IMG il y a 10 jours, comment s'en remettre ?

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Charlotte
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Enregistré le : 31 octobre 2016, 15:18

IMG il y a 10 jours, comment s'en remettre ?

Message par Charlotte »

Bonjour à toute,

C'est avec une grande tristesse mais aussi un espoir de réconfort que j'arrive sur ce forum en tant que nouvelle Mam'ange d'un petit Aimé depuis le 21 Octobre 2016. Je vis cette IMG comme un véritable injustice et avec un profond désarroi...Comment se relever ? Comment apprendre à vivre avec l'absence de cet enfant tant désiré, attendu et aimé ? Comment réussir à reprendre son quotidien ?

Voici mon histoire :
Je m’appelle Charlotte, j’ai 27 ans et suis en couple avec mon mari depuis près de 10 ans.
Il y a presque 3 ans, nous avons décidé de fonder une famille. Il s'agissait là d'une évidence.
Nous pensions que cela ne poserai pas de problème mais le parcours fut beaucoup plus compliqué que prévu.

Nous avons fait 3 inséminations sans succès puis les médecins ont découvert que je souffrais d’endométriose légère…Nous sommes donc passés sur un processus de FIV en Juin 2016 et là, quel bonheur : la FIV a fonctionné du 1er coup…
Ca y’est je suis enceinte !!! Avec mon mari nous ne pouvions être plus heureux !!! ça y’est cet enfant tant attendu est au chaud dans mon ventre et les projets fusent dans nos têtes.

Mais tout c’est très rapidement compliqué, encore une fois, comme un acharnement du sort, comme si nous ne méritions pas d’avoir cet enfant, comme si mon corps n’était pas prêt à recevoir cet enfant pourtant tant attendu : le 12 Juillet, (à 1 mois de grossesse), je perds beaucoup de sang…Nous filons aux urgences convaincu que la fausse couche était la seule issue mais non, juste un gros hématome constaté par les médecins…A partir de ce moment repos complet le temps que l’hématome s’évacue…

24 Août : Echo du 1er trimestre. Nous sommes tellement heureux, ça y’est nous faisons la connaissance de notre enfant. Il est beau, c’est le plus beau biensur, déjà !!! Tout va bien, il grandit bien, se développe, a tous ses organes vitaux, et l’hématome s’est résorbé.
Sorti de là, ça y’est nous soufflons : enfin nous allons pouvoir savourer cette grossesse qui nous a tant fait peur jusque là.

4 Octobre : entretien prénatal avec la sage femme. A priori juste un entretien d’échanges de paroles mais à la fin de l’entretien, la sage femme nous propose de faire une écho pour essayer de voir le sexe de bébé.
Et là, tout s’effondre : les médecins constatent qu’il n’y a quasiment plus de liquide amniotique dans la poche des eaux… 2 jours plus tard, je refais une écho afin de voir si le liquide s’est reconstitué mais rien….
La verdict de l’échographe tombe d’une manière cruelle, inhumaine et non pédagogue : je suis seule dans la salle d’attente, mon mari travail, j’attends le verdict du test du liquide amniotique pour voir si la poche est fissurée ou pas…Et là, l’échographe arrive sans aucune émotion ni compassion : « Mme, c’est bien la poche des eaux qui est fissurée, il faudra tout arrêter mais rentrez chez vous, de toute façon rien ne presse… »
Et là, le ciel me tombe sur la tête…Quoi ? Tout arrêter ? Qu’est ce que ça veut dire ? Aucun espoir ?

