Mon deuxième bébé perdu en moins d’un an : cœur arraché

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MeredIroise44
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Mon deuxième bébé perdu en moins d’un an : cœur arraché

Message par MeredIroise44 »

Bonjour à tous, et à toutes.

Merci de m’accueillir sur cet îlot du chagrin et du deuil où j’espère pouvoir m’épancher et me sentir entendue et soutenue.

Je suis Clémentine, j’ai 42 ans et j’ai accouché il y a une semaine de ma petite Iroise de 4 mois 1/2 suite à un arrêt de son cœur révélé au cours d’une visite de contrôle chez une sage-femme le 30 juillet (que je ne connaissais pas car j’étais sur mon lieu de vacances).
Ma grossesse se passait pourtant bien, je commençais à bien sentir les petits frétillements de mon bébé au creux de mon ventre même si j’avais tout le temps peur de me tromper et de me bercer d’illusions sur ces mêmes sensations…
La vérité c’est que j’ai souvent (tout le temps ?) été anxieuse et que j’ai mis du temps à trouver un suivi et un soutien adapté pour cette grossesse arc-en-ciel qui s’est finalement finie dans un torrent de larmes. Des larmes que je voudrais pouvoir verser encore et encore, jusqu’à n’avoir même plus d’yeux pour pleurer.

En effet, l’année dernière à la même époque j’ai connu le même désespoir d’abriter un petit bébé adorable et adoré dont le cœur s’était lui aussi arrêté vers 13 SA mais dont je ne l’ai appris qu’à 17 SA ( on appelle ça une fausse couche silencieuse : un énorme choc pour moi qui ne me représentais pas du tout les FC de cette façon ! ).
J’avais déjà 41 ans mais je croyais en ma bonne étoile et le décès de mon père survenu quelques mois plus tôt avait soudainement provoqué une irrépressible envie de donner la vie à nouveau, d’agrandir notre famille de 4, de donner un petit frère ou une petite sœur à mes deux aînés Robin et Daphné. Ils ont aujourd’hui 6 et 4 ans et m’aident à tenir bon même si tout me fait souffrir actuellement, même leurs sourires me renvoient douloureusement aux sourires que je ne verrai jamais…

Mon conjoint n’était pas aussi favorable que moi à cette idée de 3ème enfant, mais il s’était malgré tout laissé convaincre et m’a finalement dit « pourquoi pas, il faut être un peu fou dans la vie ! »
Malheureusement, un peu moins d’un mois après l’écho du T1 me voilà avec un Doppler muet chez ma généraliste qui me conseille de me rendre aux urgences mais sans m’affoler en me disant que parfois si le bébé est mal positionné cela peut arriver.
Donc je vais seule aux urgences gyneco de ***** à 20 minutes de chez moi, c’est l’hôpital où je projetais d’accoucher.
Écho de contrôle : c’est le choc quand la médecin échographe prononce les mots terribles avant même de poser la sonde sur mon ventre : « Bon, eh bien, on va confirmer… » Moi : Comment ça, confirmer ??!
De quoi parle-t-elle ?
L’écho me montre l’image terrible d’un petit crâne immobile et aucun son ne me parvient. Pas de mouvement, pas de sons, pas d’échanges sanguins…
C’est donc la fin de mon rêve de tenir dans mes bras un 3ème beau bébé ! Mon cœur éclate en mille morceaux et malgré la déflagration insurmontable il va me falloir accoucher de ce petit corps sans vie !
Mon tout petit, mon bébé d’espoir, j’étais si fière de t’avoir attendu si rapidement, après seulement un petit mois d’essais… Joie du 10 mai 2023 : un test positif, quel bonheur !! Si vite après le retrait de mon stérilet. Quelle chance !

Aujourd’hui c’est un deuxième séisme qu’il me faut encaisser. J’ai tout fait pour surmonter le deuil de mon petit Gwennili (hirondelle en breton) : un pendentif hirondelle m’accompagne désormais, j’ai commandé un portait de notre famille à la merveilleuse Korrig’ann, j’ai entamé une thérapie, fait de l’hypnose et de l’EMDR, fait une séance de watsu, fait appel à une Reflexologue-naturopathe, et j’ai aussi fait un suivi par téléphone avec une accompagnante d’Agapa, je me suis lancée à corps perdu dans la guérison et la résilience et j’ai voulu retomber enceinte le plus vite possible, compte tenu de mon âge avancé.

