@Annie, merci beaucoup pour ce partage
Merci à vous toutes, merci à eux,
@Annie, merci beaucoup pour ce partage
Bonsoir Sarah,Saaaraaaah a écrit : ↑15 juin 2022, 11:08 Vinciane,
Je suis désolée de t'accueillir sur ce forum. Toutes les histoires qui y sont sont si tristes! La tienne m'a beaucoup touchée.
Notre histoire avec notre petite fille Alma s'est arrêtée le 1er juin 2022.Elle est très différente de la tienne car la trisomie 18 a été découverte précocement par rapport à vous. Je ne pensais pas qu'en si peu de temps deux nouvelles famille auraient à vivre cette épreuve (Céline et toi). Je suis étonnée d'apprendre autour de moi qu'autant de personnes ont vécu ce deuil périnatal . On en parle si peu. On se sent si seuls. J'ai trouvé beaucoup de réconfort sur ce forum.
La semaine avant l'interruption et celle de l'accouchement sont floues pour moi. Nous étions tellement sur notre petit nuage depuis la découverte de la grossesse. Tout s'était fait rapidement, sans difficulté malgré mes 38 ans et une réserve ovarienne pas très importante. Nous allions avoir une petite fille qui aurait 2 ans d'écart avec son grand frère et donc certainement une complicité entre eux, du moins on l'espérait . C'était le scénario idéal et on se disait qu on était tellement chanceux ! Alors évidemment mon ventre s'est mis à grossir très vite et mon entourage a vite été au courant.
Et puis mon sage-femme a décidé de me faire faire le test DPNI car j étais juste à la limite :1/1000. Une sage femme de la maternité m'a dit qu'elle ne me l aurait pas fait faire et le trouvait très précautionneux. Puis tout s'est enchaîné et tout s'effondre, tout s emballe. Test positif, l'amniocentèse. Et entre temps l'attente et entre temps les professionnels nous rassurent et on y croit! On espère . Et finalement non. Il faut dire aurevoir à un bébé qui est bien en vie, qui fait du vélo , suce sa petite main, bouge dans tous les sens aux échographies. Ca n'a aucun sens. Ce n'est pas acceptable, intégrable. De la colère, de la tristesse, un sentiment d injustice , d'impuissance. Nous avons espéré jusqu'au dernier moment qu'on nous appellerait pour nous dire que le labo s'était trompé. On a essayé de dire aurevoir au mieux à notre puce, de lui imprimer des photos , lui trouver un doudou et un lange. Surtout lui parler, lui expliquer ce qui aller arriver et pourquoi. Lui dire qu on l aimait la voulait l espérait. De se recentrer sur notre famille de passer du temps tous les quatre. Il a fallu sauver les apparences pour notre petit garçon de bientôt 19 mois. Se cacher quand c'était trop difficile et avoir aussi des vrais sourires devant ses mignonneries. Ca coute d'osciller entre cet élan vital de notre grand et la mort à venir de notre petite, mais ça sauve aussi. Je pense à tous ces parents qui n'ont pas cette chance.
Après il y a eu la maternité et l'absurdité de cette situation. Accoucher dans une "salle de naissance" (la numéro 5, celle dans laquelle nous avons donné naissance à Sohan) de notre petite fille mais morte. La sage femme a été très discrète et respectueuse. On nous a laissé beaucoup de temps avec Alma car il n y avait pas beaucoup de naissances ce jour là. Malgré l'horreur de la situation, j'en garde un souvenir assez doux. Elle était belle, apaisée, avec un sourire sur son visage, des petites mains et des petits pieds parfaits! J'ai pu faire la garder contre moi comme je le souhaitais.
Ensuite il a fallu rentrer à la maison, effacer les rendez-vous liés à la grossesse sur le calendrier, les décommander sur internet. Tout nous rappelle la grossesse au quotidien et la perte de notre petite fille par des petits détails. On a annulé le week end avec la famille plus éloignée où l on allait annoncer une bonne nouvelle, nos vacances tranquilles de cet été pour partir randonner . Ca aurait été insupportable d être sur la plage sans pouvoir faire la petite baleine échouée. Le printemps est cruel . On voit tous les ventres poindre . La question de son propre corps que l on ne peut pas cacher par un manteau . La colère contre lui , sa forme, le fait qu'il n'ai pas pu protéger son enfant. La peur du regard des autres qui peuvent penser que l on est encore enceinte. La cruauté de devoir stopper la montée de lait parce que les seins ne comprennent pas que le bébé n'était pas viable, qu'il n'est plus là. Et puis, la colère quand le ventre finit par disparaître. La difficulté à accepter de le toucher, que son compagnon remette la main dessus maintenant qu'il n'y a plus à communiquer avec Alma.
Mais étrangement quand je te lis j'ai envie de te dire que tu n'es en rien responsable de ce qui arrive à ton petit Arlo. On porte beaucoup de culpabilité mais on n'est malheureusement pas toute puissante et on ne maîtrise pas tout ce qui se passe pour ce petit être que l on abrite. On est parfois bien dure avec nous même.
Parfois on est assailli par une " réalité alternative" pour reprendre les mots de mon compagnon. Celle où la sage-femme nous appelle le 25 mai dernier pour nous dire que le résultat du DPNI est un faux positif, que tout va bien. Et on se prend à penser que l on sentirait son bébé bouger, que notre ventre serait bien gros, qu'il nous resterait quelques mois à attendre... Et on la chasse très vite cette pensée car elle est gratuite et douloureuse. On repense à la réalité, notre petite fille était malade. La grossesse n'aurait certainement pas pu aller à son terme . Il faut faire le deuil de ce bébé fantasmé, idéalisé et de ce tout petit dont on est tombé sous le charme, même sans vie, mais dont il est difficile de réaliser qu'il aurait été bien différent de nos projections.
En te lisant, je relativise et me dis que dans notre malheur , nous avons eu la chance de vivre tout ceci tôt.
Je ne peux imaginer votre douleur à tous les trois à ton terme. N'hésite pas à écrire , à questionner sur ce forum. De mon côté , j ai l impression qu'il n y a qu ici que ma réalité est réellement comprise. Je vous envoie toutes mes pensées à tous les quatre pour aujourd'hui mais aussi pour demain et les jours qui suivent. J'espère que vous serez entourés le mieux possible.