Du 6 au 11 Octobre : Je suis hospitalisée pour recevoir une dose d’antibiotique afin de prévenir des éventuelles infection pour le bébé mais aussi pour moi.
Pendant ce séjour à l’hôpital, les médecins ne se prononcent pas…Je suis à 19SA, il faut que le bébé tienne au moins jusque 24SA pour pouvoir recevoir de l’aide pour le développement de ses poumons et de ses muscles…on s’accroche à cet espoir…je reste allongée…je bois beaucoup et en fait le moins possible…Nous y croyons, nous nous battons pour que bébé s’accroche et se développe…De toute façon c’est pas possible qu’il nous laisse…On l’aime déjà tant…on l’a tant attendu…On nous dit que la poche des eaux peut se recolmater…allez on y croit, ça va le faire !! La gynéco nous dit quand même qu’à ce stade de la grossesse ça arrive très rarement…Qu’elle voit ça 1 à 2 fois par an…Décidément, la malchance nous poursuit...


Le 10 Octobre : nouvelle écho de contrôle…Pas de renouvellement de liquide…Bébé n’a plus beaucoup de place pour bouger…mais nous y croyons toujours…

Le 11 Octobre : notre dossier est présenté au centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal. Le lendemain, la secrétaire nous appelle et nous convoque le lundi suivant pour rencontrer une échographe et une pédiatre.

Lundi 17 Octobre : l’heure du rendez-vous a sonné. Nos proches sont convaincus que ça va aller…Que si on nous convoque c’est pour nous donner de l’espoir et des bonnes nouvelles….Sauf que tout s’est passé autrement. On refait une écho : il n’y a plus de liquide du tout. La pédiatre est formelle : il est beaucoup trop tôt pour que bébé n’ai pas de séquelles…Même si on continue la grossesse, dès que j’accoucherai, à sa 1ère bouffée d’air frais, bébé ne survivra pas….Le processus d’IMG est désormais abordé….Nous, parents de cet enfant que nous avons tant désiré, que nous aimons tant, devons prendre la décision de tout arrêter…. Bizarrement cette décision a été prise très rapidement : l’essentiel pour nous étant que notre babychou ne souffre pas, jamais !!!

Nous rentrons chez nous, plus à terre que jamais….C’est décidé, nous allons laissé notre bébé s’envoler au paradis des bébés. La souffrance est terrible mais nous se savons pas encore ce qui va se passer.
Nous avons souhaité que l’IMG se fasse à l’hopital proche de chez nous. Notre dossier est donc transféré.

Mercredi 19 Octobre : mon mari est au travail…Je me lève tranquillement quand le téléphone sonne : « Bonjour, Mme Messana ? Je suis le gynécologue de garde. L’hopital nous a transmis votre dossier et mis au courant pour l’IMG. Vous pouvez venir aujourd’hui pour que je vous donne les 1er cachets et l’expulsion sera certainement ce Vendredi… »…..Oui d’accord, j’appelle mon mari et on arrive….Je raccroche et là tout s’effondre pour moi…Tout devient réalité…ça y’est nous y sommes : ils vont me prendre mon bébé…Je vais abandonner mon bébé…C’est pas possible…Je n’arriverai pas à le laisser partir…Il fait parti de moi…De nous…De notre famille !!!

Je pleure, je pleure, je pleure encore et toujours…Tout me semble si irréel…C’est pas possible..Je vais me réveiller de ce mauvais cauchemar…

Mon mari arrive, nous sommes inconsolable mais il faut y aller… Nous allons à l’hopital…Demandons à voir la sage-femme pour nous expliquer le protocole…Et là, on doit se poser tout un tas de questions : donner un prénom ou pas, le déclarer ou pas, vouloir le voir ou pas, faire des photos ou pas, le prendre dans nos bras ou pas, si au moment de l’expulsion son coeur bat toujours est-ce qu’on le laisse ou est-ce qu’on l’aide à partir pour ne pas qu’il souffre, faire des obsèques ou pas, lui ramener des habits ou pas….Bref tout un tas de question que l’on pensait ne jamais devoir se poser à l’annonce de cette grossesse tant attendu… C’est dur, tellement dur, trop dur pour des parents…Car oui nous sommes ses parents….