Aucune raison médicale ou scientifique ne nous a été donnée : des tests ont été effectués et rien, rien de rien, malgré une suspicion très hypothétique de SAPL mais finalement écartée. Le feu vert nous a été donné malgré nos âges : j’ai eu 42 ans en mars 2024 et mon conjoint a eu 45 ans en août.
Alors nous avons continué nos essais-bébé et après 8 mois d’attente et d’espoir le fameux + est enfin arrivé !!! J’étais tellement heureuse… tellement inquiète aussi, mais je voulais y croire.
Après tout en l’absence de raison médicale on nous avait dit que nos chances restaient plutôt bonnes car les grossesses après 40 ans ne sont plus rares aujourd’hui et elles se déroulent généralement plutôt bien même s’il peut y avoir une surveillance plus importante.

Mais le couperet est de nouveau tombé mardi 30 juillet chez cette sage-femme qui a commencé par se montrer très rassurante au vu de ma hauteur utérine, normale pour le terme où j’étais de 20 SA +5
Un soulagement de courte durée car au moment du Doppler, je ne respire plus, je retiens mon souffle, elle me voit si stressée qu’elle me propose d’aller tout de suite vérifier avec son appareil d’écho : mais là catastrophe c’est la douche glacée je comprends son silence, je vois sa tête et j’observe sur le petit écran : il n’y a pas de mouvement ! Ça ne bouge pas, ça ne bouge plus !!!
Mon cœur explose à nouveau, le cauchemar recommence, ça ne peut pas être vrai !!! J’ai cru m’évanouir de douleur, j’ai cru devenir folle, j’ai crié pleuré me suis tapée la tête contre le mur, j’aurais voulu pouvoir m’assommer moi-même pour ne plus avoir à entendre ça ! « Je suis désolée… »

Vendredi dernier j’ai accouché d’une jolie petite fille que personne ne verra jamais. Nous avions parcouru ensemble contre vents et marées la durée d’une moitié de grossesse et j’en étais tellement fière et heureuse. Je sentais l’optimisme me gagner et je me disais que le plus dur était derrière moi car désormais je sentais mon trésor bouger en moi. Mon bébé rayon de soleil, mon doux petit bonheur perdu… Après mon bébé-oisillon hirondelle, mon Gwennili, au tour de mon Iroise, mon étoile de mer si belle, que j’aime tant, et qui rejoint mon premier petit ange au pays de l’innocence éternelle. Je vous aime tant mes bébés perdus. À vous deux quelques dizaines de grammes d’espoir de douleur et d’amour, mais qui pèsent tellement plus dans mon monde à moi.

Je ne sais pas comment je vais réussir à me relever d’une telle épreuve, vécue deux fois en moins d’un an : est-ce que c’est normal de vivre ça ?? Qu’est-ce que j’ai fait à la vie pour qu’elle m’inflige une telle torture ?! Je me sens maudite. Pourquoi la vie me fait-elle vivre autant de deuils en si peu de temps ??
Je voudrais rester tapie dans un trou à pleurer et à dormir pendant 100 jours, ou même plus. Et me réveiller à la fin et réaliser que tout ça n’était qu’un mauvais rêve.
Je m’en veux que ma famille ait à traverser ces épreuves par ma faute, même si je n’y peux rien. Je regrette que cette envie d’enfant, de ce petit dernier qui aurait été choyé, soit venue aussi tard. Parce que c’est mon âge le problème, n’est-ce pas ? Arrêtez vos discours trompeurs et dites-moi la vérité… je suis trop vieille c’est ça ?
Alors pourquoi suis-je tombée enceinte ?
Ça n’a aucun sens si c’est pour me retirer mon bonheur quatre mois 1/2 plus tard ! Ça n’était pas la peine de me faire cette fausse joie.
J’ai si mal ! Si mal si mal si mal…
Quel espoir me reste-t-il ? J’aimerais tout oublier et n’avoir rien vécu de tout ça.

Écrire mon histoire me soulage un peu car j’ai le sentiment de jeter une bouteille à la mer et que l’idée que mon message puisse être lu est déjà un premier pas d’espoir vers l’avenir : pour le moment je ressens que je n’y crois pas encore complètement. Je n’arrive pas à croire et encore moins à accepter que cette histoire est la mienne et qu’il va me falloir vivre avec…

Merci à vous de m’avoir lue et de vous pencher sur mes mots si pleins de tristesse et de regret. J’ai le sentiment d’avoir perdu tout ce qui me rendait heureuse, et l’avenir me terrifie.
Modifié en dernier par Juli1 le 12 août 2024, 12:33, modifié 1 fois.
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Pépin
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Re: Mon deuxième bébé perdu en moins d’un an : cœur arraché

Message par Pépin »

Bonjour MeredIroise,

Je suis sincèrement désolée de t'accueillir sur ce forum. Toutes mes condoléances et tout mon soutien pour la perte de Gwennili et d'Iroise (très beaux prénoms avec de belles significations).

