé autrefois auprès de mamans dans mon cas dans une maternité parisienne.
!!! Je crois que quiconque ne l’a pas vécu ne peut pas se représenter l’horreur que c’est. Il y a vraiment un gouffre entre l’imagination et la réalité d’un tel vécu.
Les gens n’ont tout simplement pas les mots.
Effectivement, c’est l’enfer sur terre de perdre son bébé, quelles que soient les circonstances, comme le dit si bien Julie de « À nos étoiles » sur Instagram. C’est vraiment l’enfer sur terre, il n’y a pas d’autres mots. Je ne sais pas si tu es allée sur son compte mais c’est un vrai refuge pour les parents qui vivent l’impensable, ce cauchemar odieux que nous devons bien souvent traverser seuls.
Et maintenant ?
Oui c’est la seule question qui vaille car nous devons apprendre à vivre le moment présent, et à trouver des prises auxquelles s’accrocher pour ne pas sombrer car pour l’instant le moment présent te semble très certainement invivable. J’ai eu ce sentiment moi aussi. Je l’ai encore, parfois.
Mais tu vas survivre, pour la vie, pour ton amoureux, pour ta famille et pour toi, parce que malgré tout il y a et il y aura des moments de lumière, d’apaisement et d’espoir et parce que quand on cherche à donner la vie c’est bien parce qu’on l’aime, malgré tout, bien qu’elle soit parfois si totalement et irréellement cruelle. Alors, oui, au fond on est la seule à savoir de quel courage on doit faire preuve pour réussir à se lever le matin, pour accomplir les plus petits gestes du quotidien, pour communiquer avec les autres, pour ne pas pleurer des jours entiers car nos enfants vivants en souffriraient trop et qu’on ne veut pas en plus leur faire porter notre souffrance, parce qu’on culpabilise, parce qu’on entend et on subit des remarques déplacées, ou alors le silence, comme si tout ça n’avait pas vraiment existé, parce qu’on n’a pas le choix, on DOIT survivre. Oui c’est vraiment l’heure d’être des super-héroïnes dans ces moment-là, ces jours si longs, ce recommencement innommable de chaque matin quand on se réveille et qu’on se souvient : « ah oui c’est vrai, j’ai perdu mon bébé ! Oh non il va falloir quand même se lever et vivre, traverser cette journée qui va être si longue sans lui, sans elle… »
Au début les premières semaines ma seule ambition, mon seul horizon était de tenir jusqu’au moment où je pourrais me coucher, sombrer dans le sommeil et l’oubli, ce qui me permettrait de donner un tout petit répit à mon chagrin, à mon cerveau noyé de chagrin.
Mais l’enjeu aussi c’est de se relever, de retrouver le goût de vivre, de se redonner de l’amour à soi-même et de ne plus faire seulement que survivre, mais de vivre à nouveau, pour de vrai, sans se forcer, sans masque, sans souffrir autant. Le temps passe heureusement et chaque jour est une marche, un pas vers une autre que cette personne que nous ne voulons plus être, que nous ne voudrions pas être, et qui est toujours nous, et qui ne sera plus jamais la même.
Je te demande pardon si j’ai été trop longue, pour le coup je suis, moi, complètement décousue !
Je dois dire que je ne pensais pas avoir autant à dire, autant besoin d’écrire mais j’ai le cœur si lourd, il est si libérateur de pouvoir un peu l’alléger par les mots, et j’avais aussi envie de te dire qu’aujourd’hui, huit mois après cette seconde claque monumentale, j’ai l’impression d’aller mieux, parfois pas trop mieux, parfois un tout petit peu mieux, mais aujourd’hui par exemple, j’allais vraiment mieux. C’est sûr que je suis une autre personne, devenue différente par la force implacable des choses, mais en train de me reconstruire malgré tout, très lentement certes, et avec des rechutes, parfois, mais des journées où le soleil revient peuvent à nouveau se vivre, et je m’autorise de plus en plus à retrouver le goût de vivre, à sourire et même à rire. Il faut s’autoriser à vivre ces éclaircies et j’ai découvert aussi qu’écouter les oiseaux m’est d’un précieux secours.