Les 1ères décisions sont prises : biensur que nous allons le nommer et le déclarer…Biensur que nous allons vouloir le voir…C’est notre enfant, nous voulons le faire exister et pouvoir faire sa connaissance mais aussi lui dire au-revoir comme il se doit…Ne pas avoir de regret, voilà le mot d’ordre !
Le gynéco arrive ensuite avec les 1er cachets à prendre : et là, devant ces 3 comprimés et ce verre d’eau : Cette sensation de lancer le processus de mort de mon bébé d’amour…Cette sensation de ne plus pouvoir reculer….Quelle horreur pour une maman…
Nous rentrons ensuite chez nous pour attendre….L’hospitalisation se fera le lendemain soir…Arrivé chez nous, nous pleurons encore et toujours, nous réfléchissons à ce qu’on pourrait laisser dans le berceau de notre enfant pour qu’il l’emmène avec lui au paradis…Nous choisissons une photo de notre mariage avec un mot d’amour derrière : « Pour que tu nous gardes près de toi à tout jamais !! Nous t’aimons et t’aimerons toujours ! Papa et Maman »…Tellement dur d’écrire ça...

Jeudi 20 Octobre : je me lève et là je perds du sang…par précaution nous décidons de partir à l’hopital…Faire la démarche de partir de chez moi et de savoir que quand je rentrerai nous serons toujours que 2…Mon ventre sera vide et mon bébé sera envolé…Je ne veux pas y aller…C’est trop dur..Mais je pense à mon enfant, je me dit que c’est pour lui qu’on fait tout ça…Mon mari me soutien plus que jamais et culpabilise de tout ce que je vais subir physiquement…
Arrivé à l’hôpital aucun autre problème…A priori les saignements font parti des effets secondaires des cachets de la veille (à priori très rare quand même…Encore une fois de la malchance…)
On me propose de rentrer chez nous jusqu’au soir mais je ne veux pas…La démarche de quitter mon domicile a déjà été très compliqué, je ne veux pas la revivre le soir…Je décide de rester à l’hopital…La journée nous parait interminable.
Le soir, la gynéco vient me chercher pour me poser les dilapan…J’ai peur…Peur d’avoir mal…Mais l’équipe médicale est au top !!! Je découvre le gaz méopa qui me fait beaucoup de bien…La gynéco fait son travail…Je ne sens rien, aucune douleur et suis « soulagée » quand tout est terminé. Je retourne dans ma chambre pour retrouver mon mari. Nous essayons de dormir car le lendemain, la journée va être éprouvante tant physiquement que psychologiquement….

Vendredi 21 Octobre : ça y’est le jour de l’expulsion est arrivé !! Comment je vais vivre ça, comment vais-je tenir le coup, comment vais-je réussir à laisser mon enfant s’envoler ? Tout me paraît tellement insurmontable.
7h30, la sage femme vient pour m’enlever les dilapans…je ne sens rien… Parfait, encore une étape de faite, on avance.
7h50, ça y’est je dois prendre mes 1er cachets pour lancer les contractions. Ils me seront donnés toutes les 3h jusqu’à l’expulsion. Je suis toujours dans ma chambre lors de la 1ère prise.
A peine 10 minutes plus tard, les contractions se lancent très fortement, je ne supporte pas la douleur, je suis recroquevillée et ne peux plus bouger;..J’ai mal, tellement mal, physiquement mais aussi psychologiquement…
Mon mari va chercher la sage femme…Elle nous emmène en salle d’accouchement….Je redécouvre le gaz méopa qui libère mon esprit et me permet de mieux supporter la douleur.
30 minutes plus tard, l’anesthésiste vient me poser la péridurale…Magique, je n’ai rien senti lors de la pose (cela faisait aussi parti des mes terribles angoisses) et le produit agit rapidement…Je ne sens plus les contractions…
La sage femme m’examine, le col n’a pas bougé…Il va falloir attendre…La journée va être longue…

Nous attendons…Mon mari essai de me détendre…Il est formidable et arrive à me faire rire…Nous parlons à notre bébé…On caresse mon ventre…on lui dit qu’on l’aime, que tout ça c’est pour lui qu’on le fait, qu’il ne faut pas qu’il s’inquiète, que tout va bien se passer, qu’il sera bien là où il ira…Bref, notre façon à nous de lui dire au-revoir et de continuer de le protéger.