Étant actuellement enceinte d'un bébé arc-en-ciel après la perte de ma fille le 28 mars, ton texte m'a énormément touchée et remuée. Je n'ai pas vécu de mort foetale in utero, mais je connais aussi ce moment où une annonce des médecins fait basculer nos vies. Ce choc, cette douleur, cette horreur, cette sidération. Ton sentiment d'injustice, ta colère, ta tristesse... Tout est légitime. Personne ne devrait jamais subir cette douleur. Encore moins deux fois.

Il est humain de ressentir de la culpabilité. Mais tu n'y es pour rien. Tu es uniquement coupable d'avoir aimé tes deux étoiles. Tu ne pouvais rien faire pour les sauver, rien faire pour savoir à l'avance qu'ils s'envoleraient si vite. Tu n'es coupable de rien.

Dans ces moments-là, il n'y a parfois rien de positif à voir, ni à dire. Je suis simplement désolée que le malheur vous frappe de nouveau.

J'espère que vous êtes bien entourés et bien encadrés pour survivre à ce deuxième deuil si injuste.

Comme pour ton hirondelle, fais des choses qui te font du bien en hommage à ta petite fille. Parle sur ce forum, parle de tes étoiles autour de toi, demande du soutien à tes proches et à des professionnels (psychologues, Agapa, etc.). Ne pense qu'à toi et à ce que tu souhaites faire pour apaiser un peu la peine et la douleur.

Mettre des mots sur ses émotions pour les comprendre et les accepter, ça aide énormément à garder le contrôle.

Les médecins ont-ils prévu de réaliser une autopsie pour déterminer les possibles causes de l'arrêt cardiaque d'Iroise ? Avoir quelques réponses peut aussi aider à avancer dans le deuil.

Douces pensées pour ton hirondelle, Gwennili, et ton étoile de mer, Iroise. Je suis persuadée qu'ils étaient magnifiques, paisibles... et qu'ils ont senti votre amour jusqu'au bout.
Manon, Équipe de modération de Petite Emilie
Pépinette, IMG à 17SA pour T21 - 28/03/2024
Louis, notre Petit Espoir - 05/03/2025
petitfaon
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Re: Mon deuxième bébé perdu en moins d’un an : cœur arraché

Message par petitfaon »

Bonjour Clémentine,

Je ne sais pas quoi dire pour te réconforter, je peux seulement te dire que je suis terriblement désolée pour toi.
Tu traverses une épreuve tellement douloureuse, et cet enchaînement des deux décès à la suite est terrible. Seul le temps permettra d'apaiser un peu cette douleur, mais il n'effacera jamais le souvenir de tes deux bébés.
N'hésite pas à t'épancher sur le forum, et à en parler autant que tu en ressens le besoin, ici on peut toutes et tous t'écouter et te comprendre.
Ce sentiment de cœur arraché, je vois très bien de quoi tu parles. Le sentiment d'être dans un cauchemar dont on va forcément se réveiller un jour, puis petit à petit, accepter que ces bébés font partie de notre histoire, de notre famille même si ce n'est pas l'histoire qu'on aurait imaginée écrire avec eux.
En plus, tu viens tout juste d'accoucher, outre le traumatisme inhérent à cet évènement, tu es également en plein post partum et la chute hormonale a plutôt tendance à tirer encore davantage notre moral vers le bas.
💖 IMG à 20 sa pour t21 (mai 2024)
MeredIroise44
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Re: Mon deuxième bébé perdu en moins d’un an : cœur arraché

Message par MeredIroise44 »