Je suis bien entendu de tout cœur avec toi et te soutiens de toutes mes forces dans cette traversée du désert en te disant que toutes les oasis ne sont pas des mirages et que tu as des forces insoupçonnées en toi pour y aller, et pour te réfugier au cœur de tout ce qui pourra te faire du bien car tu es unique et merveilleuse, et plus forte que tu crois, ne l’oublie pas. Et surtout tu n’es pas seule, loin de là.
Re: Et maintenant ?
Salut, c'est juste pour vous dire à combien j'ai été si apaisé de vous lire , chaque phrase reflétait ma réalité à la différence près que je n'ai pas encore d'enfants vivantsMeredIroise44 a écrit : ↑31 mars 2025, 00:58 Chère Awb,
Je suis profondément désolée de lire le calvaire que tu es en train de traverser.
Je m’y reconnais beaucoup car j’ai moi aussi dû dire adieu à mon bébé arc-en-ciel il y a maintenant 8 mois.
Le cœur de ma petite fille a cessé de battre du jour au lendemain alors que j’étais déjà à la moitié de ma grossesse. C’était aussi ma grossesse arc-en-ciel, une grossesse si stressante, si éprouvante, et l’impensable s’est à nouveau produit. C’est juste inhumain.
Un an auparavant j’avais perdu mon petit Gwennili (hirondelle en breton) d’une fausse-couche tardive et silencieuse, un petit garçon-oisillon de 50 minuscules petits grammes mais qui pesait déjà tellement plus pour mon cœur de maman. J’étais déjà à 18 sa quand on m’a annoncé que son cœur s’était arrêté environ 4 semaines avant. A la T1 tout allait pourtant très bien, et je pensais naïvement que plus rien ne pouvait nous arriver.
Ce jour-là, le 3 août 2023, mon cœur s’est arrêté lui aussi, pendant plusieurs secondes, et je l’ai senti se briser. Une part de moi est partie avec eux, à chaque fois, à chaque annonce c’est comme si on m’avait lâchée dans le vide et qu’en dessous je savais qu’il n’y avait que des rochers tranchants, et je me dis parfois que j’aurais préféré perdre une jambe ou même un bras dans cette chute. Oui j’ai des pensées étranges et absurdes, et aujourd’hui encore je pense sans cesse à ça, à cette histoire si terrible que j’ai du mal à croire que c’est bel et bien la mienne.
J’y pense continuellement, mais j’arrive à « fonctionner » de plus en plus normalement, en surface tout au moins.
J’ai horriblement souffert dans mon cœur de maman, j’avais tellement rêvé de tenir chacun de mes enfants dans mes bras. La douleur physique me paraît si peu de chose en comparaison. C’est une déflagration qu’on n’imagine pas pouvoir exister. L’imaginer est déjà insupportable, alors le vivre…
La première fois j’ai moi aussi été très déçue par la réaction de ma propre mère qui n’a pas accouru pour venir me soutenir car elle était en vacances en Ardèche, c’était compliqué de faire la route comme ça, au pied levé ! Ben oui, bien sûr ! Elle m’a, de loin, dit des phrases toutes faites très maladroites en évoquant immédiatement que notre couple en sortirait plus fort, que de toutes façons j’étais déjà mère, etc. C’est vrai. J’ai l’immense bonheur d’être maman de mes deux trésors qui ont 7 et 5 ans. Ça n’empêche pas la douleur atroce de perdre un être qui grandissait dans son ventre et qu’on aimait déjà.
Elle ne semblait pas aussi affectée que ça, elle ne paraissait pas prendre la mesure de ma douleur, de mon immense déception, de mon désespoir. J’ai mis du temps à lui pardonner, et cela m’a marquée car elle est psychologue en plus, et a travaillé autrefois auprès de mamans dans mon cas dans une maternité parisienne.
!!! Je crois que quiconque ne l’a pas vécu ne peut pas se représenter l’horreur que c’est. Il y a vraiment un gouffre entre l’imagination et la réalité d’un tel vécu.
Les gens n’ont tout simplement pas les mots.
