Comment en parler à l'aîné

[Audrey286]

Après avoir raconté notre histoire dans la rubrique nouveaux arrivants, j'ai une question qui persiste par rapport à mon aîné de 3 ans.

Comment lui expliquer ?
Pour le moment on l'a protégé de tout ça, il a été chez ses grands parents pendant les vacances.

Il rentre demain et il est possible qu'il nous pose des questions (sur mon ventre, sur pourquoi je reste à la maison, pourquoi je ne l'emmène plus le matin à l'école pour l'instant...) et puis je ne veux pas que catresre tabou ce sujet, je veux pouvoir évoquer Malo (sachant que je risque de pleurer il va aussi se poser des questions).

Bref j'ai vu les psy de l'hôpital qui ne mont clairement pas orienté sur la réponse.
L'assistance sociale nous dit il faut lui dire qu'il était malade, je trouve ce terme pas judicieux étant donné qu'on emploie ce terme couramment pour un rhume et tout.

On a été d'accord tous le long avec mon conjoint sauf sur cette question. Moi je suis d'avis a lui formuler la chose simplement sans m'étaler un peu dans cet esprit "ton petit frère qui était dans le ventre de maman n'y est plus car il avait une malformation" mais c'est peut être trop brut et il va aussi falloir expliquer le terme malformation "il avait un problème au coeur ou bien le coeur ne s'est pas construit correctement??" Je ne sais pas...
Il va falloir aussi lui annoncer le prénom. "Il aurait dû d'appeler Malo..."
Il est dans la période des "mais pourquoi si mais pourquoi ça" donc il va me dire des pourquoi à chaque mot. "Pourquoi il est plus là" "pourquoi il ne vient pas..." Et que sais je encore.
Son papa est plutôt quand le fait de ne pas en parler et ton petit frère est parti point.

On va aussi avoir les photos dans environ 1 mois, faut il lui présenter ?

Certains vont probablement me dire de passer par des livres, pour le moment je ne m'en sens pas prête.

Merci d'avance pour vos conseils.

[Pépin]

Bonjour Audrey,

Désolée de te rencontrer sur ce forum dans ces circonstances.

Je ne peux pas te donner de conseils car ma première grossesse s'est soldée par une IMG. Je n'ai donc pas d'autre enfant.

Par contre, j'ai vu passer il y six jours des conseils sur la page Instagram d'Au Revoir Podcast (aurevoir.podcast). Apparemment, l'épisode 46 en parle. Sophie de Chivré met aussi en avant deux autres épisodes (le 6 et le 7 qui datent de 2021) où elle a reçu une psychologue (Solène Ekizian) qui a donné des conseils pour en parler aux aînés et aux enfants qui suivent.

Je vois que tu ne veux pas passer par des livres... Peut-être qu'écouter des podcasts serait plus facile ?

J'espère que ces témoignages et conseils pourront t'aider à expliquer la situation à ton grand garçon.

Douces pensées pour Malo.

[melcaran]

Après avoir raconté notre histoire dans la rubrique nouveaux arrivants, j'ai une question qui persiste par rapport à mon aîné de 3 ans.

Comment lui expliquer ?
Pour le moment on l'a protégé de tout ça, il a été chez ses grands parents pendant les vacances.

Il rentre demain et il est possible qu'il nous pose des questions (sur mon ventre, sur pourquoi je reste à la maison, pourquoi je ne l'emmène plus le matin à l'école pour l'instant...) et puis je ne veux pas que catresre tabou ce sujet, je veux pouvoir évoquer Malo (sachant que je risque de pleurer il va aussi se poser des questions).

Bref j'ai vu les psy de l'hôpital qui ne mont clairement pas orienté sur la réponse.
L'assistance sociale nous dit il faut lui dire qu'il était malade, je trouve ce terme pas judicieux étant donné qu'on emploie ce terme couramment pour un rhume et tout.