Merci pour vos réponses humaines et sensibles.
Je savais que je trouverais ici des oreilles compatissantes et compréhensives.
Des mots simples et solidaires.
Oui je vais prendre soin de moi et tenter de me reconstruire. J’ai tellement envie de pleurer tout le temps en ce moment. C’est ce que je devrais pouvoir faire mais impossible de me laisser aller à ce point devant mon conjoint et mes enfants : ils seraient effrayés de me voir aussi inconsolable.
Dans mon malheur la perte de mon bébé est intervenue 8 jours avant la barre fatidique des 22 SA, résultat je n’aurai pas droit à un congé maternité. Comme c’était mon troisième enfant (vivant, je précise !) j’aurais pu avoir 6 mois de congé pour pouvoir faire mon deuil à mon rythme, prendre du temps pour savoir ce dont j’ai besoin pour aller mieux, pour cheminer vers l’acceptation, retrouver un peu le goût de vivre. Mais non, mon bébé est vraiment parti trop tôt ! Beaucoup trop tôt et en même temps j’étais arrivée à la moitié et je le sentais le soir en m’endormant. C’était la plus exquise des sensations !
Comme je suis enseignante en collège il me semble cette fois insurmontable de faire mon travail d’accompagnement des enfants des autres (j’ai repris mon poste en septembre de l’année dernière mais je n’avais dit à personne que j’étais enceinte et cela ne s’était pas vu je crois…)
Il me semble parfaitement insurmontable cette fois de revenir au collège où tous mes collègues savaient que j’étais enceinte, les plus proches se réjouissaient pour moi, certaines savaient que j’avais vécu un drame l’été passé car je leur avais dit.
Je trouve insupportable d’imaginer leurs réactions que ce soit de pitié ou d’indifférence à mon chagrin. Je ne veux pas subir les regards, les silences gênés, les maladresses et mots de consolation qui tombent forcément à côté.
Je pense demander un arrêt de travail à ma médecin généraliste mais que se passerait-il si elle refusait? Et combien de temps m’accordera-t-elle ?
J’ai tellement peur de tout ça. Je me sens si vulnérable, c’est pour moi totalement impossible de reprendre.
Je crois que je préférerais encore démissionner mais alors, que faire ensuite ?
Et mon conjoint ne comprendrait pas. Il serait sûrement très difficile de lui faire accepter la situation.
Je suis désolée de détailler ici mes craintes et mes problèmes mais concrètement il y a aussi tout cet après qui m’inquiète et me mine et que je redoute profondément.
Merci de m’avoir lue.
Merci d’être là et de répondre à mon appel au secours.
Pépin
Messages : 494
Enregistré le : 24 mars 2024, 19:04

Re: Mon deuxième bébé perdu en moins d’un an : cœur arraché

Message par Pépin »

Bonjour Clémentine,

Ma petite fille est née à seulement 17SA (IMG pour trisomie 21). En Belgique, le congé maternité n'est acquis qu'à 26 SG. C'est à l'hôpital, après l'accouchement, que ma gynéco m'a fait un certificat pour que j'aie du temps pour m'en remettre, tout en me précisant qu'elle pouvait le prolonger si ça n'allait pas. J'ai demandé trois semaines d'arrêt après l'accouchement et une semaine de télétravail. J'avais posé une semaine de congés juste après le télétravail. Ça me semblait être un bon moyen pour moi de recommencer en douceur.

Je sais que si j'avais été trop mal pour recommencer, elle m'aurait prolongée sans hésiter. Et c'est normal. C'est tout à fait légitime. Entre le post-partum violent, la tristesse, la douleur et le deuil... Il faut du temps pour soi. Je ne pense pas qu'un médecin te refuserait un arrêt dans ces circonstances.

Au travail (je suis formatrice dans une très grosse banque), seul un collègue était au courant pour ma grossesse. J'attendais le DPNI pour annoncer l'arrivée de notre petite fille. Je lui ai tout raconté directement.

Quand le diagnostic de trisomie est tombé, j'ai simplement écrit à ma cheffe que j'avais reçu de mauvaises nouvelles de l'hôpital et que je lui en parlerai plus longuement quand j'en aurai la force. Je l'ai prévenue que mon arrêt initial de deux semaines serait sans doute prolongé.

Après l'accouchement, j'ai écrit par message à ma cheffe ce qui était arrivé. J'ai ensuite prévenu une autre collègue par écrit. Je lui ai dit : "Je vais t'écrire ce qui nous est arrivé, car je ne sais pas si j'aurai la force d'en parler à mon retour de vive voix.". Ensuite, j'ai demandé à mes deux collègues au courant de tout d'expliquer aux autres.

Au final, tout le monde a été génial. J'ai reçu des fleurs, des lettres, des mots drôles/réconfortants. Toute l'équipe, francophone et néerlandophone, m'a soutenue à mon retour. Ma cheffe m'a donné de gros projets motivants et la possibilité de faire pas mal de télétravail pour ne pas que je doive trop venir sur Bruxelles et que je ne sois pas trop en contact avec nos nouveaux entrants. Elle m'a aussi précisé que, si j'avais besoin de temps en journée pour souffler et évacuer, je pouvais le faire et travailler à mon rythme. À mon retour, j'ai réussi à parler ouvertement de tout à mes collègues. Je leur ai parlé de notre petite fille et de l'accouchement. Il n'y a eu aucun tabou. Et ça m'a fait un bien fou.

Une collègue a même pris la peine, il y a deux semaines, de me prévenir à part et par écrit de sa deuxième grossesse, pour ne pas que je l'apprenne par surprise lors d'une réunion d'équipe. Ils sont vraiment attentionnés.