Effectivement, c’est l’enfer sur terre de perdre son bébé, quelles que soient les circonstances, comme le dit si bien Julie de « À nos étoiles » sur Instagram. C’est vraiment l’enfer sur terre, il n’y a pas d’autres mots. Je ne sais pas si tu es allée sur son compte mais c’est un vrai refuge pour les parents qui vivent l’impensable, ce cauchemar odieux que nous devons bien souvent traverser seuls.
Et maintenant ?
Oui c’est la seule question qui vaille car nous devons apprendre à vivre le moment présent, et à trouver des prises auxquelles s’accrocher pour ne pas sombrer car pour l’instant le moment présent te semble très certainement invivable. J’ai eu ce sentiment moi aussi. Je l’ai encore, parfois.
Mais tu vas survivre, pour la vie, pour ton amoureux, pour ta famille et pour toi, parce que malgré tout il y a et il y aura des moments de lumière, d’apaisement et d’espoir et parce que quand on cherche à donner la vie c’est bien parce qu’on l’aime, malgré tout, bien qu’elle soit parfois si totalement et irréellement cruelle. Alors, oui, au fond on est la seule à savoir de quel courage on doit faire preuve pour réussir à se lever le matin, pour accomplir les plus petits gestes du quotidien, pour communiquer avec les autres, pour ne pas pleurer des jours entiers car nos enfants vivants en souffriraient trop et qu’on ne veut pas en plus leur faire porter notre souffrance, parce qu’on culpabilise, parce qu’on entend et on subit des remarques déplacées, ou alors le silence, comme si tout ça n’avait pas vraiment existé, parce qu’on n’a pas le choix, on DOIT survivre. Oui c’est vraiment l’heure d’être des super-héroïnes dans ces moment-là, ces jours si longs, ce recommencement innommable de chaque matin quand on se réveille et qu’on se souvient : « ah oui c’est vrai, j’ai perdu mon bébé ! Oh non il va falloir quand même se lever et vivre, traverser cette journée qui va être si longue sans lui, sans elle… »
Au début les premières semaines ma seule ambition, mon seul horizon était de tenir jusqu’au moment où je pourrais me coucher, sombrer dans le sommeil et l’oubli, ce qui me permettrait de donner un tout petit répit à mon chagrin, à mon cerveau noyé de chagrin.
Mais l’enjeu aussi c’est de se relever, de retrouver le goût de vivre, de se redonner de l’amour à soi-même et de ne plus faire seulement que survivre, mais de vivre à nouveau, pour de vrai, sans se forcer, sans masque, sans souffrir autant. Le temps passe heureusement et chaque jour est une marche, un pas vers une autre que cette personne que nous ne voulons plus être, que nous ne voudrions pas être, et qui est toujours nous, et qui ne sera plus jamais la même.
Je te demande pardon si j’ai été trop longue, pour le coup je suis, moi, complètement décousue !
Je dois dire que je ne pensais pas avoir autant à dire, autant besoin d’écrire mais j’ai le cœur si lourd, il est si libérateur de pouvoir un peu l’alléger par les mots, et j’avais aussi envie de te dire qu’aujourd’hui, huit mois après cette seconde claque monumentale, j’ai l’impression d’aller mieux, parfois pas trop mieux, parfois un tout petit peu mieux, mais aujourd’hui par exemple, j’allais vraiment mieux. C’est sûr que je suis une autre personne, devenue différente par la force implacable des choses, mais en train de me reconstruire malgré tout, très lentement certes, et avec des rechutes, parfois, mais des journées où le soleil revient peuvent à nouveau se vivre, et je m’autorise de plus en plus à retrouver le goût de vivre, à sourire et même à rire. Il faut s’autoriser à vivre ces éclaircies et j’ai découvert aussi qu’écouter les oiseaux m’est d’un précieux secours.
Je suis bien entendu de tout cœur avec toi et te soutiens de toutes mes forces dans cette traversée du désert en te disant que toutes les oasis ne sont pas des mirages et que tu as des forces insoupçonnées en toi pour y aller, et pour te réfugier au cœur de tout ce qui pourra te faire du bien car tu es unique et merveilleuse, et plus forte que tu crois, ne l’oublie pas. Et surtout tu n’es pas seule, loin de là.
La foudre a frappé deux fois RCIU et malformations à 32 SA et IMG , et deuxième fois une morte subite après la naissance de mon arc en ciel.
