Combien de temps pour se remettre physiquement ?

[PatPh]

@Sarah : ça me semble normal que tu craques comme ça. Comme moi, tu affrontes le quotidien, tu fais comme si tout allait bien, alors que tout au fond de toi il reste de la souffrance. Forcément, à la moindre faille, au moindre pépin, à la moindre tension, ça explose. La réaction de ton mari laisse à penser qu'il est beaucoup plus fragilisé par tout ça, lui aussi, qu'il veut bien le montrer (et puis ils vivent toujours très mal les pannes, ces hommes, ça les met dans un état nerveux pas possible et ils sont en colère contre le monde entier...). Laisse couler, laisse faire le temps. Repose-toi, fais-toi arrêter. C'est comme une sorte de burn-out... Pour être franche, je m'attends à moitié à craquer moi aussi dans les semaines à venir, je sais que ça peut arriver, mais tant que je tiens, je serre les dents et j'avance. Avec un peu de chance, les quelques moments que je passe à pleurer subitement sans raison me permettront d'évacuer assez de souffrance pour ne jamais craquer complètement... Avec le boulot j'ai très peu de temps pour y penser.

@cleindori : presque les mêmes âges, un peu les mêmes attentes pour l'avenir (bon, j'ai 2 ans de moins, un tout petit peu plus d'espoir en théorie, mais un long passé d'infertilité donc mieux vaut ne rien attendre !) : j'ai très envie d'être enceinte mais je sais que ça risque fort de ne jamais arriver, c'est le plus probable. C'est un deuil que j'avais déjà fait il y a 10 ans, je devrais réussir à le refaire... Mais je m'autorise à dire que j'en ai envie, et même à oser croire à un miracle possible, tout en étant raisonnablement prête au fait que ça n'arrivera jamais. J'avais l'"avantage" de ne pas avoir osé croire à cette grossesse surprise imprévue, de ne pas m'être trop projetée, de ne pas l'avoir attendue, ça aide à se remettre plus vite. Mais même comme ça c'est rude.
Peut-être que ça marchera pour toi, qui sait.... n'attend rien de la vie et espère quand même un miracle, parfois il arrive, et puis sinon (ou en attendant) il faut se trouver d'autres raisons de vivre...

Après, l'avantage d'être un vieux couple, c'est que je connais mon mari et ses explosions subites et incontrôlables (rares!), ça m'est déjà arrivé d'être blessée au point de le traiter de tous les noms (l'autre soir en particulier), je sais maintenant qu'on arrive à s'en remettre lui et moi. Lui tourne très vite la page, moi j'ai plus de rancune mais je m'habitue au fil des ans à devoir oublier et pardonner...

[Mjjm]

Bonsoir Patph,

J'espère que les temps sont meilleur pour toi maintenant que tu arrive mieux à gérer ta peine et ta colère.
J'espère aussi que tu es moins fatigué maintenant et que ton corps à compris que la grossesse est fini, en tous cas même si c'est peut être une chance infime j'espère que tu arrivera à être enceinte, si ton corps à réussi à l'être il arrivera à l'être de nouveau.

[PatPh]

Bah, c'est bizarre la façon dont ça évolue. Mais c'est gentil de prendre des nouvelles.
En fait, mon utérus n'a toujours pas repris sa place et son volume normal. En deuxième moitié de cycle, je le sens tout gonflé, mon ventre s'arrondit, et j'ai des douleurs que je n'avais pas avant, les mêmes que quand j'étais enceinte. Donc le mois passé j'en suis venue à me croire enceinte ; et forcément, plus j'y crois, plus je sens des symptômes, et ça me rendait totalement euphorique!... mais les règles sont revenues et les symptômes ont disparu. Sans que je m'écroule, cette fois-ci. Moralement ça va mieux. Mon corps attend une grossesse, c'est certain, et j'ai beau savoir que c'est improbable (et même déraisonnable), j'en ai incroyablement envie ; et mon utérus n'est clairement pas dans son état normal et je ressens à nouveau les mêmes symptômes : peut-être que mon corps attendra début février pour reprendre son état d'avant, peut-être que j'ai encore des hormones liées d'une façon ou une autre à la grossesse ? Ou peut-être que c'est psychologique ? (et une petite voix complètement déraisonnable me dit que peut-être je suis enceinte, mais c'est tellement improbable que je préfère la faire taire!)