Je ne regrette pas du tout d'avoir osé leur parler et leur dire tout. On parle encore de ma grossesse. On parle encore de ma fille. Elle a existé et ils reconnaissent son existence. Ça m'a énormément aidée pour la reprise.

Ce sont des choses très dures à annoncer. C'est pour ça que je l'ai fait par écrit. Mais dans ces moments-là, on a besoin de soutien. Je suis persuadée que tes collègues au courant pour ta grossesse feront tout pour t'aider et te soutenir si tu souhaites reprendre le boulot à un moment, quand tu seras prête. Après, c'est compliqué de reprendre un boulot où tu es en contact avec des jeunes. N'hésite pas à demander l'aide d'une psychologue spécialisée dans le deuil périnatal pour pouvoir affronter tout cela. Je sais que c'est particulièrement dur.

Enfin, je peux comprendre que tu n'aies pas envie de craquer et de pleurer devant tes enfants. Je ne pense pas que quelques larmes poseraient problème : ils ressentent sans doute aussi de la tristesse et, même si tu essaies de la masquer, ils ressentent la tienne. Te voir pleurer peut aussi les aider à exprimer leurs émotions. Après, quand les enfants sont au lit, prends du temps pour toi. Pleure, frappe un oreiller, défoule-toi. Tu ne dois pas te retenir. J'ai pleuré par moment tellement fort. On a le droit de pleurer et d'être tristes.

C'était ma première grossesse et notre premier enfant. Je n'ai donc pas eu à faire attention à ne pas craquer devant des enfants. Mon conjoint cache un peu plus ses émotions, mais nous avons pleuré ensemble plusieurs fois au final. Il m'a aussi regardé sangloter sans savoir quoi faire. Mais c'est normal. Et franchement, je me sentais mieux après.

Les vagues de tristesse sont plus espacées aujourd'hui. Mais je pleure encore parfois quand l'émotion est trop forte. J'ai le droit de pleurer et je n'ai pas peur, ni honte de pleurer devant mon conjoint.

Je t'envoie tout mon soutien. Dans ces moments-là, tout est difficile, tout est une épreuve. Pense vraiment à toi. Fais en fonction de tes forces.
Manon, Équipe de modération de Petite Emilie
Pépinette, IMG à 17SA pour T21 - 28/03/2024
Louis, notre Petit Espoir - 05/03/2025
MeredIroise44
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Enregistré le : 09 août 2024, 23:27

Re: Mon deuxième bébé perdu en moins d’un an : cœur arraché

Message par MeredIroise44 »

Merci Pépin pour tes mots et ton partage d’expérience.
Tu as beaucoup de chance d’avoir un entourage professionnel intelligent et délicat.
Je suppose que le mien le serait aussi bien plus que je l’imagine mais c’est moi au fond qui ne suis pas prête à accepter de revenir aussi lugubrement sur mon lieu de travail, avec un ventre encore visible mais tout dégonflé ! En juillet j’arborais fièrement mon ventre en guise d’annonce pour que tous mes collègues soient fixés car certains avaient encore quelques doutes (j’ai cherché à la masquer le plus longtemps possible car j’avais peur.)
Je me sens diminuée, humiliée, anéantie : j’ai honte, en fait. C’est plus fort que moi, irrationnel peut-être, car ce n’est pas ma faute, mais j’ai le sentiment d’avoir échoué à ma plus grande mission, ma plus belle et ma plus importante : réussir à mettre un nouvel enfant au monde...
Pardonne-moi si je n’ai pas encore trouvé la force de te féliciter pour ton bébé à naître. C’est encore tellement tôt pour moi, alors je dois bien l’avouer : les femmes enceintes, les bébés et tout ce qui peut m’y faire penser ont malheureusement pris une sonorité insupportable pour moi actuellement. Ne m’en veux pas de cette sincérité mais je veux être la plus authentique possible. Je t’envie d’être enceinte car j’aimerais tellement l’être encore ! Pardonne-moi comme je sais que tu sauras le faire et je sais aussi que tu me comprendras car tes mots sont très généreux et justes.
Malgré cet aveu, j’espère cependant de tout mon cœur que tu auras plus de chance que moi et que tout ira bien pour toi et pour ton bébé, jusqu’au bout. La grossesse d’après n’est pas une grossesse comme les autres, je peux en témoigner même si la mienne est un bien triste cas. Je veux encore croire aux arcs-en-ciel, même si le mien a disparu. Ce sont des choses si belles et merveilleuses, qu’il faut souhaiter et chérir.
Pépin
Messages : 494
Enregistré le : 24 mars 2024, 19:04

Re: Mon deuxième bébé perdu en moins d’un an : cœur arraché

Message par Pépin »

Bonjour Aurélie,

Tes sentiments sont vraiment normaux et partagés par de nombreuses femmes. L'impression de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas avoir réussi à protéger son enfant/d'avoir un enfant très malade, de ne pas avoir réussi à être de nouveau/à devenir mère. Beaucoup de femmes passent par ce sentiment de honte, de culpabilité et d'échec.