10h50 : 2ème prise de cachet, mon col est ouvert à 1…on avance…Pas assez vite à mon gout mais on avance.
Après cette prise, les contractions s’intensifient malgré la péridurale, je les sens énormément, j’ai très mal.
Mon mari me met le masque de gaz méopa…je vis mieux la douleur mais la sens de plus en plus fort…Mon mari rappelle la sage-femme pour dire que je souffre…On augmente la dose de la péridurale…Je ne sens plus du tout mes jambes…Avec le gaz, mon esprit est ailleurs mais je comprend encore tout ce qu’il se passe….Mon mari pleure, je l’entend…Il parle à notre enfant…Lui dit qu’on l’aime et qu’il ne faut pas qu’il me fasse souffrir...Nous sentons que c’est la fin…

14h : je ne sens plus de douleur car forte dose de péri + gaz, je prends les cachets pour la 3ème fois…Mon col est à presque 3…
15h : j’entends la sage femme qui vient me voir pour me dire qu’elle va vider ma vessie par sonde…Que cela peut accélerer le travail…C’est tout ce que je comprends…Mais 10 seconde plus tard, cette phrase qui me hante encore aujourd’hui « Mme MESSANA, c’est fini…ça y’est c’est fini….Vous n’avez rien senti ? »….. Non je n’ai rien senti….j’ai accouché…Mon bébé est sorti et je ne l’ai pas senti…Je ne m’en suis pas rendu compte…La sage-femme a soulevé ma couverture pour me sonder et c’est là qu’elle a découvert notre enfant….Depuis combien de temps était-il là ? Aucune idée…5minutes…10 minutes;..30 minutes ? Je ne sais pas et je m’en veux…Et si bébé avait souffert ? Et si tout ça était de ma faute ? Je pleure…Je crie…Je ne m’en remets pas…ça y’est mon bébé est né;..ou plutôt il est mort…En tant que maman, j’étais censé donné la vie et je donne la mort à mon enfant….Quelle horreur !!! Quelle mère suis-je ? Notre enfant a-t-il exaucer le voeu de son papa de ne pas faire souffrir sa maman ? Et s’il nous avait entendu, et si c’était ça ?

Quelques minutes plus tard, la sage femme vient nous voir : notre enfant est prêt…il est nettoyé…Mis dans un nid d’ange….Et là, nouveau coup de massue : la sage-femme nous annonce que notre enfant a une malformation au visage…Que sa lèvre supérieur et sont nez ne sont pas terminé…Que ça peut être choquant à voir…Que faire ? Prendre le risque de regretter de ne pas l’avoir vu ? Non ce n’est pas possible…C’est notre enfant, nous voulons le voir et lui dire au-revoir…
Une autre sage-femme vient alors nous voir : C’est un garçon…Il pèse 350g….C’est notre fils…Nous avons un fils…Nous choisissons de l’appelé Aimé…
La sage-femme nous amène donc Aimé dans son berceau…Elle a été tellement parfaite dans ce moment si délicat mais aussi dans l’accompagnement toute la journée….Je lui en serai reconnaissante toute ma vie !!! Elle commence par nous montrer sa main…puis son visage…Nous ne souhaiterons pas voir son corps…Et là je suis comme apaisée…Il est beau mon fils…C’est le plus beau…Nous le prenons en photo…Nous voulons nous en souvenir mais surtout pouvoir le présenter à nos proches…Nous restons une demi heure avec lui…Nous lui disons au-revoir à notre manière puis la sage-femme l’emmène….Cette image de notre fils qui s’en va…Le moment que je redoutais le plus…Bizarrement à cet instant je suis apaisée de l’avoir vu, de lui avoir parlé, de savoir qu’il n’a pas souffert…

La sage-femme nous amène même un bracelet de naissance avec son prénom et la date du jour….Elle a également fait ses empruntes de pied en peinture….Magnifique…Elle ne se rend pas compte de l’importance de tout ce qu’elle vient de faire…Elle a été parfaite !!!