Mais peu importe, l'essentiel est que ça aille mieux moralement : être dans l'attente absurde d'un bébé improbable est plus agréable que d'être juste dans la souffrance de la perte...
Je ne me suis pas effondrée, finalement, jamais. Je suis moins fatiguée (et heureusement : la période est très chargée au boulot, je ne touche plus terre). Le fait d'avoir déjà deux filles qui m'accaparent beaucoup m'oblige à être tournée vers le présent et l'avenir, et m'empêche de ressasser cette blessure (je n'ai pas le temps et d'autres priorités...). J'y pense encore souvent, mais plus tous les jours, et pas forcément avec tristesse, plutôt une sorte de nostalgie (et parfois encore quelques crises de larmes). En fait, je m'empêche d'y penser trop longtemps la plupart du temps : c'est à double tranchant, je ne laisse pas assez la douleur sortir, mais je continue à voir la psy, pour la dernière fois ce mois-ci... Le deuil avance...

Je ne l'oublierai jamais, ce bébé attendu 18 ans, je l'espérais si fort. Et je reste incapable de comprendre comment j'ai pu accepter une IMG, comment j'ai pu faire ce choix impossible et contraire à ce que voulait mon coeur, je culpabilise encore beaucoup. Si je retombe enceinte je me dis parfois que je préférerais ne faire aucun test pour ne pas avoir un jour à reprendre cette décision affreuse, que je préfère le laisser vivre et assumer son handicap... et pourtant je sais ce que c'est un enfant handicapé, je ne voudrais pas de ce poids à nouveau. Bref, je n'ai pas résolu ma culpabilité. Mais je vais tout de même bien mieux.
Demain ça fera 4 mois, et je me dis que j'aimerais bien lui faire un petit frère ou une petite soeur. Mais que je ne peux pas m'autoriser à y croire...

[Mjjm]

Parfois la vie nous offre un cadeau le tiens à été de savoir que ton corps peut porter un enfant ce qui est déjà un grand pas par rapport à 18 ans d'infertilite ce qui est un pas énorme il est possible que tu soit de nouveau enceinte même si c'est deresonable après la dpa enfin si moralement tu va mieux c'est déjà un grand pas je pense qu'à un moment donné il va falloir que tu prenne du tps pour toi car si tu n'a pas le tps de mettre un point final à ta grossesse psychologiquement ton corps risque de continuer à te jouer des tours.
Courage

[PatPh]

Je vais bien en apparence, je ris, je plaisante, je m'active dans tous les sens. Encore plus que d'habitude peut-être. Peut-être justement pour ne jamais avoir le temps de penser...
Mais hier, en attendant la psy, j'ai réalisé que je n'arrivais plus à penser à ce bébé, pas plus de quelques instants : mes pensées fuient très vite vers d'autres sujets, par associations d'idées, pour ne pas laisser le temps à la douleur et à la culpabilité de revenir à la surface. Parce qu'elles sont toujours là, cachées sous le verni de la cicatrisation apparente. Il y a toujours cette colère, ce sentiment d'injustice, cette incompréhension, ce désespoir, cette culpabilité, tout au fond de moi, qui reviennent dès que je m'oblige à prendre le temps de penser à lui, par exemple en venant sur ce forum. Et comme le dit la psy, il faut que je les laisse sortir de temps en temps, pour ne pas que ça entraîne autre chose, une somatisation quelconque. Alors ce soir je viens un peu lire et écrire, et laisser les larmes couler à nouveau.
Et pourtant, en apparence tout va bien. Je gère, je m'occupe de mes puces, du boulot, du quotidien, je cours en tout sens... En apparence, tout est cicatrisé, j'en parle calmement, sans douleur... mais je change vite de sujet. En ce moment, on visite des maisons, on doit déménager ; et je ne peux m’empêcher de vouloir une maison avec une chambre de plus au cas où ; pourtant, je ne fais plus aussi attention aux réactions bizarres de mon utérus, c'est si peu probable, je sais que mieux vaut ne pas l'attendre. Mais dans la maison pour laquelle on a eu le coup de coeur, il y aurait eu une place pour lui... Et peut-être parce que c'est Noël bientôt, en ce moment il me manque davantage.
C'était tellement injuste, c'est un peu normal qu'en 4 mois la douleur soit encore si vive. Il faut juste que je la laisse s'exprimer, de temps en temps, comme ce soir. Et ce forum m'est utile pour ça.

