Mamange 2022

[Roz2213]

Bonjour, et beaucoup de douces pensées pour ta petite Cléa.

Voici quelques mots pour t'expliquer ce qui m'a aidé. Ma fille Lyndis est décédée in-utero début Octobre 2021. Depuis ce sont des vagues de hauts et bas. Et avoir des moments apaisés ne veut pas dire que tu l'oublies et ne fait pas de toi une mauvaise mère, loin de là. Personnellement c'était ma plus grande crainte.

Une première chose à faire, est de s'écouter, jour après jour. Vu que moi, les matins étaient vraiment compliqués (retour à la réalité au réveil), je laissais aller mes émotions le matin (lorsque je ne travaillais pas encore), et j'essayais de trouver une occupation l'après-midi pour me relever et tenter d'avancer.
Comme dit dans les précédents messages, en parler a été une autre porte de secours. Même si ce n'est pas l'entourage, des associations existent avec des groupes de paroles collectifs ou individuels, en présentiel ou en visio (agapa notamment). Ces échanges m'ont beaucoup aidé à me rendre compte que toutes mes émotions étaient normales.
Écrire a également été précieux. Comme toi, j'avais peur de l'oubli, j'ai donc écris tout le déroulé de ma grossesse (et même avant car j'étais en pma). Je sais que dès que je le souhaiterai, je pourrai me replonger dans ces souvenirs. Mais en réalité, on n'oublie pas. Les souvenirs s'atténuent peut être mais je ressens chaque jour la présence de notre fille - et celà jusqu'à ma fin certainement. Dernièrement j'ai rassemblé des photos de ma grossesse pour les assembler avec les échos et en faire également un petit album que je consulterai quand l'envie de la revoir et de la ressentir me viendra.
La présence de mon chat a également été très bénéfique. Les animaux ressentent tellement bien nos émotions...
Enfin les réseaux sociaux et podcast (ex. Au revoir podcast) nous font sentir moins seuls.

Et tu as eu raison d'écrire sur ce forum - je me rends compte que même un entourage bienveillant ne peux comprendre toute la douleur qui nous accable de, comme tu dis, ce double deuil.

Surtout protège toi des mauvaises remarques, éloigne toi des mauvaises ondes et écoute toi, c'est le principal.

Douces bises

[oophelie]

Dorine, je te comprends car le plus important c'est de se sentir compris par son entourage. Personnellement j'ai eu un bon soutien mais j'ai également mis de côté certaines personnes qui n'étaient pas "disponible" pour me soutenir. Il faut avoir vécu cette expérience pour comprendre que même lorsqu'on accouché d'un enfant mort né, on devient maman !

Pas tout le monde n'arrive à concevoir ça !

Perso j'avais besoin d'un soutien psychologique pour "réaliser" ce qui nous arrivait. Mais la sophrologie c'est super ! Cela va t'aider à te reconnecter avec toi même et à gérer ta tristesse.

Pour le travail, j'ai la chance de pouvoir aller à mon rythme. J'ai fait le choix de ne pas reprendre à temps plein pour avoir du temps pour souffler. Et personnellement faire 35h cette première semaine de travail aurait été compliqué car j'ai vite été épuisée. Saches que tu as la possibilité de reprendre le travail en mi temps thérapeutique également.

J'ai décidé de me faire plaisir et de m'écouter aussi. J'ai tellement travaillé durant mon premier trimestre de grossesse que j'ai le sentiment de ne pas avoir suffisamment profiter d'elle tant qu'elle était avec moi.

Et comme le dit Violette, crée toi un lieu où tu pourras penser à ta fille autant que tu le veux ! Personnellement j'ai décidé de créer un album photo de la grossesse, de sa venue au monde dans lequel je vais ajouter les échographies, l'annonce au papa etc... Exactement ce que j'aurais fait dans quelques mois si ma grossesse avait continué.

Et n'oublie pas qu'on est là pour toi ! C'est toutes ensemble qu'on arrivera à avancer petit à petit.