Je suis devenue Mam’ange d’un petit Aimé, mon fils, notre fils, le 21 Octobre 2016 à 21sa + 2.

Nous pensions alors que tout était fini, que nous allions pouvoir passer à autre chose sans pour autant oublier notre fils…Mais la douleur ne faisait que commencer...
Depuis cette date je ne sais pas comment gérer ce vide, cette absence…
Comment reprendre le quotidien après une telle tragédie ? Car oui je le vis comme une tragédie….
Ma maman et ma soeur sont venus passer le week end avec nous, ça m’a fait du bien…Je n’ai presque pas pleuré ce week-end là…J’ai même réussi à rigoler…à parler d’autre chose….Super je gère ça plutôt bien…C’est ce que je croyais !!!
Le lundi, nous décidons avec mon mari de partir en vacances quelques jours rien que tous les 2…Changer d’air…Essayer de penser à autre chose…Compliqué mais possible. Mais les larmes sont fortement présente et je ne sais comment les arrêter…Nous arrivons tout de même à nous détendre et à penser à nous 2 tout en gardant Aimé dans notre coeur.
Le vendredi, nous rentrons chez nous…Et là tout s’effondre à nouveau…Le retour à la réalité est très dur…Tellement dur…Je réalise l’absence d’Aimé…Je réalise que mon ventre est vide…Qu’il me fait terriblement mal mais qu’il est vide…Qu’Aimé n’est plus là…Je pleure, je pleure, je pleure, encore et toujours… Mon mari me dit qu’il faut qu’on recommence à voir du monde, qu’on se change les idées…Mais je n’ai ni l’envie ni la force…Je me laisse tout de même porter….Et là, je dois pour la 1ère fois faire face à l’indifférence, ou à l’excès de délicatesse de proche qui ne savent pas comment aborder le sujet et qui, du coup, font comme si rien ne s’était passé…ça me crève le coeur…Comment faire comme-ci rien n’avais exister ? C’est notre fils et ça le sera toujours !!! Mais j’ai l’impression que certains proches ne le comprennent pas...

Aujourd’hui, j’ai besoin de vous toutes, de vos témoignages d'espoir et de vos expériences, je ne sais pas comment gérer tout ça…Je ne sais pas comment réussir à vivre avec l’absence de mon fils….Je ne veux tellement pas qu’on l’oublie…Je veux que les gens ne fassent pas comme si de rien n’était mais c’est souvent le cas….Le tabou…La peur d’être mal à l’aise…Un excès de délicatesse mais qui me blesse tellement tellement ….
J’ai perdu mon fils, c’est un être humain à part entière…Il fait partie de notre histoire, de notre famille, de notre vie et c’est tellement dur quand l’entourage ne le comprend pas…
Comment vais-je réussir à avancer ? Parfois je pense aller bien puis d’un coup je m’effondre…

J’ai l’impression d’avoir forcer notre fils à venir par la FIV pour au final lui donner la mort alors que j’étais censé donner la vie…
Je culpabilise tellement vis à vis de mon fils…De mon mari…De l’avoir empêché de connaître son fils….Il le voulait tellement…
Culpabilité de faire souffrir mon entourage qui pleure aussi Aimé mais qui s’inquiète pour moi…

Aujourd’hui je suis en arrêt de travail…Me sens totalement incapable de reprendre mais pourtant je me dis qu’il faudra bien…Mais dans combien de temps ? Dans quelles conditions ? Et si je n’étais jamais prête à reprendre ma vie d’avant ? Parce que je ne suis plus la même…Je ne serais plus jamais la même…J’ai l’horrible sensation que je ne pourrais plus jamais être heureuse à 100%…Qu’il me manquera toujours quelque chose… C’est comme si on m’avait amputé d’un membre…

Merci à toutes d'avance de prendre le temps de me lire et de me répondre.
Vos histoires sont toutes aussi touchantes les unes que les autres et j'espère pouvoir aider d'autres personnes...Peut-être avec le temps qui sait...