[Mjjm]

Bonjour PatPh,
Je suis contente de savoir que quelques fois tu arrive à relâcher la pression, ça doit te faire du bien psychologiquement.
Après concernent le fait que tu n'arrive pas à penser à ton enfant plus de quelques minutes c'est normal tu a entraîné ton esprit à le faire afin d'éviter la douleur, et sûrement pour reprendre le cour de ta vie là ou tu l'avait laissé maintenant il faut que tu face le chemin inverse pour pouvoir penser à ton bébé, dans quelques tps je l'espère pour toi tu arrivera à penser à ton bébé avec moins de peine peut être avec nostalgie mais laisse toi des moment pour y pensée.
C'est super si vous avez le coup de coeur pour une maison vos projets continue et au fond c'est ça m'a vie continué de se projeter pour son bien être et celui de sa famille dans oublier de s'accorder du tps à soit.
Courage j'espère que tu continue d'aller à tes séances de psy.

[PatPh]

Mon corps me crée des grossesses psychologiques : mon utérus n'a toujours pas repris son volume initial, et souvent en fin de cycle j'ai tous les symptômes que j'avais en début de grossesse. Ce mois-ci c'était particulièrement net, je me sentais enceinte.... Et non, le test est formel. Et là, je réalise que l'IMG a eu lieu il y a 6 mois exactement, que j'aurais dû accoucher il y a 8jours et qu'il aurait dû être là.... Je crois que mon corps et mon subconscient n'ont pas digéré cette fin et attendent toujours un bébé, rêvent de grossesse, que ce soit une autre ou la poursuite de la précédente.
Ou alors c'est juste un moyen pour mon corps de m'obliger à d'extérioriser ces sentiments de souffrance enfouis, que je ne laisse jamais remonter à la surface. Parce que je dois être forte, pour mes filles, mon mari, mes élèves, ma famille, je dois vivre, continuer, comme avant, ne pas les inquiéter, courir en tout sens, tout gérer le quotidien. Mais ce soir j'ai toute cette tristesse qui m'envahit, mon bébé me manque terriblement, et c'est tellement injuste ce qui s'est passé. Alors je lis quelques posts, et je pleure toutes les larmes que je ne croyais plus avoir.

[PatPh]

Deux mois après le dernier post, ça va mieux. J'y pense beaucoup moins souvent. Je ne me sens plus "enceinte" à chaque fin de cycle (même si mon ventre n'a toujours pas repris son volume normal et gonfle énormément en fin de cycle, je n'ai plus tous les autres symptômes). Il faut dire que ma vie a été bien remplie ces derniers temps, je cours en tout sens. Je me rends compte que je n'attends plus vraiment cet enfant, que je peux vivre sans, qu'il ne viendra probablement jamais et que ce n'est pas si grave. J'aimerais bien avoir un bébé, oui.... mais on n'est plus tout jeunes, serait-ce bien raisonnable? Bref, je vais mieux, je vis tranquillement au jour le jour, je ne suis plus dans l'attente d'une autre grossesse.

Et puis, de temps en temps, je rechute, je pleure, comme hier.... bizarrement, c'est toujours la veille du 11 du mois, comme si mon corps se souvenait de cette journée de larmes avant l'intervention, avec le médicament déjà avalé qui enclenche tout, rendant le moment inéluctable. Ou peut-être parce que la grossesse fatidique avait débuté il y a presque un an, à quelques jours près. Et mon homme, qui n'extériorise jamais rien lié à ça et n'a pas vécu le même traumatisme (il ne le considérait pas vraiment comme déjà vivant, déjà là, puisqu'il n'avait jamais été à l'échographie), y a pensé aussi hier, se souvenant surtout de ma souffrance. Etrange qu'on y pense tous les deux ce jour, précisément...

Tout ça pour dire à ceux qui liront qu'on s'en remet, qu'on arrive à reprendre sa vie. On n'oublie jamais, ni l'épreuve affreuse qu'on a vécue, ni cet enfant perdu, on pleure de temps en temps, mais on vit, à peu près sereinement, et on avance dans tous les autres projets... Et on apprend même à profiter de la vie, je crois.

[malulu]

Je suis heureuse de te lire PatPh. Il est vrai que les dates anniversaires sont compliquées et même si on n'a pas l'impression d'y penser, quelque part, notre corps et/ou notre inconscient sont connectés à ce qu'on a traversé.
Merci d'écrire tout ça pour partager ton mieux-être.
Pour "retrouver" ton ventre, je pourrais te suggérer si tu trouves le temps, la "gym hypopressive", qui permet d'aider à remettre en place les organes... Certains kinés sont formés à cette pratique. Pour le reste, tu sembles avoir bien avancé et j'en suis heureuse pour toi.
Bien à toi