[Suze]

Bonjour,

J'ai perdu ma fille Ninon le 23 novembre dernier. Elle est née à terme, après une super grossesse qui n'a rien laissé présager. Mais malheureusement elle ne pouvait pas respirer toute seule et elle avait d'autres pathologies incompatibles avec la vie. Elle est décédée à 16 jours.
Je comprends ta douleur.
Nous avons vécu l'horreur ( comme vous tous ici) et il a fallu tout essayer pour sortir la tête de l'eau.
J'ai fait de l'Emdr ( la psy m'avait dit que j'étais dans le déni, je pensais qu'elle se trompait largement, car en 16 jours de neonat j'avais eu le temps de me rendre compte, pleurer... Bon au final elle avait complètement raison)
Ca m'a fait du bien et débloqué pas mal de chose.
J'ai arrêté après 6 séances car j'avais du mal à me replonger dans ce drame. J'avais besoin d'avancer. Et les jours après étaient trop durs.
Nous faisons des séances de psy en couple. On l'appelle qd on en ressent du besoin. Elle est fantastique. Avec elle, on se sent normaux, dans nos idées noires et nos pensées les plus inavouables.
J'ai fait du Reiki. (on y croit ou on y croit pas biensur). Ca m'a énormément fait de bien... Le soin m'a enlevé ce poids que j'avais au ventre et délié beaucoup de chose.
J'écris aussi, je me suis achetée un joli carnet avec un stylo bic en orrrr et j'écris... Meme des choses qu'on ne devrait jamais écrire.. Mais ca me fait du bien. Mon conjoint a interdiction de le lire, sinon je le quitte, lol, il a l'air d'avoir compris l'importance qu'à ce carnet et il n'ose meme pas le regarder de loin.
J'ai fait aussi de l'eft. Regarde sur YouTube, c'est des affirmations positives.
Je me suis remise au sport, j'ai repris le boulot.
Je n'arrive pas encore à voir ma bande de copines... Je les adore mais je ne suis pas encore prête. Je les vois séparément, enfin les moins toxiques ou les moins gaffeuses mais pas en groupe. Ca me fatigue trop, et je me sens encore trop fragile...
Voilà..
Après je fais comme de la respiration, sophro, petit bambou et je me concentre sur le moment présent.. J'essaie de ne penser ni au futur ni au passé. Je lis des citations que je recopie sur ca.
Ah oui j'ai beaucoup lu aussi, des livres sur le deuil périnatal, j'ai commencé une association sur le deuil périnatal. J'ai décidé de penser un peu plus à moi, j'avais mis pas mal de passions de côté, j'ai décidé de les reprendre. Des fois j'essaie de me dire que si Ninon est venue sur Terre, si nous avons vecu ce drame si horrible c'est pour quelque chose. Donc j'essaie de trouver une réponse... Que je ne trouverai peut être jamais mais bon...
Voilà y'a pas mal de choses qui t'ont deja été dite.
Après des coups de moins bien, tu en auras encore. Y'a des jours où la douleur est douce mais elle ne dure jamais aussi douce et elle revient encore plus violente. La fatigue joue un grand rôle aussi..
Prends soin de toi, essaie tout ce que tu peux essayer... Et avance..
J'adore cette citation :"Même si tout semble perdu,
Avance encore d’un pas.
Même si tu ne crois plus en toi,
Avance encore d’un pas.
Même si la route est sombre,
Avance encore d’un pas.
Même si tu n’as plus la force,
Avance encore d’un pas.
Avance et tu verras,
Tu t’en sortiras.
Car il y a toujours,
Une lumière au bout du tunnel.
La lumière est là,
Toujours présente,
Et parfois elle attend,
Avant de se manifester.
Avance, avance et tu trouveras.
Tout voyage commence par un pas, "

[Laure77]

Bonjour à toutes,

Suze, la citation est très belle et inspirante.
La lecture fait beaucoup de bien.

Comme vous, j'ai du réapprendre à marcher, à respirer calmement, à affronter le regard des autres, à regarder des femmes enceintes et supporter les pleurs des nourrissons. J'ai réappris à courir, à sourire, mais aussi à espérer et à me projeter. J'ai appris à parler de mon fils qui est mort in utero le 22 Mai 2020.

Oui, la douleur semble insurmontable tellement elle est atroce et pourtant vous allez vous relever...

Oui face à l'horreur de notre vécu nous découvrons une force intérieure insoupçonnée.

Je pense aussi que si brève soit l'existence de nos bébés, elle a un sens. Ils ne sont pas venus pour rien.
J'ai puisé beaucoup de force en l'honneur de mon fils.
À nous de donner du sens à cette très courte existence !

Il est très important de s'écouter, d'accepter ces vagues d'émotions. On a le droit d'être mal !!! Mais aussi d'aller bien, même 5 min au début. C'est aussi parfois difficile à accepter.