Ouuuufff je m'en dormirais paisiblement parceque vous avez exprimé de vos mots que ce n'arrivait pas à exprimer ma douleur.
Nous devons revivre et j'ai hâte de revivre
Mam'ange de Marvine partie un jour après sa naissance, le 16 mars 2025
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- Enregistré le : 09 août 2024, 23:27
Re: Et maintenant ?
Bonjour Davina,
Merci pour ton message, tes mots me vont droit au cœur. Ce soir j’ai beaucoup de chagrin, je me sens envahie. Mes enfants me manquent. Trouver ici tes mots qui résonnent avec ma peine, car tu dis que mes mots ont pu exprimer la tienne, est un vrai réconfort. Savoir qu’en les lisant tu t’es sentie moins seule, moins incomprise et plus apaisée, c’est un immense cadeau que tu me fais. Merci. A mon tour de te dire merci. Nous sommes des sœurs de souffrance et nous pouvons compter sur nos présences invisibles, sur nos cœurs au même diapason. Nous nous comprenons.
Oui tu as très bien écrit cela : nous devons et nous allons revivre, même si la réparation est longue et qu’il nous en restera toujours des marques, invisibles aux yeux des autres, sans doute, c’est notre chemin de vie et il aura aussi toute son unique beauté avec ses paysages de désert et son immense vallée de larmes, ses précieuses rencontres et ses accalmies après la tempête, ses passages en solitaire, ses brumes et ses rayons de lune, ses éclaircies… et un jour j’en suis sûre, le bonheur reviendra.
Merci pour ton message, tes mots me vont droit au cœur. Ce soir j’ai beaucoup de chagrin, je me sens envahie. Mes enfants me manquent. Trouver ici tes mots qui résonnent avec ma peine, car tu dis que mes mots ont pu exprimer la tienne, est un vrai réconfort. Savoir qu’en les lisant tu t’es sentie moins seule, moins incomprise et plus apaisée, c’est un immense cadeau que tu me fais. Merci. A mon tour de te dire merci. Nous sommes des sœurs de souffrance et nous pouvons compter sur nos présences invisibles, sur nos cœurs au même diapason. Nous nous comprenons.
Oui tu as très bien écrit cela : nous devons et nous allons revivre, même si la réparation est longue et qu’il nous en restera toujours des marques, invisibles aux yeux des autres, sans doute, c’est notre chemin de vie et il aura aussi toute son unique beauté avec ses paysages de désert et son immense vallée de larmes, ses précieuses rencontres et ses accalmies après la tempête, ses passages en solitaire, ses brumes et ses rayons de lune, ses éclaircies… et un jour j’en suis sûre, le bonheur reviendra.
Re: Et maintenant ?
MeredIroise44 a écrit : ↑23 avril 2025, 15:09 Bonjour Davina,
Merci pour ton message, tes mots me vont droit au cœur. Ce soir j’ai beaucoup de chagrin, je me sens envahie. Mes enfants me manquent. Trouver ici tes mots qui résonnent avec ma peine, car tu dis que mes mots ont pu exprimer la tienne, est un vrai réconfort. Savoir qu’en les lisant tu t’es sentie moins seule, moins incomprise et plus apaisée, c’est un immense cadeau que tu me fais. Merci. A mon tour de te dire merci. Nous sommes des sœurs de souffrance et nous pouvons compter sur nos présences invisibles, sur nos cœurs au même diapason. Nous nous comprenons.
Oui tu as très bien écrit cela : nous devons et nous allons revivre, même si la réparation est longue et qu’il nous en restera toujours des marques, invisibles aux yeux des autres, sans doute, c’est notre chemin de vie et il aura aussi toute son unique beauté avec ses paysages de désert et son immense vallée de larmes, ses précieuses rencontres et ses accalmies après la tempête, ses passages en solitaire, ses brumes et ses rayons de lune, ses éclaircies… et un jour j’en suis sûre, le bonheur reviendra.
Je suis reconnaissante de vous relire encore une fois de plus avec un grand sourire,
Je vous en prie, on est ensemble comme vous l'avez dit. On se comprend et je suis désolée que vous vous sentiez particulièrement envahie par le chagrin.