Charlotte, Mam’ange de mon petit Aimé que j’aime plus que tout au monde !!!!
Charlotte, Mam'ange d'Aimé, petit garçon né le 21/10/2016 à 21SA+2 suite à une rupture très précoce de la poche des eaux. Je t'aime éternellement mon fils !!!
Amjaas
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Enregistré le : 05 août 2016, 14:46

Re: IMG il y a 10 jours, comment s'en remettre ?

Message par Amjaas »

Bonjour Charlotte je suis navrée de t accueillir sur ce site ton histoire m'a beaucoup touchée je me retrouve beaucoup dans ton histoire j ai accoucher à 27 semaines d un magnifique petit garçon qui pesait 900 grammes c était il y a 3 mois et demi ... Le retour à la maison a été le plus difficile pour moi c est ce qu on peut appeler le néant tout les jours cette boule à la gorge il m était impossible de m arrêter de pleurer j avais l impression que ma vie était fini et que je ne me remettrai jamais de cette épreuve le pire etait de voir des Bebe ou des femmes enceinte cela m arrachait le cœur et puis le temps passe les jours se succèdent et un peu plus de trois mois après je peux te dire que ca va un peu mieu je pleure moins et ce besoin de maternité qui m arrachait le cœur m es un peu passer je recommence à vivre tout doucement si je peux te dire une chose c est que seul le temps apaisera les choses tu verra avec les mois qui passent tu iras mieux je te le promet ... Je te donne tout mon courage et j espère qu avec le temps tu iras mieux ... Tendre pensée à ton petit ange partit trop tôt
Malaï
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Re: IMG il y a 10 jours, comment s'en remettre ?

Message par Malaï »

Bonjour Charlotte,
J'ai accouché le 1er août à 24 semaines de mon fils Malek. Comme toi, ce petit miracle est arrivé suite à une FIV. J'ai 36 ans et nous essayions depuis 2 ans d'avoir un enfant sans succès. Je souffre du syndrome des ovaires polikystiques et mon ovulation n'est pas d'assez bonne qualité pour permettre une grossesse. Après plus de 6 mois de traitement (*****), toujours rien, donc nous passons à la fiv. Par chance ça marche du premier coup! Nous sommes les plus heureux du monde. Pourtant quelques semaines plus tard, tout s'obscurcit. Nous habitons au Venezuela où sévit une épidémie de zika. À ce moment, en avril 2016, personne n'en parlait ici, pas même les médecins! Je n'ai jamais été prévenue des risques liés à une infection ni des mesures à prendre pour l'éviter. La saison des pluies arrive et avec elle les piqures de moustiques. Mon mari est !e premier touché, puis quelques jours après c'est mon tour. J'étais alors enceinte de 8 semaines et la crainte d'une fausse couche à été remplacée par celle d'une infection zika. Un mois après je reçois les résultats des à analyses qui confirment que j ai été infectée par le virus. Pour l'instant, au niveau échographique tout va bien, rien ne prouve que le bébé ait été infecté et même s'il l'a été, qu'il développera une malformation.
En juillet nous rentrons en France, je suis à 19 semaines de grossesse et là dès la première échographie, les médecins sont très pessimistes. Je suis suivie au centre de diagnostique antenatal de *****. Le bébé souffre d'un retard de croissance sévère, inférieur au 3eme percentile. Une amniocentèse est pratiquée qui confirme que le bébé est infecté. Nous allons être suivis tous les 15 jours pour voir comment il se développe et s'il y a des malformations au niveau du cerveau. 3 semaines plus tard le verdict tombe, le bébé n'a presque pas grandi et son cerveau encore moins, il souffre de microcéphalie, à une ventriculomegalie, et est anémié. Même s'il survit in utero, ce qui est peu probable il naîtra lourdement handicapé. Il ne parlera jamais, ne marchera jamais, sera lourdement médicalisé tout au long de sa vie. Nous prenons la décision d'interrompre la grossesse. Le 1er août 2016 j'accouche dans de bonnes conditions. Nous ne voulions ni le voir, ni le nommer, ni l'enterrer. Puis nous avons fait tout le contraire. Nous l'avons vu, pris dans nos bras, déclaré, nommé et enterré.
Nous avons tout fait pour avoir cet enfant, avons pris toutes les précautions qui nous semblaient nécessaires, et pour ne pas m'être protégée contre les piqures de moustiques, notre enfant disparait. À qui en vouloir? Au médecins qui ne m'ont pas avertie? À moi même certainement.
Aujourd'hui, nous devons utiliser des préservatifs et ne pas envisager une grossesse avant 6 mois, car on n'a pas de certitudes sur la durée de vie du virus dans le corps, on en a retrouvé dans le sperme jusqu'à 6 mois après la contamination. De plus, l'immunité à vie après infection n'est pas prouvée.
Du coup on est condamné à ne pas pouvoir tenter une grossesse naturelle! Une éventuelle nouvelle tentative de fiv est repoussée à février. J'aurai 37 ans et comme tu le sais en PMA rien n'est jamais garanti. Aura t on une autre chance d'être parents?
Aujourd'hui je suis encore en congé de maternité, je reprendrai le 21 novembre 16 semaines après mon accouchement. J'appréhende énormément cette reprise, le regard des collègues, les questions des enfants puisque je suis professeure de écoles. Pourtant j'ai hâte de reprendre et de retrouver un statut "normal".
Malaï
Aïda, Mamange de Malek, né le 1er août 2016 à 24 SG (microcéphalie due au zika)
Kyju
Messages : 4
Enregistré le : 14 octobre 2016, 18:00