J'ai aussi eu ce genre de pensées. Surtout lorsque j'attendais les résultats de nos caryotypes pour savoir si nous avions pu transmettre une anomalie chromosomique à notre fille. En plus, mes réseaux sociaux étaient remplis d'annonces de grossesses et de naissances (j'ai eu 31 ans en juin... 6 femmes qui étaient avec moi à l'université vont devenir maman pour la première fois entre août et novembre). Tout le monde y arrive. Elles tiendront toutes leurs bébés vivants dans leurs bras. Sauf moi. Je me suis sentie seule dans mon malheur. Les médecins avaient estimé que nous avions une chance sur mille d'avoir de mauvais résultats. Et nous avons été la malchance sur mille.

Ce forum m'a beaucoup aidée à voir que je n'étais pas seule. J'ai réussi à intégrer que je n'étais responsable de rien. Un accident génétique, c'est hors de ma sphère de contrôle. Je ne pouvais rien faire pour empêcher cela. Notre fille était condamnée depuis le début. Il faut parfois du temps pour l'accepter. Mais une fois qu'on accepte cela, on arrive à en parler plus librement avec des personnes de confiance.

Je ne t'en veux pas du tout de ne pas réussir à te réjouir devant une annonce de grossesse. C'est tout aussi normal. J'ai aussi beaucoup de mal avec ça. Mon cœur se serre à chaque annonce de grossesse ou de naissance. J'arrive un peu mieux à faire face grâce à mon petit espoir en route. Mais ça reste compliqué. J'esquive le plus possible ce genre de nouvelles. Notre fille aurait dû naître le 4 septembre. Je suis heureuse d'avoir un petit arc-en-ciel en route, mais ça ne remplace pas mon premier enfant. De plus, tant que je n'aurai pas les résultats du DPNI, je serai toujours angoissée que le cauchemar se répète.

Les seules annonces qui m'ont fait du bien, ce sont celles de ce forum. Elles m'ont donné de l'espoir pour la suite et l'envie de prendre aussi ma revanche sur la vie.

Je t'envoie tout mon courage. Si les pensées négatives prennent trop de place et ne passent pas, je te conseille d'en parler à une psychologue spécialisée dans le deuil périnatal. Tout ce que tu vis et ressens est normal. Elle pourra sans doute t'aider et travailler avec toi pour mieux accepter ces émotions afin qu'elles ne te bloquent pas dans ta vie de tous les jours.
Manon, Équipe de modération de Petite Emilie
Pépinette, IMG à 17SA pour T21 - 28/03/2024
Louis, notre Petit Espoir - 05/03/2025
MeredIroise44
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Re: Mon deuxième bébé perdu en moins d’un an : cœur arraché

Message par MeredIroise44 »

Chère Pépin,

Merci pour tous tes mots, toujours pleins de sensibilité et de justesse. Et qui respirent aussi la vie et l’espoir.

Je suis vraiment très heureuse pour toi que ton espoir soit en route vers la vie et se fasse une belle place au creux de ton ventre. Je suis persuadée que cette fois tout ira bien et que tu auras ce bébé magnifique et en bonne santé à regarder grandir, et c’est merveilleux qu’il en soit ainsi. Profite de chaque seconde de ce miracle !

Pour ma part, je continue à essayer de prendre une journée après l’autre. J’essaye d’accepter cette valse étourdissante de mes émotions : il m’arrive de me sentir insensible, comme désensibilisée par ce trop grand chagrin, parfois je suis mélancolique et un peu absente, j’ai dû mal à me concentrer sur autre chose que la tragédie intime qui nous a frappés, je divague, je me refais le film en boucle et j’essaye de changer le cours des choses mentalement : ah si seulement le Doppler du 30 juillet avait laissé entendre un magnifique battement de cœur parfaitement régulier, oh mais comme tout serait différent aujourd’hui ! Comme j’aurais été heureuse et soulagée de vivre cet instant de grâce !