Nos étoiles sont avec nous dans nos cœurs et dans nos pensées ils grandissent et vivent pour les autres nos enfants n'existent pas pour nous ils vivent et nous pensions fort à eux et nous nous interrogeons sur le ressenti face à notre séparation, nous viverons en projetant le si ils étaient là , ils auraient eu tel âge, ils auraient fait telle chose , etc.... , c'est notre deuil et on le portera toujours, à moi on me dit que j'ai 29 ans que je veux avoir d'autres enfants que je veux oublier mais d'autres enfants ne seront pas mes étoiles, ils me combleront et appaiseront mes douleurs néanmoins ils n'effaceront pas ma triste expérience car la vie m'a chicoté.
Prenez soin de vous, on est forte , on a tenu et on ne tombera pas dans la dépression
Mam'ange de Marvine partie un jour après sa naissance, le 16 mars 2025
Re: Et maintenant ?
Bonjour MeredIroise,
Je n'ai pas pris le temps de te répondre avant, mais j'ai lu ton message plusieurs fois depuis que j'ai posté et je te remercie d'avoir pris le temps de l'écrire. Il me fait du bien et tu explique si bien tout les sentiments qui me traversent.
Ces dernières semaines sont difficiles, la date du terme qui aurait du être approche (le 30/04) et j'espère qu'une fois cette date passée, une nouvelle phase s'ouvrira. J'ai mal encore. Parfois ça va, j'ai ma fille qui est mon petite rayon de soleil. Mais c'est inconcevable ce qui m'arrive, j'ai du mal à réaliser que cette histoire est bien la mienne. Certains jours je vais mieux et j'arrive à ne pas trop y penser. A avancer.
J'ai une amie qui a accouché la semaine dernière, et c'est très dur de me dire qu'elle a sa fille et pas moi. Je suis jalouse. Ce n'est pas une amie très proche je ne vais pas être obligé de la voir avant longtemps si j'en ai pas envie.
Nous attendons les résultats de l'autopsie pour la mi-mai je n'attends pas de réponse, la dernière fois il n'y en avait pas eu. J''attends surtout qu'on discute du "plan d'attaque" pour la prochaine grossesse. On laisse passer l'été avec mon conjoint. Il faut qu'on retrouve la force d'affronter une grossesse qui sera stressante quoi qu'il arrive.
J'ai aussi du mal à faire ce deuil de l'insouciance, de ma naïveté. Je ne serai plus jamais la même, c'est mon histoire je dois l'accepter.
Je pense a tout nos bébés <3
Je n'ai pas pris le temps de te répondre avant, mais j'ai lu ton message plusieurs fois depuis que j'ai posté et je te remercie d'avoir pris le temps de l'écrire. Il me fait du bien et tu explique si bien tout les sentiments qui me traversent.
Ces dernières semaines sont difficiles, la date du terme qui aurait du être approche (le 30/04) et j'espère qu'une fois cette date passée, une nouvelle phase s'ouvrira. J'ai mal encore. Parfois ça va, j'ai ma fille qui est mon petite rayon de soleil. Mais c'est inconcevable ce qui m'arrive, j'ai du mal à réaliser que cette histoire est bien la mienne. Certains jours je vais mieux et j'arrive à ne pas trop y penser. A avancer.
J'ai une amie qui a accouché la semaine dernière, et c'est très dur de me dire qu'elle a sa fille et pas moi. Je suis jalouse. Ce n'est pas une amie très proche je ne vais pas être obligé de la voir avant longtemps si j'en ai pas envie.
Nous attendons les résultats de l'autopsie pour la mi-mai je n'attends pas de réponse, la dernière fois il n'y en avait pas eu. J''attends surtout qu'on discute du "plan d'attaque" pour la prochaine grossesse. On laisse passer l'été avec mon conjoint. Il faut qu'on retrouve la force d'affronter une grossesse qui sera stressante quoi qu'il arrive.
J'ai aussi du mal à faire ce deuil de l'insouciance, de ma naïveté. Je ne serai plus jamais la même, c'est mon histoire je dois l'accepter.
Je pense a tout nos bébés <3
E. née en Avril 2022
IMG le 27/03/24 (à 14 SA par aspiration)
IMG (K.) le 01/03/25 (à 32 SA)
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