Le sport, l'écriture, le suivi psy, parler de nos bébés nous font avancer. J'ai compris avec le temps que c'est à nous parents de parler de nos bébés. Il y a forcement autour de vous une ou deux personnes capables d'entendre. Un conseil, ne vous enfermez pas, regardez les mains tendues, car il y en a ! Je pense que tous y pense mais beaucoup ne savent pas comment en parler. Ils ont peurs de nous faire de la peine. Mais la peine nous l'avons, nous vivons avec. Vous pouvez leur dire ou leur écrire. D'ailleurs, pour le 1er Noël sans Angelo, j'ai fait des faire part pour parler de lui et dire à nos proches qu'ils pouvaient nous en parler. Cela m'a fait beaucoup de bien !

Aujourd'hui, la vie est étonnement douce envers nous. Beaucoup de bonnes choses nous arrivent. C'est assez incroyable. Nous les savourons, nous sommes reconnaissants.

Je pense beaucoup à mon fils Angelo. Bien sûr, il y a des moments de tristesse. Ils sont plus courts et moins forts. Toute ma vie je penserais à lui. Toute ma vie il sera mon moteur pour avancer.

Essayer de trouver une juste place dans votre famille à votre bébé.
La vie va reprendre, doucement, différemment. Vous reconnaîtrez l'essentiel.

Courage, patience et espoir !
Laure

[Suze]

Merci beaucoup pour ton message. Rempli d'espoir...

[Dorine]

Un immense merci à vous toutes pour vos nombreux témoignages. Merci également @suze pour cette belle citation et merci @laure77 de nous redonner un peu d’espoir en l’avenir même si il est encore trop tôt pour ma part d’envisager les beaux jours à venir.
Comme vous toutes je me suis aussi réfugiée dans l’écriture depuis 2 mois. Chaque jour depuis son départ je prend le temps de lui écrire, de poser des mots sur mes maux. C’est peut-être une façon pour moi d’être auprès d’elle le temps d’un instant…

La sophrologie m’aide beaucoup même si les séances font resurgir beaucoup de blessures et de souffrances en moi.

Aujourd’hui une personne de mon entourage m’a annoncé sa grossesse. Une épreuve de plus à surmonter parmi tant d’autres.. je n’ai pu m’empêcher de rester fixée sur son ventre rond, je n’ai pu m’empêcher de penser « pourquoi elle et pas moi », « pourquoi j’ai dû endurer tout ça .. pourquoi je n’ai pas pu garder ma fille auprès de moi … » toutes ces questions, tout ce chagrin, toute cette souffrance a été insupportable à vivre ..
C’était une épreuve à vivre parmi tant d’autres …

Un jour après l’autre

[Elogojab]

Un immense merci à vous toutes pour vos nombreux témoignages. Merci également @suze pour cette belle citation et merci @laure77 de nous redonner un peu d’espoir en l’avenir même si il est encore trop tôt pour ma part d’envisager les beaux jours à venir.
Comme vous toutes je me suis aussi réfugiée dans l’écriture depuis 2 mois. Chaque jour depuis son départ je prend le temps de lui écrire, de poser des mots sur mes maux. C’est peut-être une façon pour moi d’être auprès d’elle le temps d’un instant…

La sophrologie m’aide beaucoup même si les séances font resurgir beaucoup de blessures et de souffrances en moi.

Aujourd’hui une personne de mon entourage m’a annoncé sa grossesse. Une épreuve de plus à surmonter parmi tant d’autres.. je n’ai pu m’empêcher de rester fixée sur son ventre rond, je n’ai pu m’empêcher de penser « pourquoi elle et pas moi », « pourquoi j’ai dû endurer tout ça .. pourquoi je n’ai pas pu garder ma fille auprès de moi … » toutes ces questions, tout ce chagrin, toute cette souffrance a été insupportable à vivre ..
C’était une épreuve à vivre parmi tant d’autres …

Un jour après l’autre

Bonjour Dorine
Je suis désolée pour ta petite Cléa
Je pense que nous sommes tous passés par ces questions pourquoi les autres et pas moi, être en colère c est normal ca nous renvoie à notre enfant qu'on ne verra pas grandir. Parfois on développe des peurs aussi pour celles qui sont enceintes. Ca dépend et nos réactions sont légitimes. Il ne faut pas culpabiliser de ca.
Ca fait un peu plus de 2 ans que j'ai perdu ma fille et tu vois encore aujourd'hui je m attriste car pleins de copains ont eu leur bébé en même temps que moi j'ai perdu ma fille et là ils vont tous rentrer à l ecole en septembre, mais pas la mienne... et toute notre vie il y aura des situations qui nous renverrons ce que nous n'avons plus...
Le travail du deuil est long il faut accepter l inacceptable, panser l impensable...
Mais un jour tu iras mieux mais chaque étape de deuil doit être franchie.
Mes plus douces pensées pour Cléa.
Elo