Comment surmonter ?

[Isa123]

Bonsoir Meryl,

Je suis contente que ta semaine de vacances t’ait fait du bien !

Concernant ta collègue et amie, je peux très bien te comprendre. A partir du moment où le ventre d’une amie commençait à se voir, j’ai tout fait pour l’éviter, alors qu’avant cela, j’arrivais encore à parler de sa grossesse avec elle. Mais le savoir et en parler n’est pas la même chose que de le voir réellement devant soi. Je te conseille en tout cas de lui en parler. D’après ce que tu dis, elle y est attentive aussi. C’est peut-être un petit détail mais peut-être qu’en ta présence elle peut faire attention à mettre des habits un peu amples ou qui cachent son ventre (gilets, foulards…) plutôt que des t-shirts moulants. Je sais que ça parait bête, mais personnellement la façon dont s’habillent les femmes enceintes a un impact important sur ma réaction et mon sentiment d’inconfort vis-a-vis d’elles… en tout cas je suis convaincue qu’il vaut mieux que tu lui en parles ouvertement. Vous pourrez ainsi trouver ensemble un moyen de gérer cette situation délicate.

Bonne soirée

[Meryl]

Merci Isa!
J'ai pu discuter avec elle notamment de la peine que je ressentais liée à la perte de mon bébé. Et du coup ça va mieux. Et dans ma tête, bizarrement le fait de voir mon amie enceinte, ça fait son idée de chemin. J'espère que je réussirai à franchir le pas.
Toujours aucune news de l'hôpital qui nous doit nos résultats génétiques. Je n'ose pas les relancer. La dernière fois, fin janvier, ils ont répondu "nous ne les avons pas encore, on vous contactera dès qu'on les reçoit". Les 3 mois d'attente se transforment en 4...je sais que nous ne sommes pas les seuls mais j'aimerais bien qu'on nous donne une visibilité.
Et toujours cette phrase "si vous êtes enceinte avant, prévenez nous car nous demanderons à avoir les résultats plus vite".
Bah oui mais où je les attends justement pour ça...
J'ai aussi vu sur instagram via une association, des séances de shiatsu en lien avec le deuil périnatal. Je vais essayer !
bon week-end

[Meryl]

Besoin d'écrire de nouveau...
Ce que je n'avais pas anticipé, ce sont les remarques des collègues sur la grossesse de ma collègue qui partage mon bureau.
Ce matin depuis 9h, j'ai donc droit à un florilège de "oh mais on voit ton ventre !", "ah bah on pourra pas se prévoir telle sortie ou alors dans quelques mois".
C'est assez dur..
Je ne veux pas empêcher les gens d'être enthousiaste ni de plomber l'ambiance....
Mais déjà qu'on évite de me parler de la perte de mon bébé, la c'est le coup de trop. J'ai l'impression de ne pas exister.
Je dois faire peur aux gens...

[Laure77]

Bonjour Meryl,

Ce n'est pas toi qui fait peur aux gens, mais le drame que tu as vécu.
Ta situation au travail est très dure à vivre, je compatis pleinement. Je l'ai moi même vécu.

Avec le recul, j'ai compris que c'était à moi de parler de mon bébé aux collègues, aux proches et parfois même aux inconnus.
Cela permet aux gens qui en ont envie mais ne savent pas comment le faire, d'ouvrir la discussion sur notre vécu.
Et s'ils ont mal aux oreilles, s'ils sont gênés par notre réalité, tampis pour eux, cela me fait du bien et permet de donner une place à mon fils né sans vie ! Aussi, nous contribuons à briser les tabous !

Je te souhaite bon courage, il faut du temps, de la force et de la patience mais petit à petit, tu vas apprendre à vivre avec ta douleur et l'absence de ton bébé.
Écoute toi et agis comme bon te semble même au travail !

Laure

[Meryl]

Merci Laure,
Depuis mon accouchement et jusqu'à aujourd'hui j'ai raconté mon histoire et celle de ma fille à mes collègues proches. Ils sont au courant et le tabou a un peu diminué.
Après c'est sur que si je ne fais pas le premier pas, on ne m'en parle pas et je le comprends. Moi la première je ne sais pas comment j'aurais réagis face à un parange.

Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est que ces mêmes collègues parlent de grossesse, de futur prénom, de nausées et Cie devant moi. Et j'ai beaucoup de mal à le supporter.
Comment faire ?
Je pensais que j'arriverais a gérer la grossesse de mon amie et c'est le cas sauf quand j'ai à entendre ces remarques à longueur de journée.

Et après je m'en veux car je dois avoir une tête d'enterrement et peu d'entrain. Je culpabilise aussi d'être jalouse et en colere.
Il y a 8 mois de ça, ces mêmes collègues me parlaient de prénoms, creches etc...
Ca ira mieux demain. Mais aujourd'hui je n'avais qu'une chose en tête : rentrer chez moi, loin de tout ça.