On a été d'accord tous le long avec mon conjoint sauf sur cette question. Moi je suis d'avis a lui formuler la chose simplement sans m'étaler un peu dans cet esprit "ton petit frère qui était dans le ventre de maman n'y est plus car il avait une malformation" mais c'est peut être trop brut et il va aussi falloir expliquer le terme malformation "il avait un problème au coeur ou bien le coeur ne s'est pas construit correctement??" Je ne sais pas...
Il va falloir aussi lui annoncer le prénom. "Il aurait dû d'appeler Malo..."
Il est dans la période des "mais pourquoi si mais pourquoi ça" donc il va me dire des pourquoi à chaque mot. "Pourquoi il est plus là" "pourquoi il ne vient pas..." Et que sais je encore.
Son papa est plutôt quand le fait de ne pas en parler et ton petit frère est parti point.

On va aussi avoir les photos dans environ 1 mois, faut il lui présenter ?

Certains vont probablement me dire de passer par des livres, pour le moment je ne m'en sens pas prête.

Merci d'avance pour vos conseils.

Bonjour Audrey,

Toutes mes condoléances pour la perte de ton petit Malo, je t'envoie mes plus douces pensées.

Ma fille avait 3 ans aussi lors du décès de son petit frère, et la manière de lui en parler nous a beaucoup questionnés. Finalement, nous lui avons dit la vérité en évitant d'anticiper ses questions, et avec le temps quand elle a besoin d'en savoir plus elle demande et nous répondons, avec le moins de détour possible. Ainsi au début on lui a dit que l'on devait laisser s'en aller son petit frère à cause d'une maladie que les médecins de pouvaient pas soigner, qu'il allait mourrir avant de naître et que l'on ne rentrerai pas avec lui à la maison. C'est elle qui nous a demandé son prénom. Elle a ensuite participé aux obsèques, elle a choisi les fleurs, fait des dessins... Depuis elle en parle souvent, à 5 ans elle a un regard très "philosophe" sur la vie et la mort, cela déstabilise un peu certains adultes quand elle aborde le sujet avec une telle simplicité.

Pour les livres, j'ai eu du mal également, et finalement l'été qui a suivi, sur une aire d'autoroute elle m'a demandée d'acheter un livre qui d'après elle parlait de Gabriel. En effet le livre s'intitule "mon petit frère pour toujours" (mais elle ne sait pas lire et je ne sais pas du tout comment elle a pu faire le lien). Bref parfois elle nous demande de le lui lire, je pleure mais ça ne m'inquiète plus de pleurer, elle me vois triste et c'est finalement bien normal d'être triste quand on repense à nos bébés partis trop tôt. Pour l'instant elle n'a pas demandé à voir de photos, par contre elle a dans sa chambre (à sa demande) un portrait au trait noir simple, représentant Gabriel sur un croissant de lune.

Chaque enfant est différent, et ce que vous déciderez avec son papa sera la meilleure manière de faire, ne vous inquiétez pas, les enfants sont étonnants. Vous vous poserez sans doute souvent la question et vous vous adapterez à ses besoins. Et des professionnels peuvent nous accompagner au besoin, il ne faut pas hésiter.

Malo est et sera toujours votre fils, son petit frère, et petit à petit, tous ensemble, vous trouverez comment l'inscrire dans votre histoire.

Tendres pensées à vous quatre

[Audrey286]

Merci beaucoup pour les conseils et les podcasts. Je vais aller évidemment regarder ça.

Merci également pour ce témoignage ! Ça m'aide dans mon cheminement.

Mon loulou est revenu ce jour de chez ses grands parents puisque demain c'est le retour à l'école.
Et sa question très rapide : "maman il est où bébé ? Tu n'as plus de ventre" ... Bon ben là évidemment je me mets à pleurer. Sa question est finalement devenue "maman pourquoi tu pleures" et j'ai seulement répondu "parce que je suis très fatiguée".