Le 14 août a été une journée difficile à supporter car c’est le jour où j’aurais dû voir ma petite fille lors de l’écho T2 et aussi le jour où nous aurions pu connaître son sexe, mais bien sûr elle n’était plus dans mon ventre, puisque c’est justement ce jour-là que son corps m’a été ramené à la maison dans une urne funéraire par mon conjoint !
Terrible moment et pourtant soulagement que ma petite fille soit de retour parmi nous, dans sa petite urne blanche.
Elle est là, sur mon meuble le plus en vue du salon,au milieu des faire-part de mes deux enfants vivants et au côté de l’aquarelle qui représente Gwennili son grand tout petit frère des étoiles.
Tous mes enfants réunis. Liés à jamais par cette histoire inadmissible et insensée.
Mes enfants me soutiennent de toute leur petite âme d’enfant et je vois à présent ce que veut dire l’amour absolu et inconditionnel d’un enfant qui veut à tout prix que ses parents retrouvent le sourire. C’est magnifique et déchirant : j’espérais tellement leur permettre de vivre autre chose. Une naissance heureuse et lumineuse. Je sais que cette double tragédie va les faire grandir plus vite qu’ils auraient dû. J’ai cette culpabilité-là mais mon instinct de donner la vie était trop fort. C’était mon rêve de leur donner un petit frère ou une petite sœur.

Je n’arrive pas à y renoncer, et je sais pourtant que c’est totalement fou et déraisonnable et sans doute impossible.
J’ai parlé d’adoption aujourd’hui à mon conjoint.
Je le trouve chaque jour plus exceptionnel et aimant.
Je lui ai dit.
Nous sommes tous les deux si bouleversés, chacun à notre façon. Chacun s’autorisant différemment à exprimer nos émotions. Chacun profondément affectés par le chagrin de l’autre bien que lui le manifeste de façon beaucoup plus discrète que moi.
Moi je pleure encore plusieurs fois par jour, quand je n’arrive pas à contenir mes larmes.
Mon Iroise est encore avec moi, je la sens si proche et si vivante. Elle me suit. J’ai un ange perché sur chaque épaule.

Avez-vous donné un prénom à votre fille ? J’espère que la question ne te semblera pas indélicate ou indiscrète.
Chère Pépin, je te vois très investie dans ce forum et tu apportes énormément à toutes les mamans endeuillées ici.
Tu es impressionnante de générosité et je te remercie pour tout ce soutien et tous ces mots qui font une immense différence dans cette traversée si sombre et solitaire.
Phedre
Messages : 30
Enregistré le : 08 juillet 2024, 18:08

Re: Mon deuxième bébé perdu en moins d’un an : cœur arraché

Message par Phedre »

Bonjour Clémentine,

Je voulais t'écrire ce message pour te dire que ton histoire et tes mots m'ont énormément touchée et je suis terriblement désolée que tu doives traverser deux fois le deuil si douloureux d'un petit bébé déjà si chéri et attendu. Tes mots sont tellement remplis d'amour pour tes deux étoiles, tes deux enfants et ton conjoint, je n'ai aucun doute que toute ta famille ressent à quel point ton coeur est grand et plein d'amour pour chacun d'eux.

Je suis heureuse aussi que vous soyez très soudés avec ton conjoint, c'est si important dans de tels moments. De mon côté, j'ai subi une IMG le 6 mai dernier pour T21 comme Pépin. C'était notre toute première petite fille et j'ai été dévastée pendant de nombreuses semaines. Aujourd'hui cela va beaucoup mieux, j'arrive maintenant à penser à ma petite fille avec énormément d'amour et bien moins de douleur. J'ai peine à imaginer toute la douleur que tu dois ressentir de vivre cela deux fois en deux ans. Nous aussi nous avons été très soudés avec mon conjoint qui a été merveilleux pendant toute cette période et cela a été tellement important pour moi.

Je voulais aussi réagir à ton appréhension quant à l'arrêt de travail. J'étais à 19 SA et demi au moment de l'IMG et je n'avais donc pas droit au congés maternité non plus. La généraliste que je consultais pourtant pour la 1ère fois m'a tout de suite fait l'arrêt de travail en voyant à quel point j'étais encore affectée par l'IMG et j'ai eu 11 semaines au total. Elle m'aurait encore prolongée si j'en avais eu besoin et elle m'a prescrit un mi-temps thérapeutique pour 3 semaines supplémentaires quand je lui ai dit que je me sentais prête à retourner au travail. Je suis sûre que ton médecin te fera un arrêt si tu as besoin de temps pour ton deuil, le corps médical sait à quel point la perte d'un bébé est douloureuse. Même l'assurance maladie, que j'avais contactée parce qu'ils ont mis du temps à mettre à jour mon dossier et que je continuais à recevoir les emails automatiques pour les femmes enceintes après mon IMG, a été très humaine et m'a parlé de ma possibilité d'avoir un arrêt de travail alors que je n'avais pas abordé le sujet de moi-même.