Re: IMG il y a 10 jours, comment s'en remettre ?

Message par Kyju »

Bonjour,
Comme vos témoignages et questionnements me touchent...

J ai accouché de ma fille Eden par IMG à 5 mois de grossesse tout pile le 03 novembre 2006.
Elle avait une malformation du cerveau qui a entraîné une malformation du visage .
J ai hésité à la voir, j avais été choquée par l.image de l.l'échographie. Mais je me suis ravisée, et , bien sûr, elle était parfaite pour moi, crevette de 730 grammes

Après 10 ans, et tout le recul que je peux avoir, je suis certaine d'une chose : on se relève
Difficilement, en plus ou moins de temps, mais nous, mamanges, avons cette force incroyable. On ne la voit au début, pour ma part je ne supportais même pas qu'on e me le dise. Je me sentais juste vide, faible et inutile, puisque j avais porté la vie mais j avais été incapable de la protéger. ..
Ce vide, je le ressens toujours, avec une intensité et une fréquence aléatoire
J ai un fils de 9 ans qui éclaire ma vie

Pour mon deuil j ai eu besoin de m accrocher à des choses concrètes : j ai écrit à ma fille dans un journal pendant plusieurs mois, et je le relis tous les ans . J ai pris un pendantif comme un talisman que je porte constamment sur moi. Et puis j ai fait un magnifique tatouage.
Chaque deuil est différent, je ne peux que vous conseiller de vous écouter, si vous ressentez le besoin de faire qqch , n hésitez pas. Vous êtes des femmes extraordinaires, et les gens qui ne l ont pas vécu ne peuvent se rendre de compte de ce que cela représente.
Aujourd'hui quand j en parle spontanément, les gens sont toujours un peu gêné. Mais nos anges font partie de nos histoires, de la personne que l on est et que l on sera.
Ne culpabilisez pas lorsque les sanglots montent, ils font partie également du processus de deuil...
On n en guérit jamais mais on apprend à vivre avec, pas après pas
Douces pensées à vous et à vos anges
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