On va donc lui en parler demain. Maintenant il reste à s'accorder avec son papa sur la forme de tout ça.

[Axel&baby4]

Bonjour Audrey,

Je suis désolée pour votre petit Malo… j’espère que vous êtes entourés d’amour.

Comme je l’écrivais sur un autre post, pour nos deux grands (ils avaient 3 et 5 ans à l’époque) la pédopsychiatre qui nous suivait dans le cadre du diagnostic antenatal nous a conseillé de ne pas utilisé le mot « parti » parce qu’on peut le dire pour nous. Elle nous a conseillé, comme le dit Melcaran, de dire la vérité avec des mots a eux. Nos deux tout-petits avaient des maladies de bébé qui faisaient qu’ils ne pouvaient pas vivre en dehors de mon ventre. Ça a été dur mais au final c’est très apaisant de leur en parler parce qu’ils en parlent de manière libre et simple. 2 ans après, ils disent toujours qu’ils ont deux petits frères qui sont morts ou qui sont dans les étoiles, indépendamment. Ils ont maintenant également un petit frère avec nous.

J’espère que la journée n’a pas été trop rude. Pleurer peut être fatiguant, donner mal à la tête. La psychiatre m’avait prescrit des anxiolytiques. Moi qui pensais ne jamais voir de psy ni de prendre ce genre de médicaments, en fait ça fait du bien. C’est comme prendre un ***** quand on a de la fièvre….

Prends soin de toi.

Pensée tendre pour Malo.

Marie

[Sarah23]

Bonjour Audrey,
J’arrive un peu tard mais oui il faut être simple et direct, ma fille avait 4 ans et demi et j’ai dû lui répéter de différentes manières pour qu’elle intègre, je ne suis pas rentrée dans les détails mais je lui ai dit que le bébé était très malade et qu’il ne pourrait pas vivre et une autre fois j’ai dû dire qu’il était mort. C’est pas simple mais c’était finalement facile de lui parler et les questions des enfants sont très pragmatiques, genre comment ils ont fait etc.
Après elle a eu une période un peu difficile avec des colères et une petite régression mais avec du dialogue et de l’écoute c’est vite passé.
Je te souhaite bon courage dans cette période

[Malorie]

Bonjour,
Pour notre part, il avait 2 ans. Certes il réalisait peut-être moins mais il a bien vu que du jour au lendemain j'ai caché mon ventre et on avait arrêté de lui parler du futur bébé le temps des examens plus pousses et leurs résultats. C'est la pédopsychiatre qui nous a dit qu'il ne fallait pas faire comme sinde rien était mais lui expliquer ce qu'il se passait avec des mots simples et rester à sa disposition pour en parler etc. Pas facile de trouver les mots justes sans appréhender qu'il associé malade à disparaître etc. Mais on a essayé de lui faire comprendre que c'était incurable et que sa petite soeur ne pourrait jamais revenir vivante a la maison mais qu'on l'aimait très fort et qu'on l'accompagnerait du mieux qu'on pouvait et qu'on ne l'oublierait jamais. Elle serait toujours une jolie petite étoile.
Dans les semaines qui ont suivi, on en a reparlé par moment, j'ai fait un faire-part qu'on lui a montré, affiché un dessin que j'avais fait faire avec deux poissons et leurs prénoms dans sa chambre, je me suis également tatoué et une étoile pour chaque enfant (différente, l'une noire et l'autre que les contours). Bref plusieurs portes pour en reparler avec lui n'importe quand.
Au delà du suivi psy, j'ai fait plein d'ateliers, de sorties en groupe, et inscrit à de l'éveil corporel pour qu'il puisse extérioriser ses émotions à défaut de réussir à le faire verbalement (à 2 ans, pas si facile, mais même après, mettre des mots quand on est enfant n'est pas nécessairement aisé) et aussi le sortir de notre quotidien de deuil à la maison où on peinait à sortir la tête de l'eau et resourire à la vie.
Presque 18 mois plus tard, je pense que parler au fur et à mesure de ce qu'il se passait et les activités l'ont aidé, lui mais aussi nous. Le voir heureux nous a tiré vers le eau et on s'était interdit de sombrer pour lui, mais aussi pour notre fille partie. Par contre, depuis on a eu un autre enfant, une 2e petite fille et notre aîné a un peu associé les deux grossesses et les 2 petites filles. Pour lui, il a 1 sœur et non plus deux. La grossesse a été très stressante pour nous et lui, qu'on ne veut pas lui refaire l'histoire tout de suite car il va enfin mieux et a retrouvé sa naïveté d'enfant comme il se doit, mais on n'a aucun soucis à parler de Margot devant lui, et lui redire que c'était sa 1ere petite soeur mais qu'il ne l'a pas connue.
On a opté pour 0 tabou, mais je redoute les questions dans quelques années quand il reprendra le livret de famille par exemple, et ses remarques.
Une chose est sur, avec ce genre d'événements de vie, nos enfants on les aime encore plus fort.