Je trouve que ta formule concernant tes deux petits anges est magnifique et je crois que tu as le droit de pleurer ta petite Iroise autant que tu en auras besoin. Tu as le droit de prendre soin de toi et ce temps que tu prends pour pleurer et faire ton deuil te permettra ensuite d'être encore plus dans le présent auprès de ton conjoint et de tes deux premiers enfants.

Je suis sûre qu'avec le temps, la lumière reviendra et je vous souhaite de ton coeur de réaliser votre souhait de petit frère ou petite soeur de la manière qui aura le plus de douceur pour vous.

Très chaleureuses pensées à toi et à tes étoiles
Pépin
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Re: Mon deuxième bébé perdu en moins d’un an : cœur arraché

Message par Pépin »

Bonjour Aurélie,

Merci pour tes très gentils mots. Ça me touche énormément.

C'est la meilleure attitude à avoir : avancer, un jour après l'autre et accepter ses émotions, les hauts et les bas.

Après la perte de son bébé, c'est normal de se sentir un peu étrangère au reste du monde. C'est normal de trouver certaines choses futiles et sans intérêt. J'ai aussi beaucoup repassé le fil des événements dans ma tête : l'appel de la gynéco quand j'étais dans le train, l'annonce du diagnostic (je revois encore cette boîte de kleenex poser devant nous, avant même que nous soyons assis), l'amniocentèse, l'accouchement, le dispenseur de cendres posé sur une pierre dans le champ de dispersion. Mon esprit a tourné et retourné tous ces événements pas mal de fois. Au final, ça m'a permis d'imprimer que tous ces événements étaient réels.

Les dates clé de la grossesse sont parfois très douloureuses. Tant que la DPA n'est pas passée, le fantôme de la grossesse perdue flotte toujours dans la tête. Tu as trouvé une très belle place pour tes deux étoiles, en tout cas. Tu as réuni tes enfants. Je suis persuadée que ceux du ciel veillent sur votre famille sur terre. Je trouve ça beau que tu aies une aquarelle pour représenter Gwennili. J'ai déjà vu passer de très beaux dessins en hommage à des petites étoiles. C'est très touchant.

Je suis émue et heureuse de lire que ta famille te soutient et que vous êtes soudés par la tristesse, mais surtout par l'amour que vous portez tous pour Gwennili et Iroise. Les enfants ont pas mal de ressources pour rebondir et réussir à refaire jaillir la vie, la joie et l'espoir.

Je te souhaite de trouver un beau chemin de reconstruction, que ce soit par une nouvelle grossesse, une adoption, un projet pour votre famille. Je trouve ça super que ton conjoint et toi soyez aussi soudés.

Pour répondre à ta question, nous avons fait le choix de conserver jusqu'au bout le surnom de notre petite fille. Quand j'ai appris que j'étais enceinte, j'ai téléchargé quelques jours plus tard une application qui m'a dit que mon bébé avait la taille d'un pépin. Nous avons donc surnommé affectueusement notre bébé "Pépin". En plus, j'ai développé durant cette grossesse une passion inexpliquée pour les poires (et je riais en disant que c'était Pépin qui voulait ses poires). Nos familles l'appelaient aussi Pépin. Puis, lorsque nous avons appris à la T1 qu'il s'agissait d'une fille, tout le monde l'a appelée Pépinette. Nous pensions avoir plusieurs mois devant nous pour choisir un prénom. Quand le diagnostic de trisomie est tombé, nous étions anéantis. Nous avons réfléchi au prénom et nous nous sommes dit que ça n'avait pas beaucoup de sens de trouver en urgence un prénom pour elle car elle ne l'aurait quasiment jamais entendu. Ça ne nous semblait pas naturel.

Nous avons donc maintenu Pépinette (en sachant qu'en Belgique, nous n'avions malheureusement pas la possibilité de la déclarer officiellement à seulement 17SA). C'est le nom qui figure dans mon dossier médical, c'est le nom sur sa plaque dans la parcelle des étoiles où elle repose. Toute la famille l'appelle toujours ainsi.

Enfin, je suis vraiment très touchée que mes messages puissent faire un peu la différence et aider certaines personnes. Quand j'ai vécu mon IMG, j'ai utilisé ce forum comme une béquille. Je me suis sentie tellement moins seule. Des membres m'ont écoutée, m'ont soutenue et m'ont insufflé de l'espoir et du courage. Cela m'a énormément aidée à me préparer au pire, mais aussi à me reconstruire durant le deuil, étape par étape.

J'ai envie d'aider à mon tour, à mon échelle, pour qu'un peu de beau sorte de toute la peine que j'ai vécue. Si mon témoignage et mes mots apportent un peu de réconfort, je me dis que le bref passage de Pépinette parmi nous n'aura pas été vain. ❤️
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