[LaFeeMargot]

Bonjour à tou(s-tes)

Aujourd’hui, nous avons eu la médiation avec l’hôpital concernant ma prise en charge. Pour celles qui ne savent pas l’histoire, je devais subir une img par curetage dans l’hôpital où je travaille en tant qu’auxiliaire de puériculture, et j’ai du subir un accouchement voie basse sans analgésie.
Ce fut une heure trente éprouvante, j’ai dû ré expliquer ma journée en enfer au chef du service, accompagné d’un médecin médiateur et d’une représentante de la commission des usagers. Mon mari était présent, heureusement. Au début les médecins ne comprenaient pas car j’avais demandé à subir ce curetage sous rachi-anesthésie, et ils ne comprenaient pas que je voulais être consciente pendant l’intervention mais pour autant je voulais au maximum limiter l’impact psy de cette épreuve en subissant un geste médical dénué de toute humanité en le vivant éveillé. Je ne suis pas sure qu’ils aient compris que je voulais être présente lors de cet acte et je ne voulais pas subir une ag pour pouvoir me remettre plus facilement sans risque pour ma santé.
Ils ont tenté de minimiser mon vécu mais ils ont saisi que mon but en venant dans mon hôpital était qu’on prenne soin de moi autrement que comme une patiente lambda mais que malheureusement mes collègues me connaissant m’ont délaissé sûrement en se disant que je saurai prévenir et déranger en cas de besoin.
Mes collègues n’ont pas pris soin de moi et ne m’ont même pas traité comme une patiente.
Ça fait 6 semaines que ma grossesse s’est arrêtée et c’est toujours aussi dur de repenser à ce 17/02! On m’a conseillé de me faire suivre mais je n’arrive pas à le faire car peur de sombrer je pense. Et puis je ne peux pas le faire à l’hôpital car je les connais et je travaille avec elle.
Ça fait 6 semaines et ma fée est toujours à la chambre mortuaire de l’hôpital. Comment imaginer reprendre mon travail en sachant que Margot est dans un frigo en chambre mortuaire qui pour infos se trouvent en face de mon service et que je vois depuis ma fenêtre de travail!!Elle n’est pas encore en paix. Je n’ai pas d’endroit où me recueillir.
Pour finir, je ne peux toujours pas aller dans les rayons bb, ou caisse femmes enceintes, ils m’est difficilement supportable de voir des bidons ronds, et des nouveaux nés. C’est d’autant plus compliqué que m’occuper des femmes enceintes ou venantd’accoucher et des bébés dès la naissance, c’est mon métier. Se pose alors la question de comment reprendre le travail, comment être protégée psychologiquement.

Voilà mon état aujourd’hui,
Désolée pour la tartine !

[Laure77]

Bonjour la féeMargot,

Je viens de lire ton message et je souhaite t'apporter tout mon soutien.

Je trouve ta démarche très courageuse. Bravo d'avoir demandé et réalisé une médiation.

Pour ce qui est de ton travail, laisse toi du temps. Cela ne fait que 6 semaines et tu sembles avoir déjà beaucoup bataillé et avancé. Un pas après l'autre !

Pour le suivi psy, moi aussi cela m'impressionnait et me faisait peur, mais finalement cela m'a fait beaucoup de bien. Le plus dur est de prendre rdv, puis d'aller au 1er rdv pour se rendre compte que ce n'est pas terrifiant au contraire, c'est apaisant. Par contre, tu peux séparer les lieux. Essaie d'aller ailleurs qu'à ton lieu de travail et là où tu as perdu ton bébé.

Je te souhaite bon courage.
Laure

[LaFeeMargot]

Merci Laure,
Je pense qu’en effet je veux avancer trop vite, je veux fuir tout ça en essayant de courir plus vite mais je suis terrifiée à l’idée que tout ça me rattrape.
Je ne me sens pas du tout capable de faire face à ces parents et leurs bb ainsi que leur bonheur qui m’agresse.
J’espère que mon médecin va l’entendre.
J’ai pris rdv chez la remplaçante de ma psy, j’espère que ça va aller, il était en effet hors de question d’être suivi psychologiquement par une de mes collègues de travail, je ne pourrai pas vider mon sac, et je me sentirai jugé,

En attendant je vais essayer d’avancer moins vite pour vivre ce qu’il y a à vivre, en tous cas, je ne me sens pas capable de reprendre le travail en sachant que ma petite est toujours dans les murs de l’hôpital.

[Laure77]

Je pense qu'on passe toute par cette phase de ne pas pouvoir voir de femmes enceintes, de nouveaux nés...

Mon petit arc en ciel est né et les femmes enceintes m'angoissent encore ! Parfois même les familles où tout semble "" idyllique"", les fratries de 3 notamment.

Lors de mon séjour à la maternité, j'ai parlé avec plusieurs membres du personnel qui ont un bébé né sans vie. Nos échanges m'ont fait du bien.
Peut-être que toi aussi, un jour ton expérience personnelle te servira dans le domaine professionnel.

Mais tu n'en es pas là et c'est tout à fait normal ! Pense à toi, à prendre soin de toi pour te reconstruire, tu as le temps de retourner travailler.

Bon courage !
Laure