Rozen a un petit frère en construction, bien au chaud dans mon bidon, qui grandit tout bien comme il faut.
Depuis le début de semaine dernière, grosses douleurs au dos, puis vendredi je me bloque le cou bêtement. Je suis arrêtée de travailler, pestant contre ces douleurs ... Et aujourd'hui je comprends. Ca me vient comme un flash.
Nous sommes un lundi, mon petit garçon en est à 25Sa + 3 dans mon bidon.
Quand j'ai pris les premiers comprimés pour préparer mon col, pour préparer la naissance et la mort de ma fille, j'en étais à 25 SA + 3, c'était un lundi. Deux jours après ma jolie chérie naissait.
Voilà, son petit frère bouge comme un coeur, bien vivant et prêt à croquer la vie de toutes ses dents pas encore existantes après sa naissance, et bientôt il aura dépassé le terme jusqu'au quel nous avons accompagné Rozen.
Tout bientôt, il aura passé plus de jours en moi que sa grande soeur du ciel n'en aura jamais passé.
Depuis plusieurs mois, assez vite après l'IMG finalement, je ne gardais de ma fille que de doux souvenirs pleins d'amour, pas de tristesse.
Mais aujourd'hui je suis triste, de me dire qu'à partir d'après demain, tout le temps que passera son frère à profiter de nous, elle ne le passera jamais.
Bientôt, le 5 décembre sera là, ses 1 ans de ciel. Je ne sais pas encore ce qu'on fera pour elle, je n'arrive pas à me décider.
Et puis bientôt, je sais qu'à nouveau je ne serai plus triste, parce que petit bonhomme va bien, qu'avec elle nous n'avons que de beaux souvenirs, et que sans elle son petit frère n'aurait jamais été là.
Mais aujourd'hui, merci mon corps de m'avoir imposé de force cet arrêt pour pouvoir appréhender correctement cette journée, ne pas passer à côté. Pouvoir verser de nouvelles larmes, que je ne connaissais pas encore, mais qui libèrent bien des choses.
J'en profite pour répondre aux derniers messages, désolée je n'avais pas du les voir ..
MariEve a écrit : ↑13 mai 2019, 11:59 Bonjour Funkizzy,
Je suis desolee de m'immiscer à la suite de ce magnifique texte pour ta fille.
Il me parle tant que j'ai versé ma 3e ou 4e vague de pleurs depuis ce matin... il me semble qu'on a accouché dans les memes moments et j'ai toujours aimé te lire, tu trouves tellement bien les mots qui décrivent toutes ces choses non palpables qu'on est finalement assez nombreux à vivre.
Cette question du "Et si finalement on n'avait pas fait le bon choix ? Est-ce que ça n'aurait pas été moins dur de l'accompagner dans son handicap ? Saurais-je un jour s'il aurait été handicapé ?" resonne tellement en moi. On me dit qu'il faut avancer, qu'on ne saura jamais. Son père et moi, on s'etait dit que quelque soit notre décision, il ne faudrait plus se poser de question et avancer. Mais ces questions reviennent d'elles-memes et me font mal. D'autant que rien de medical ne nous dit si notre petit loulou etait dans les 20% de risque de handicap sévère ou dans les 80% qui peuvent aller bien.. et je suis dans la phase où je me confronte au : il faut s'y faire, on n'aura jamais de réponse.
Douces pensées à Rozen et à Paul qui gazouillent peut etre ensemble
Comment évoluent tes questionnements ?
Ils deviennent bien moins présents (ou omniprésents) pour moi, même si parfois ils ressurgissent, en ce moment surtout quand je repense aux moments où elle bougeait en moi et qu'on communiquait si bien, je me dis qu'on aurait été une telle famille avec son papa et sa grande soeur, et elle, qu'on aurait forcément pu soulever des montagnes, que ca aurait été une aventure extraordinaire ! Et puis je me résonne, oui, mais à quel prix, celui de la souffrance pour elle, et peut être de l'échec, et dans ce cas là quelles conséquences sur sa vie .... Bref voilà, la boucle n'est toujours pas bouclée Je ne sais pas si elle le sera un jour, mais je me rassure en voyant que ma boucle est malgré tout de plus en plus longue, moins envahissante !
Anaish a écrit : ↑14 mai 2019, 10:56 Bonjour , j’ai pratiquement lu tout tes posts qui sont très touchant. Moi ma fille est parti il y a 1 semaine aujourd’hui elle me manque tellement... je ne sais pas si tu en as parlé mais combien de temps après ta fille à été incinéré ? As tu eu un courrier pour te dire la date?
Ma fille est décédée le 5 décembre, et ses cendres ont été déposées au cimetière fin février/début mars. J'ai reçu un courrier pour me dire la date oui, j'avais appelé également parce que je m'inquiétais de ne pas avoir de nouvelles, je trouvais ca long, trop long.
J'espère que tu as eu les informations que tu souhaitais sur l'incinération de ta fille depuis, pleins de pensées <3