[Audrey286]

Merci beaucoup pour vos retours.

Alors finalement ça s'est fait de façon assez naturelle.

Nous n'étions pas d'accord avec le papa sur la forme et les mots à adopter. On a été d'accord sur absolument tout par rapport à cette épreuve mais uniquement à ce sujet.
Lui tournait ça un peu en dérision alors que moi je voulais absolument lui dire la vérité sans arriver à trouver les mots adéquats.

Quand mon loulou est rentré de sa semaine de vacances chez papi et mamie (pendant mon séjour à l'hôpital pour l'IMG...). Il m'a très vite dit "maman, il est où ton ventre et il est où bébé?". A ce moment là je n'étais pas en capacité de lui répondre, j'ai fondu en larme et puis j'ai délégué à ma famille resté quelques jours avec nous, on lui a simplement dit que j'étais très fatiguée.

Au départ de ma famille, il m'a dit "pourquoi tu as pleuré la dernière fois ? (Alors qu'il n'en avait pas parlé du tout de la semaine). Là on lui a expliqué de façon spontanée, sans avoir eu le temps de se concerter avec son papa finalement. On lui a simplement dit : "Bébé ne pouvais pas vivre en dehors du ventre de maman et il n'est plus là. Ton petit frère s'appelait Malo". Son papa a complété par "il avait un gros problème au coeur", il a répondu "mais moi mon coeur va bien?" et nous avons bien entendu confirmé.
Et derrière il ne perd pas le nord, il me dit "Ben moi je veux une petite soeur"..... La franchise des enfants.

Je ne suis pas certaine qu'il a bien compris. Il me repose souvent la question. D'ailleurs il me dit souvent "Mais c'est qui la maman de Malo?" "ben c'est moi sa maman comme pour toi" "ben non toi tu es seulement ma maman à moi".....

Là en ce moment il me dit souvent "mais il est où?", et là j'ai encore un peu de mal à répondre étant donné que nous n'avons pas eu le courage d'organiser des obsèques (qui aurait été dans un moment musique nous avons autorisé l'autopsie). Donc nous n'avons pas de lieu, le ciel ça me paraît trop abstrait donc c'est pas simple de lui expliquer ça pour l'instant encore.

[melcaran]

La sincérité et le naturel sont essentiels quand plus rien n'a de sens, vous avez su trouver les mots qu'il fallait et vous avez pu rassurer votre grand. Bravo ! Et la franchise de ton aîné est adorable .

Concernant le "lieu", nous avons eu la même question de notre grande. Chez nous "il est et sera toujours dans nos coeurs", comme ça : partout, toujours, nous sommes tous ensemble .

Tendres pensées à nos trésors,
Douce nuit

[Audrey286]

Merci beaucoup pour cette suggestion du lieu = le coeur, ça me semble totalement pertinent, compréhensible et intemporel !